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Histoire électorale de Banyuls sur mer
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Claude Razouls-1

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27 août 2017

42 - Présidentielles des 26 avril et 10 mai 1981

42 - Présidentielles des 26 avril et 10 mai 1981

 

Si GISCARD D'ESTAING avait commencé son septennat dans un enthousiasme, non partagé par tous les Français, mais avec une certaine bienveillance (sinon de la curiosité, en raison d'un style plus jeune et plus libéral), celui-ci s'achève après une série de péripéties et dans la désunion la plus complète entre les deux principales composantes de la majorité présidentielle (UDF et RPR). Le Président rend compte de son mandat (1).

La majorité parlementaire n'a dû son salut aux législatives de 1978 qu'à la rupture  de l'union de la gauche, et par la suite au fait que le RPR n'a pas osé voter de motion de censure (malgré son envie) qui, il est vrai, aurait été plus  bénéfique à l'opposition qu'à lui-même.

Le PCF supporte, à tort ou à raison, la responsabilité de l'échec d'une union fortement ressentie à la base et jugée indispensable, alors que le PS fait preuve "d'angélisme et d'œcuménisme".

Le chômage ne cesse pas de croître et atteint plus de 1 500 000 (Source INSEE), or les Français y sont profondément allergiques et ont connu une période de plein emploi depuis la Libération (2). Le ton professoral du Premier ministre Raymond BARRE indispose (mais un professeur, auteur de deux traités fondamentaux d'économie politique, peut-il être contesté?). Ses références aux chocs pétroliers ne convainquent guère bien qu'ils furent réels (3).

C'est dans ce contexte que va s'ouvrir une campagne dont l'issue se présente au mieux pour François MITTERRAND. Dès mars, diverses indications précises laissent supposer sa victoire. L'argument d'un PS otage du PCF est naturellement tombé depuis la rupture du Programme commun.

La campagne électorale est particulièrement vive, et du style "tous contre un" (GISCARD), mais aussi chacun pour soi, à l'exception d'un article de la . . . "Pravda" (du 13 mars) qui fait sensation, et diversement interprétée mais plutôt favorable au sortant.

Dix candidats sont retenus par le Conseil constitutionnel sur soixante-quatre prétendants (dont l'un se dit "l'inventeur du moteur à air"). LE PEN qui n'a pas obtenu les signatures nécessaires. COLUCHE a été dissuadé de poursuivre sa campagne électorale commencée sur la scène du Gymnase en 1980 (4).

Tous les candidats sont connus, mais leur appartenance politique (souvent de la même "mouvance") crée un certain malaise qui tend à banaliser une des élections cardinales de la République. Si certaines de ces candidatures sont logiques, d'autres ne s'expliquent guère que par le désir de "paraître" ou plus mesquinement afin de monnayer les voix obtenues auprès des deux candidats restés seuls en lice pour le second tour.

 

1- Lutte Ouvrière sera une fois de plus représentée par Arlette LAGUILLER.

2- Le Parti communiste sera une fois de plus représenté par son secrétaire général Georges MARCHAIS.

3- Le PSU (moribond, mais qui bouge encore!) par la sympathique Huguette BOUCHARDEAU.

4- François MITTERRAND pour le PS en est à sa troisième tentative.

5- Michel CRÉPEAU (maire de La Rochelle) représente les Radicaux de gauche (MRG)

6- Brice LALONDE pour les écologistes.

7- Valery GISCARD D'ESTAING (UDF)

8- Jacques CHIRAC qui bénéficie du soutien du PPR, sinon de tous les gaullistes (ceux qui n'ont pas apprécié l'abandon de CHABAN-DELMAS en 1974)

9- Michel DEBRÉ, sans l'appui d'aucun parti, estime que la situation en France est tellement détériorée que seules des mesures de salut public sont indispensables. Pas de démagogie mais une action vigoureuse et dirigiste. En somme une sorte "d'appel" très gaullien. Malheureusement pour lui, cet appel ne peut être compris que par les rares initiés qui ont suivi sa carrière (5).

 

Résultats (1er tour) :

                                      Banyuls               Département                   Métropole

Inscrits:                    3256 (+ 52 / 1978)     225.029                      36.398.859

Abst.:                          713 (21,90%)           (22,27%)                    (18,90% )

Votants:                    2543 (78,10%)           (77,73%)                    (81,09% )

Blancs:                          30 (  1,98%)           (  1,81%)                    (  1,62% )

S.Expr.:                    2513 (77,18%)           (76,32%)                    (79,78% )

 

MITTERRAND:      747 (29,73% S.E)       25,49% S.E               25,84% S.E

MARCHAIS:          407 (16,20% --)          20,87%   --                15,34% --

CRÉPEAU:                 74 (  2,94% --)            2,22% --                    2,21% --

BOUCHARDEAU:    31 (  1,23% --)            0,89% --                    1,10% --

LAGUILLER:             58 (  2,31% --)            2,18% --                    2,30% --

LALONDE:                98 (  3,90% --)            3,72% --                    3,87% --

GISCARD D'E.:      617 (24,55% --)          26,53% --                  28,31% --

CHIRAC:                 425 (16,91% --)          15,38% --                  17,99% --

GARAUD:                 30 (  1,19% --)            1,27% --                    1,33% --

DEBRÉ:                      26 (  1,03% --)          1,35% --                    1,65% --

 

Remarques :

Les abstentions  sont très légèrement supérieures à celles de 1974 (1%) et de 1978 (1,58%). Les votes blancs sont difficiles à interpréter, ils ont doublé par rapport à 1974, l'on observe l'absence de candidats royalistes et d'extrême droite (LE PEN).

F. MITTERRAND, qui n'est plus le candidat unique de la gauche, retrouve une partie des voix du PS en 1978 (presque toutes celles de JOMAIN, -28). Son pourcentage est plus élevé qu'au plan national (+4%), mais si on le crédite des voix du MRG il ferait 821 (soit + 46 voix par rapport à JOMAIN).

G. MARCHAIS subit un grave échec et perd, en voix et pourcentage, aussi bien à Banyuls (-142) qu'au plan national (-5,91%) par rapport à 1978. Des sympathisants communistes ont voté "utile", donc directement pour MITTERRAND, du moins ce sera la version fournie par la direction du PCF (ce qui lui évitera une analyse plus approfondie de son recul) (6). Ce n'est pas évident pour Banyuls, sauf si l'on admet qu'une partie des voix de JOMAIN lui était plus personnelle que réellement de gauche lors du second tour.

Le Mouvement des Radicaux de Gauche ne fait pas recette à Banyuls (pour les mêmes raisons d'efficacité), tandis qu'Arlette LAGUILLER fait les voix de son représentant local plus celles de  la LCR en 1978.

Le PSU, dans lequel Huguette BOUCHARDEAU a remplacé Michel ROCARD (qui a rejoint le PS), se marginalise totalement dans le pays. Mais la présence de l'écologiste Brice LALONDE lui a sans doute pris des voix. Avec plus d'un million de voix, les écologistes confirment leur score des européennes de 1979, et peuvent ainsi prétendre à la création d'un nouveau parti dans le paysage politique français.

GISCARD D'ESTAING accroît ses voix par rapport à sa première élection (+85), mais depuis 1974 le nombre des inscrits s'est accru (+314). Son "avancée" ne correspond qu'à 27% de ceux-ci.

Il n'est malheureusement pas possible d'établir la même comparaison avec F. MITTERRAND, sinon de déduire artificiellement les voix du PCF à cette époque: soustrayons par hypothèse les "non" (PCF) du référendum de 1972 (1291 - 508 = 783), donc : 821 - 783 = + 38, soit 12,10% des nouveaux inscrits.

Une autre observation peut être faite sur l'évolution des pourcentages: GISCARD a régressé de 33 à 28% (-5%) au plan national, et a progressé à Banyuls seulement de 23 à 24,5%.

Rien n'indique à partir des chiffres un progrès significatif de MITTERRAND par rapport à 1974 (+46 voix au mieux). La somme des voix cumulées à gauche est de 50,66%, la barre échappe des mains de GISCARD qui ne peut faire mieux que 49,28%, sauf un afflux d'abstentionnistes en sa faveur au second tour.

La préparation du second tour révèle les conditions mises par le PCF pour son soutien à MITTERRAND: des ministres communistes dans un futur gouvernement, ou rien. 

Quant à CHIRAC, s'il fait remarquer qu'il n'y a pas lieu à désistement (puisque seuls les deux premiers sont retenus pour le second tour), il conseille à chacun de voter . . . selon sa conscience. Certains responsables du RPR sont plus explicites dans des lettres circulaires en appelant carrément à voter pour F. MITTERRAND (7). Il Indique qu'à titre personnel il votera pour GISCARD du fait des dangers que font courir au pays le programme économique de F. MITTERRAND (les nationalisations) et de la présence des communistes au pouvoir.

S'il est admis qu'en cas de victoire du candidat de gauche il y aura "éventuellement" quelques ministres communistes (sans négociation préalable avec le PCF, du moins officiellement), des élections législatives devront avoir lieu après les présidentielles. La virulence de la campagne de G. MARCHAIS contre MITTERRAND (les propos d'André TOURNÉ lors de la venue du leader du PCF sous un chapiteau à Perpignan rappelaient ceux des années 49-50) révèle qu'aucun accord au fond n'est intervenu avec le PS. Cette situation conflictuelle, la rupture du Programme commun, la position électorale du PCF affaiblie au sein de la gauche, désamorce l'argumentation de la droite d'un MITTERRAND otage du PCF.

Pour MITTERRAND, la référence n'est plus le Programme commun, mais 110 propositions centrées sur les nationalisations des grands groupes bancaires et de grandes sociétés.

 

Résultats (2 ème tour) :

                                 Banyuls                          Département            Métropole

Inscrits:              3256 (+314 / 1974)                 224.873                 36.392.678

Abst.:                    475 (14,59% )                     (15,43%)                (14,13%)

Votants:               2781 (85,41% )                    (84,57%)                (85,86%)

Blancs:                     71 (  2,55% )                    (  2,91%)                (  2,84%)

S.Expr.:                 2710 (83,23% )                   (82,11%)                (83,43%)

 

MITTERRAND: 1572 (58,00% S.E)              (56,30% S.E)        (51,75% S.E)

GISCARD:           1138 (42,00% --)                ( 43,70% --)           (48,24% --)

 

Remarques :

Au total 1 066 811 voix séparent les deux candidats, soit un accroissement de 1 491 410 voix en plus pour MITTERRAND par rapport aux présidentielles de 1974. Or l'accroissement des inscrits  a été très élevé: 6 614 128 (soit +22,21%/ 1974).

À Banyuls, le nombre des inscrits s'est accru de +314, soit +10,67% par rapport à 1974. Les abstentions ont régressé par rapport au 1er tour (-7,31%) comme à l'échelle nationale (-4,77%), par contre les blancs et nuls ont légèrement augmenté (Banyuls : +0,57%, Métropole: +1,22%)

MITTERRAND n'a gagné que 70 voix depuis 1974, soit 22,29% des nouveaux inscrits, alors que GISCARD en a gagné 199,  soit 63,38% .

Le report de toutes les voix de gauche et d'extrême gauche sur MITTERRAND au second tour donne 1415  (soit un accroissement de +157 voix) alors que  pour GISCARD le gain est de +481 voix (soit 40 voix de plus que la somme théorique du 1er tour (total VGE + CHIRAC + DEBRÉ + GARAUD = 1098 ) .

Il y a eu 238 votants en plus au second tour, mais 41 bulletins blancs en plus (soit 197 exprimés). MITTERRAND aurait donc récupéré 66,2% des nouveaux électeurs du second tour, contre 16,8% pour GISCARD (sans préjuger des chassés-croisés possibles) (8). La discipline à gauche comme à droite paraît avoir été parfaitement respectée à Banyuls.

Sur le plan national, il n'en aurait pas été de même puisque l'on estime que l'accroissement des votes blancs ou nuls est imputable à des électeurs de GISCARD, et que près de 1 million de voix recueillies par CHIRAC, DEBRÉ et GARAUD au 1er tour se seraient reportées sur MITTERRAND au second. Ce dernier tire ainsi les marrons du feu du conflit qui a opposé durant tout le septennat les "gaullo-chiraquiens" à GISCARD.

             

"France-soir" titre le 12: Vote Historique, pour la première fois un socialiste est élu président de la République au suffrage universel.

Si les jeunes se font quelques illusions, les plus anciens ne s'en font guère sur la nature du socialisme de François MITTERRAND, et pour certains ne sableront pas le champagne pour autant. Les candidats ont passé sous silence durant la campagne les contraintes imposées par l'intégration de la France dans la CEE et les règlements communautaires, sans parler de démagogie concernant le chômage (affiche électorale sur fond d'église rurale, alors que de nombreux agriculteurs et éleveurs seront conduits à quitter leur terre) (9). Si l'on estime ne pas devoir maintenir des archaïsmes économiques du passé, que sont les projets concrets de reconversion pour les grands bassins d'emploi ?. Le développement du tertiaire et les technologies de pointes ne seront sans doute pas suffisantes. "That is the question". . . dont on attend toujours la réponse ! [N. de l'a.]. Ces questions avaient déjà été posées lors du remplacement des poinçonneurs du métro parisien (rendus célèbres par une chanson de Serge GAINSBOURG "Des petits trous") par d'affreux tourniquets automatiques. Libération de l'homme par la machine (10). Comment concilier les demandes de délocalisations réclamées par les pays en voie de développement et nos industries nationales. Sans compter sur une immigration permanente. Quadrature du cercle que seuls des magiciens de cirque ont su résoudre (11). 

 

Notes annexes :

(1) Valéry GISCARD D'ESTAING: l'état de la France. Edit. Fayard (1981).  Cf. du même auteur: Le pouvoir et la vie 2- L'affrontement. Edit. Cie12 (1991).

(2): De 1974 à fin 1980 le nombre des demandeurs d'emplois a quadruplé passant de 389 300 à 1 680 300. Le taux de chômeurs (7,3%) est équivalent de celui de l'Italie et à peine moins de celui de la Grande-Bretagne (8,6%), contre seulement 4,3% en RFA. ("Le Monde", Dossiers & Documents, Supplt. Mai 1981)

(3) André MARCHAL et Raymond BARRE: Économie politique I & II. PUF (1956). Cf. l'article de Jacques-Marie VASLIN in "Le Monde" du18/11/2003.

(4) : Les règles de parrainage ont été modifiées depuis l'élection présidentielle précédente afin de limiter le nombre des candidats : obtention des signatures de 500 élus (maire, conseiller général ou parlementaire) répartis dans 30 départements, dont les signataires seront déclarés publiquement. Pour J-J. BECKER (1988) cette nouvelle règle aurait empêché J-M. LE PEN, comme A. KRIVINE, de se présenter. A. PEYREFITTE évoque les discussions à ce sujet dans son ouvrage "C'était DE GAULLE". (op. cit.,1994).

(5) Michel DEBRÉ: Lettre ouverte aux Français sur la reconquête de la France. Edit. Albin Michel (1980). Je dois à son père Robert DEBRÉ, célèbre médecin des Hôpitaux de Paris, d'être peut-être encore en vie suite à l'Occupation. Double dette à l'égard de deux hommes qui ont fait beaucoup pour la Science. Cf. R. DEBRÉ: L'honneur de vivre; Témoignage. Edit. Hermann & Stock (1974).

Au cours du mois de février 2004, a lieu une vaste protestation des chercheurs scientifiques de divers organismes (CNRS, INSERM) concernant la non attribution de crédits attribués aux laboratoires. La précarité des postes et la faiblesse des recrutements mettent en danger l'avenir de la recherche fondamentale et appliquée (dont la médecine, ce qui est de nature à sensibiliser nos concitoyens). Évolution malheureusement prévisible depuis de nombreuses années. L'article de Jean DANIEL (in "Le Nouvel Observateur" du 26/2-3/3/2004, page 49) confirme mon propos concernant le rôle très actif et positif de Michel DEBRÉ dans tous les domaines de la Recherche. Grand défenseur des services publics et sans doute le dernier des …jacobins. L'un de ses fils Jean-Louis DEBRÉ, qui deviendra député RPR et président de l'Assemblée nationale, groupie de CHIRAC, reprendra plus timidement la flamme paternelle sous le gouvernement RAFFARIN en 2003.

(6) Cf. Tony JUDT: Le marxisme et la gauche française. 1830-1981. Edit. Hachette (1987).

(7) Cf. l'ouvrage sous le pseudonyme de CATON: De la reconquête. Edit. Fayard (1983).

(8): Une analyse des registres d'émargements montre que 284 inscrits ne se sont déplacés pour aucun des deux tours des élections présidentielles et législatives suivantes (soit 8,72%). Ils constituent bien des abstentionnistes chroniques. On dénombre de 153 à 131 abstentionnistes aux 2 tours de cette seule élection présidentielle, l'incertitude est de 22 inscrits à mettre au compte d'erreurs de relevé.

Parmi les abstentionnistes 60 votants du 1er tour ne viennent pas au second et 276 qui n'étaient pas venus au 1er se déplacent pour le second tour (notons qu'il n'y a pas de différence entre les bureaux de vote). Le calcul des reports possibles doivent donc tenir compte de ces données. Ce n'est plus 238 mais 276 votants qui sont à répartir au second tour et 60 à retrancher.

Dans l'hypothèse d'un report discipliné, on aurait: MITTERRAND = 1572 -1317 = + 255 voix à trouver, et seulement +157 voix si les écologistes se sont reportés sur le candidat de gauche; GISCARD = 1138 - 1098 = + 40 voix à trouver; et pour l'accroissement des votes blancs = + 41. Soit un total de 298 voix (à 22 près) puisque 60 électeurs ne sont pas revenus.

(9): Les chômeurs dans le département sont passés de 5395 en 1975 à 14528 en 1982 (dont 5552 de moins de 25 ans, et 8064  des femmes) alors que la population totale n'a progressé au cours de la même période que de 300 000 à 335 000. (Source INSEE).

Quelles sont les limites du chômage supportable . . . pour les contribuables !, indépendamment de l'aspect moral qu'il pose et de l'insécurité qu'il occasionne. Si la France est historiquement terre d'immigration, les Français ne souhaitent guère quitter leur région et encore moins leur pays. On observe une corrélation entre les courbes d'accroissement du chômage et de l'extrême droite.

(10) Cf. René LECLÈRE: Libérer la France de sa "Nomenklatura". Edit. CPE (1986)

(11) Vu lors d'une émission de télévision: Le plus grand grand cabaret du monde de Patrick SÉBASTIEN.

 

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