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Histoire électorale de Banyuls sur mer
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Claude Razouls-1

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27 août 2017

67 - Présidentielles des 21 avril et 5 mai 2002

67 - Présidentielles des 21 avril et 5 mai 2002

 

Cette élection correspond au premier quinquennat de la Ve République, adopté par référendum le 24 septembre 2000.

Si le calendrier normal avait été respecté ces élections auraient dû suivre le renouvellement de l'Assemblée nationale. La majorité plurielle, et plus particulièrement le parti socialiste avec Lionel JOSPIN, impose que l'élection présidentielle précède celle des députés; il est suivi par les centristes de F. BAYROU, contrairement à la position du Président de la République Jacques CHIRAC.

Le rôle du président de la République étant, outre celui de gardien des institutions, de définir les grandes orientations politiques de la nation, la position  du Premier ministre apparaît plus conforme à la Constitution de la Ve République.

La date choisie pour le premier tour correspond aux vacances académiques des régions d'Ile de France (dont Paris) et de Bordeaux , ce qui laisse prévoir un taux d'abstention supérieur à la normale (1).

Dans un contexte de cohabitation qui dure depuis cinq ans, il est évident que le président de la République sortant sera opposé au Premier ministre. Au bilan du second on ne peut opposer que l'échec du commencement du septennat du premier (avec le gouvernement JUPPÉ et la dissolution manquée de 1997), et une cohabitation marquée plus par des escarmouches entre les deux hommes (farines animales lors de la crise des vaches folles) qu'une réelle action du Président hormis dans le domaine européen (sans grand relief) et international (sans grande efficacité).

Pour les médias, comme pour les sondages, le second tour se jouera entre les deux "grands candidats", reléguant les "petits" à un rôle de figuration.

 Jean Pierre CHEVÈNEMENT (ancien ministre de l'Intérieur de JOSPIN et démissionnaire en désaccord sur le projet du gouvernement sur le futur statut de la Corse) se déclare tôt en créant un "pôle républicain" de nature jacobine et prétend être le troisième homme sinon être présent au second tour. Il est suivi de peu par François BAYROU, président de l'UDF (Force Démocrate) qui refuse de s'intégrer dans un Parti du Président sortant (UMP).

La nécessité d'obtenir 500 signatures dans 30 départements différents pourrait, en principe, limiter le nombre des candidatures. Jusqu'au dernier moment LE PEN hurle au complot et prétend que les nombreuses promesses de signatures n'ont pas été tenues du fait de pressions de l'Élysée (intoxication et argument pour faire parler de lui, ou vérité?). Il est vrai que la candidature du dissident "félon" Bruno MÉGRET (ex-FN) parti avec de nombreux cadres et élus (pour fonder le Mouvement National Républicain au début de 1999) peut poser des problèmes pour l'obtention des signatures (2).

 

Au total, seize candidats seront finalement retenus, contre 9 en 1995 (3). Cette inflation d'une élection présidentielle à l'autre ne peut qu'entraîner un éparpillement des électeurs et une diminution en pourcentage du score des candidats.

 

Pour l'extrême droite deux candidats aux programmes similaires:

1- Jean-Marie LE PEN, président du Front national, candidat pour la troisième fois (depuis 1974). Il avait obtenu 15,27% en 1995.

2- Bruno MÉGRET, président du MNR, qui n'avait obtenu que 3,31% des suffrages exprimés lors des européennes du 13 juin 1999, seule base dont on dispose en ce qui le concerne.

        

Pour la droite cinq candidats:

3- Christine BOUTIN, député UDF, qui s'est fait remarquer par ses positions anti-Pacs, anti-euthanasie.

4- Corinne LEPAGE, ancien ministre de l'Environnement dans le gouvernement JUPPÉ en 1993 (l'une des "jupettes"), avocate, qui s'est illustrée lors des procès concernant la pollution marine due aux pétroliers Amoco-Cadiz et Erika. Ancien membre et candidate de Génération écologie en 1992 et 1993.

5- Alain MADELIN, UDF (Démocratie libérale), ancien ministre dans les gouvernements Chirac (1986) et JUPPÉ (1995).

6- Jacques CHIRAC, élu Président en 1995 avec 20,47% au 1er tour et 51,20% au second. 

7- François BAYROU, député européen, Président de l'UDF

 

Pour le mouvement (trans-partis) Chasse, Pêche, Nature et Traditions:

8 - Jean SAINT-JOSSE, député européen, candidat pour la première fois, mais fort de ses résultats  aux élections européennes de 1999 (6,85 %).

 

Pour la Gauche non communiste:

9-  Jean-Pierre CHEVÈNEMENT, ancien ministre de l'Intérieur du gouvernement Jospin, "co-fondateur" du Parti Socialiste à Epinay, président du Mouvement des Citoyens.

10- Christiane TAUBIRA, député de la Guyane, candidate du Parti Radical de Gauche.

11- Lionel JOSPIN, Premier ministre depuis 1997, désigné par le Parti Socialiste, déjà candidat en 1995 (il avait obtenu 23,21 % au 1er tour et 48,80 % au second face à J. Chirac.

        

Pour les Ecologistes "Verts"

12- Noël MAMÈRE, qui remplace Dominique Voynet ministre de l'Environnement du Gouvernement Jospin, candidate en 1995 (3,35%).

 

Pour le Parti Communiste Français:

13- Robert HUE, déjà candidat en 1995 (8,73%), dont le Parti est représenté dans le gouvernement Jospin depuis 1997 avec plusieurs ministres, dont les plus marquants sont Jean-Claude GAYSSOT aux Transports et Marie-George BUFFET à la Jeunesse et aux Sports.

 

Pour l'Extrême gauche trotskiste:

14- Arlette LAGUILLER, Lutte Ouvrière, aînée de tous les candidats (pour la quatrième fois depuis 1974). Elle avait obtenu 3,35% en 1995.

15- Olivier BESANCENOT, Ligue Communiste Révolutionnaire (Alain Krivine), le plus jeune des candidats.

16- Daniel GLUCKSTEIN, secrétaire national du Parti des Travailleurs.  

 

  La campagne est largement dominée par l'insécurité (depuis de nombreuses années: 1982) et largement relayée, mois après mois, par les médias, notamment la télévision. J. CHIRAC utilise  et développe à fond ce thème, comme il avait en 1995 insisté sur la fracture sociale.

Le bilan de L. JOSPIN est en demi-teinte, aussi bien en ce qui concerne le chômage qui a certes régressé, mais faiblement malgré une reprise économique mondiale favorable depuis 1997-98, que pour les licenciements économiques dans diverses entreprises (Michelin, Moulinex, LU) et les dénationalisations (4). La loi Aubry sur les 35 heures, imposée d'abord dans le secteur privé, sans tenir compte suffisamment de la diversité des entreprises, puis des difficultés d'application que cela occasionne dans certains secteurs comme celui de la Santé publique (hôpitaux, cliniques) ou à la SNCF, ont largement indisposé les usagers. A l'émission sur France 2  (10 avril) JOSPIN tente de faire oublier que son programme  n'était pas socialiste, et que le vote utile à gauche c'est lui.

Les intentions de vote révèlent une certaine désaffection vis-à-vis des deux "grands candidats" du second tour.

Les attaques des "petits candidats", tous unis dans leurs critiques des deux grands, irrités par les médias qui n'évoquent que les scores probables du second tour entre JOSPIN-CHIRAC (49-51 ou 51-49 %, voire 50-50) (5).

Les petits candidats insistent sur le fait que le vote en leur faveur permettra de peser sur les deux grands, qui devront en tenir compte pour le second tour (puisque l'ordre du 1er sera sans surprise), d'où la constatation d'une certaine indécision du choix de nombre d'électeurs.

Si les campagnes de R. HUE et de N. MAMÈRE sont exemplaires, cohérentes et logiques, celle de C. TAUBIRA est, par contre, totalement inutile et néfaste (6).

CHEVÈNEMENT, parti tôt dans la campagne, semble s'essouffler. Dans son comité un patchwork de personnalités d'horizons politiques divers (comme un ancien de l'équipe PASQUA, mais aussi notre Prix Nobel Gilles DE GÈNES, président des Amis du Laboratoire Arago). Il recevra le soutien de Pierre POUJADE, l'homme qui a fait trembler la IVe République de 1955 à 1956) (7). Son programme, avec des accents "gaulliens" au-dessus des Partis, manque de propos plus concrets et n'est pas de nature à attirer les plus jeunes électeurs, dont on doute qu'ils puissent être intéressés par quelque statut de la Corse. Il dénonce la politique du pareil au même entre CHIRAC et JOSPIN vis-à-vis de l'application de Maastricht, comme l'ont amplement démontré leur récent accord à Barcelone (15/3), et sur le pacte de stabilité. D'où l'expression de "Chirospin" formule assassine s'il en est.

Ces candidatures remettent en cause la composition de la gauche plurielle et son leader L. JOSPIN.

Que dire de la présence de trois candidats trotskistes, qui rejettent dans le même opprobre les deux cohabitants…et R. HUE. Un duel entre l'emblématique A. LAGUILLER et le jeune BESANCENOT (27 ans). Quant à D. GLUCKSTEIN, sa profession de foi n'encourage pas à voter pour lui puisqu'il affirme qu'il n'y a rien à attendre de l'élection présidentielle et ne semble participer à cette élection que pour rappeler l'existence de son Parti; il risque de n'obtenir que le score de Pierre BOUSSEL en 1988 (0,38%).  

Le Front national a connu une grave crise lors de l'élection à l'Assemblée européenne de 1999, où B. MÉGRET a créé son propre Parti (Mouvement national républicain) entraînant avec lui de nombreux élus et notables tandis que LE PEN conservait la base populaire. Cette scission a conduit à un certain partage des voix entre les deux leaders (5,74% pour LE PEN et 3,31 % pour MÉGRET). Soit 9,05% cumulé pour l'extrême droite (il est vrai avec pour cette élection un taux d'abstentionnistes record: 52%), mais 15,27% pour LE PEN à la Présidentielle de 1995.

La campagne de LE PEN (comme celle de son ombre) est réduite à la place congrue que leur accordent les médias depuis de nombreuses années, où le boycottage est de règle (8). Le mode de scrutin majoritaire ne permet pas leur représentation à l'Assemblée nationale malgré des scores compris entre 12 et 15%.

Les thématiques insécurité-immigration, anti-Maastricht et préférence nationale constituent le discours essentiel. Aux propos froids et sans écart de langage du polytechnicien MÉGRET s'opposent ceux du vieux tribun LE PEN, rodé aux joutes oratoires et aux phrases provocatrices (dont il n'abuse plus) (9). Il se dit "socialement de gauche, économiquement de droite et nationalement de France" (10). CHIRAC-JOSPIN  ou la réplique du "blanc bonnet et bonnet blanc", comme le démontrent les conclusions des chefs d'État à la Conférence de Barcelone à la mi-mars.

Pour MÉGRET des accords ultérieurs avec la droite sont envisageables, alors qu'ils sont impossibles avec LE PEN (d'où l'échec de la droite lors des élections législatives de 1997).

L'absence de Charles PASQUA, comme de Philippe DE VILLIERS (près de 5% en 1995), contrairement à C. BOUTIN qui pèsera peu, ne peut que profiter à LE PEN.

 

Compte tenu de la diversité des candidatures, et de l'absentéisme qui sera le plus élevé dans ce type d'élection (vacances scolaires pour l'Île-de-France et l'Aquitaine), certainement supérieur à 22%, on peut sur la base de 1995 envisager l'ordre de classement suivant: 1 er CHIRAC (19 ± 2%), 2 ème JOSPIN (17 ± 2%), suivi de près par LE PEN (selon le score de MÉGRET) (15 ± 2%), un groupe de candidats à 5 ± 2% (CHEVÈNEMENT , BAYROU, LAGUILLER, HUE, SAINT-JOSSE, MAMÈRE), un groupe à 2 ± 1% (MÉGRET, BESANCENOT, TAUBIRA, LEPAGE, BOUTIN) et à moins de 1%  GLUCKSTEIN.

On observe que l'ordre de classement dépend pour JOSPIN de la perte occasionnée par le cumul (CHEVÈNEMENT+TAUBIRA), et pour LE PEN de la perte des voix que lui prendra MÉGRET. Si à Banyuls le tiercé dans l'ordre est aisé à déterminer, sur le plan national il s'avère beaucoup plus délicat compte tenu du calcul des écarts types.

 

Résultats (1er tour):

 

 

 

 

 

 

Banyuls

4 ème Circonscr.

Département

Métropole

 

Inscrits

3799

 

285973

39350086

 

Abst.

1000 (26,32%)

 

27,13%

27,01%

 

Votants

2799 (73,68%)

 

72,87%

72,99%

 

Blancs/Nuls

   90 (  3,22%)

 

  3,34%

 3,38%

 

S. Expr.

     2709 (71,31%)

 

70,44%

70,52%

 

 

 

 

 

 

 

LE PEN

418 (15,43%)

19,51%

20,92%

17,19%

 

MÉGRET

 55 (  2,03%)

  2,45%

  2,41%

 2,38%

 

BOUTIN

38 ( 1,40%)

  0,67%

0,73%

        1,2

 

MADELIN

99 ( 3,65%)

  3,27%

3,17%

3,96%

 

CHIRAC

490 (18,09%)

15,63%

16,96%

19,41%

 

LEPAGE

 36 (  1,33%)

 1,33%

 1,31%

1,90%

 

BAYROU

176 (  6,50%)

 5,83%

  6,13%

6,94%

 

SAINT-JOSSE

       156 ( 5,76%)

 6,34%

  5,83%

4,32%

 

CHEVÈNEMENT

160 ( 5,91%)

 5,35%

  5,16%

5,39%

 

JOSPIN

497 (18,35%)

17,84%

16,64%

     15,85%

 

TAUBIRA

 52 (  1,92%)

 1,69%

 1,59%

2,08%

 

MAMÈRE

131 (  4,84%)

 4,68%

 4,39%

5,31%

 

HUE

112 (  4,13%)

 4,91%

 4,82%

3,44%

 

LAGUILLER

140 (  5,17%)

 5,72%

 5,25%

5,82%

 

BESANCENOT

135 (  4,98%)

 4,35%

 4,27%

4,32%

 

GLUCKSTEIN

 14 (  0,52%)

 0,43%

 0,42%

0,47%

 

 

Remarques:

Le nombre des inscrits a diminué à Banyuls de -121/ 1995, non du fait d'une diminution de la population de la commune, mais d'un contrôle plus strict des listes électorales.

Les abstentions se sont accrues de +5,5%/ 1995, bien que cette zone académique ne soit pas en vacances scolaires comme pour les zones A et C. Celles-ci sont cependant moins élevées que pour la métropole (+6,42%). C'est le plus fort taux pour une élection présidentielle depuis l'existence de ce mode d'élection (1965).

Les votes blancs et nuls sont également en augmentation (+1,32%/ 1995) à Banyuls, et de +0,59% / 1995 en métropole. La diversité des candidats n'a pas diminué le nombre des hésitants.

JOSPIN arrive de peu en tête à Banyuls, mais perd 285 voix/ 1995 (-7,33 %/ 1995). Même avec les voix cumulées (CHEVÈNEMENT+TAUBIRA) il lui manque 71 voix/ 1995 (peut-être reportées sur SAINT-JOSSE, BESANCENOT, LAGUILLER). Dans le département, il perd - 6,40 % / 1995 et -7,36%/ 1995 en métropole. À l'échelon national, le cumul (JOSPIN+ CHEVÈNEMENT+TAUBIRA) montre qu'il retrouve son score de 1995. La présence de ces candidats, entre autres considérations largement évoquées dans la presse, lui aura été fatal pour arriver en seconde position. Mais c'est à coup sûr la présence de la candidate du Parti Radical de gauche, injustifiable, qui le place derrière LE PEN. Il annonce publiquement assumer la responsabilité de cet échec et se retirer de la vie politique. S'ensuivra un silence "pesant" pour certains (11).

CHIRAC talonne de peu JOSPIN à Banyuls, mais est en recul par rapport à 1995 de -238 voix (-5,82%/ 95), loin de récupérer les voix qui s'étaient portées sur BALLADUR en 1995 (qui comportaient, outre des voix RPR, les voix UDF). Pour la métropole, son score est proche de celui de 1995 (-1,06%). Il arrive cependant en tête, mais peu glorieusement.

Ces résultats correspondent à un vote sanction des deux têtes de l'État, la cohabitation étant sans doute contestée, ou du moins ayant brouillé les cartes. Mais le désaveu est plus fort pour CHIRAC auquel ses opposants les plus proches politiquement étaient de plus "faible poids" que dans le cas de JOSPIN.

LE PEN retrouve son score à Banyuls (+12 voix ou + 2,1%/ 1995), son concurrent direct B. MÉGRET ne lui prend que 11,6% des voix cumulées. Sa progression dans le département est du même ordre (+1,47 %/ 95). En métropole, il en est de même avec +1,92%/ 95. MÉGRET fait un score très faible ne prenant que 12 % de voix (après cumul) à LE PEN. Dans l'hypothèse d'un mauvais résultat de MÉGRET, le risque était réel de voir LE PEN devancer JOSPIN. La surprise est donc à relativiser, d'autant que les divers sondages ne donnaient que 2% à MÉGRET.

Pour la seconde fois lors d'une élection présidentielle la gauche ne sera pas représentée au second tour. Mais alors qu'en 1969 un "gaulliste" Georges POMPIDOU était opposé au centriste (démocrate-chrétien) Alain POHER, le cas de figure inédit dans ce cas opposera un "pompidolien" à l'extrême droite.

Autre victime, le PCF avec R. HUE qui régresse à Banyuls de -175 voix (- 5,3%/ 1995) perdant des électeurs sans doute au profit de BESANCENOT (LCR). Le recul est plus important dans le département (-5,82%/ 95) et en métropole (- 5,29%/ 95), là encore au bénéfice de BESANCENOT (mieux intégré dans les actions collectives contre la mondialisation et plus mobilisateur des jeunes) dont le score dépasse celui du PCF! La campagne bien argumentée de R. HUE pour la justification du vote en faveur du PCF n'a manifestement pas convaincu, et sanctionne sa participation et son soutien à l'action de la majorité plurielle.

Les écologistes "Verts" progressent peu à Banyuls (+ 48 voix/ 95 ou + 2,11%/ 95). Dans le département, la progression est tout aussi faible (+ 1,68%) et + 1,96 %/ 95 pour la métropole. Au niveau national, l'ensemble des écologistes (près de 2 millions des S.E.) retrouvent leur score le plus élevé (Européennes de 1989, Régionales de 1992), mais consacre aussi leur coupure gauche-droite. Le bénéfice étant en faveur des Verts dans un rapport de 1 à 3. Les avantages obtenus du fait de leur participation au gouvernement de L. JOSPIN n'ont pas correspondu à leurs espérances (pas de ministres supplémentaires en 1999 malgré le bon score réalisé, pas d'introduction d'une dose de proportionnelle pour les futures législatives, moratoire pour les autoroutes, sur l'utilisation des organismes génétiquement modifiés concernant le maïs et le colza, etc…). Ces données expliquent aussi une certaine perte de voix du candidat JOSPIN qui n'a pas pris suffisamment en compte l'électorat "écologiste".

Si la gauche plurielle subit un échec dû surtout à l'effondrement du PCF, les "Verts" se tirent un peu mieux de leur participation au gouvernement.

Arlette LAGUILLER recule à Banyuls de 19 voix (- 0,05%/ 95), sans doute au bénéfice de BESANCENOT. Au plan national, son progrès est très faible (+ 0,45%)

La LCR, avec BESANCENOT, fait une percée d'autant plus remarquée qu'elle était absente des précédentes élections à l'exception de 1969 et 1974 où Alain KRIVINE  n'avait obtenu que 1,10% et 0,37% en Métropole (12).

GLUCKSTEIN retrouve à Banyuls les voix obtenues lors des élections européennes de 1994 (à +2 voix près) soit 14 fidèles du Parti des Travailleurs.

CHEVÈNEMENT n'arrive qu'en sixième position, et n'est pas "le troisième homme" qu'il pensait être (donc incontournable pour le second tour). Si son Mouvement des Citoyens (Georges SARRE et Max GALLO), devenu "pôle républicain" avec l'apport de gaullistes est en progrès par rapport aux Européennes de 1994 (+ 2,85%), le message de sa campagne trop flou ne lui a pas permis toutefois de s'imposer comme l'arbitre entre JOSPIN et CHIRAC. Si son score à Banyuls est légèrement supérieur à ceux de la circonscription, du département et de la métropole, il ne retrouve pas celui de son représentant lors des cantonales de 1998 (- 20 voix). Que dire de Mme TAUBIRA (mère Gribouille): vouloir affirmer l'existence d'un "mini" parti lors d'une élection présidentielle, ou vouloir peser dans des négociations pour un second tour, ne semble pas très raisonnable. Il appartenait toutefois au leader du PS de les rassembler, et c'est là sans aucun doute sa grande erreur. À moins que certains machiavels du PS aient cru judicieux de "fixer" les voix des DOM-TOM en faveur de JOSPIN pour le second tour (?).

Les mêmes remarques peuvent également s'adresser aux autres candidats de droite qui confondent législatives et présidentielles. L'éparpillement des voix et les abstentionnistes ont conduit à un résultat somme toute logique, mais qui fausse le deuxième tour, remettant en cause la fonction du futur Président de la République telle qu'elle était conçu par la constitution de la Ve République. Du fait de ce résultat, le choix entre leaders des grandes orientations politiques de droite libérale et de gauche sociale-démocrate   n'aura pas lieu.

 

À mauvaise fortune (électorale) bon cœur, la plupart des battus de la LCR au PCF en passant par  SAINT-JOSSE et CHEVÈNEMENT, tous appellent à voter pour J. Chirac, afin de faire barrage à LE PEN, sans parler du monde du spectacle (Johnny HALLIDAY) ou du sport (ZIDANE), ou de personnalités comme l'ABBÉ PIERRE, José BOVÉ (l'homme du Larzac),  même Pierre POUJADE qui fut à l'origine de l' élection de Le PEN en 1956 (13). Et pourtant les critiques fort justifiées concernant CHIRAC ne manquent pas dans la presse. Seul B. MÉGRET soutient  le candidat du FN, tandis qu'A. LAGUILLER prône le vote blanc ou nul.

Dans sa déclaration publique, L. JOSPIN annonce son retrait définitif de la vie politique, il faudra attendre huit jours  pour qu'il appelle à faire barrage contre l'extrême droite (sans plus ample précision). Quant à Valéry GISCARD D'ESTAING, il déclare ne rien vouloir dire sous le fallacieux prétexte de sa présidence à la Convention européenne pour la préparation d'une constitution européenne! (rancune quand tu nous tiens); interrogé à la télévision (FR2) le vendredi 3 mai, il se décidera, quand même, à dire qu'il vote pour CHIRAC.

 

Pour beaucoup, le deuxième tour constituera plus un référendum anti-LE PEN qu'un vote d'adhésion à CHIRAC, ainsi les pourcentages respectifs entre les deux candidats deviennent le test politique majeur puisque la réélection de CHIRAC ne fait aucun doute.

Le but de LE PEN est d'atteindre 30% ou plus afin de peser lors des élections législatives qui suivront, et d'obtenir lors de triangulaires au moins 30 députés afin de pouvoir constituer un groupe parlementaire.

Des manifestations "spontanées" de lycéens et de jeunes ont lieu dans de nombreuses localités appelant à faire barrage au FN. La surprise et la consternation sont totales chez les leaders du PS qui, contrairement à Bernadette CHIRAC, n'avaient jamais envisagé cette issue, et pour la plupart appellent à voter… Chirac. On est frappé par le peu de représentants de la droite chiraquienne dans ces élans d'enthousiasme "républicain".

On craint les manifestations du 1er mai qui verront le double défilé à Paris de LE PEN le matin à la statue de Jeanne d'Arc et l'après-midi celui des syndicats et de la gauche en général de la Bastille à la République. Tout se déroulera heureusement sans incidents.

 

CHIRAC rejette toutefois toute idée de Front républicain, réaffirmant un peu mécaniquement son programme (de droite); quant à LE PEN, ses discours peu provocateurs et argumentés au mieux (qu'il lui soit possible) devant les journalistes, sont mieux combattus par l'ensemble de la presse.  A une certaine mollesse du premier correspond une réelle flamme patriotique du second. Mais plus grave est le meeting à Lyon de CHIRAC, entouré des présidents de région élus grâce à l'appui des élus du FN lors des élections régionales de mars 1998 (Charles MILLON: Rhône-Alpes, Jean-Pierre SOISSON: Bourgogne, Jacques BLANC: Languedoc-Roussillon). Comment l'électorat réagira-t-il en définitive (choix cornélien entre la raison et la passion, ou plutôt comme dans la plupart des élections un vote d'élimination plus que d'adhésion) 

L'élection de CHIRAC étant acquise, il est probable que le nombre des bulletins blancs et nuls sera en  forte augmentation (la pilule, doux euphémisme devant la couleuvre chiraquienne dure à avaler pour beaucoup), tandis que les abstentions diminueront à peu près dans la même proportion.

 

La campagne du second tour se borne à faire barrage à LE PEN et à sauver … la République (rien que cela !); comme l'a si bien chanté Georges BRASSENS: "Tous derrière et lui (Chirac) devant".

 

Résultats (2 ème tour):

 

 

 

 

 

Banyuls

Département

Métropole

Inscrits:

3799

297853

39428433

Abst.:

  648 (17,06%)

19,34%

    19,06%

Votants:

3151 (82,94%)

240250

     80,94%

Blc & Nuls:

  228 (  7,24%)

  6,97%

       5,41%

S. Expr.:

2923 (76,94%)

223516 (75,04%)

30189263 (77,03%)

 

 

 

 

CHIRAC:

2361 (80,77 %)

167163 (74,79 %)

24742278 (81,96%)

LE PEN:

562 (19,23 %)

56353 (25,21 %)

  5446985 (18,04%)

 

Remarques:    

À Banyuls, le nombre des abstentions a régressé de - 9,26%, mais est encore supérieur à celui de 1995 (+ 0,24%). Elles sont pratiquement équivalentes pour le département, comme pour la métropole à ce qu'elles furent en 1995 (14). Notons qu'à Banyuls la participation à midi était de 46,56% et à 16 h de 73,12%.

Les bulletins blancs et nuls sont en augmentation aussi bien à Banyuls (+4,02 %) que pour le département (+ 3,63) et moindre pour la métropole (+ 2,03%).

CHIRAC accroît de +1871 voix son score du 1er tour à Banyuls (+62,68%), de +57,83% pour le département, et de +62,55% pour la métropole. Si on cumule les voix dont les candidats avaient appelé à voter sur son nom (sinon pour lui) on obtient 1592 voix, d'où un apport de 279 voix. Or l'accroissement des suffrages exprimés au second tour n'est que de 214. Une analyse des mouvements des électeurs d'un tour à l'autre est à prendre en compte comme d'habitude à partir des cahiers d'émargements.

À Banyuls le nombre des non-votants aux deux tours est de 505 (soit 13,29% des inscrits), ceux qui n'ont voté qu'au 1er tour de 126 (3,32%), ceux qui n'ont voté qu'au 2 ème tour 478 (12,58%), et ceux qui ont voté aux deux tours 2673 (70,36%)

LE PEN accroît de +144 voix son score du 1er tour (ou +3,8%). En tenant compte des voix de MÉGRET (cumul: 473 ou 17,46%), il augmente de 89 ses voix au second tour (+1,77%).  Dans le département, son accroissement après cumul est de + 1,88%, mais régresse pour la métropole (-1,53%) (15).

Au total, CHIRAC recueille près de 25 millions de suffrages contre 5,5 pour LE PEN. Il est ainsi le mieux élu de tous les Présidents de la Ve République avec le score le plus faible au 1er tour. Résultat tout à fait paradoxal dû à la configuration inédite de ce second tour. On ne peut que constater la discipline remarquable à gauche et sans doute de la LCR  afin d'assurer le score de 82% de Chirac, lequel, n'ayant pas sollicité leur vote ne se trouve aucunement engagé par leur renfort.

 

Dès le lundi 7 mai, après la remise de la démission de Lionel JOSPIN au nouveau président de la République, Jean-Pierre RAFFARIN, président de la région Poitou-Charentes, sénateur (UDF-DL) est désigné comme Premier ministre et constitue le nouveau gouvernement. Ce gouvernement de "mission" dispose d'un laps de temps bien court avant les élections législatives pour mettre en œuvre les options du Président. Plusieurs curiosités à souligner: un ministre des Finances Francis MER (sans étiquette, venant du secteur privé); la première femme ministre de la Défense: Michèle ALLIOT-MARIE!; un philosophe à la Jeunesse, l'Éducation Nationale et la Recherche: Luc FERRY (un nom prédestiné), un personnage haut en couleur à l'Écologie et le développement durable (16): Mme Roselyne BACHELOT-NARQUIN (un des rares rares défenseurs du Pacs au sein de la droite), et comme secrétaire d'Etat Mme Tokia SAÏFI (d'origine familiale marocaine) au Développement durable (17).

 

Notes annexes:

(1) L'examen du pourcentage des votants pour les académies de Bordeaux et d'Île-de-France (zones de vacances scolaires) comparé à l'ensemble de la métropole montre que l'écart au 1er tour est de -2,71 contre  + 0,52 au 2 ème tour. L'effet "vacances" faute de procurations de la part de beaucoup (lié au fait que la présence au second tour devait nécessairement opposer CHIRAC à JOSPIN) porte sur au moins 2 % des inscrits des deux régions précitées

(2) LE PEN n'avait pu être candidat à la Présidentielle de 1981, faute en nombre suffisant nombre de signatures. Charles PASQUA, candidat, qui fera campagne avant l'ouverture officielle, ne déposera pas le nombre nécessaire (ou ne le voudra pas après avoir pris connaissance des sondages qui le donnent à moins de 2%, ou pour ne pas gêner CHIRAC ?)

(3) Seuls peuvent adresser leur signature au candidat les maires, les conseillers régionaux et les députés et sénateurs.

(4) Voir  "Le Monde" du 23/9/1999 et "L'Express" du 27/9/2001.

(5) Voir Intentions de vote (BVA) in "Paris Match" N° 2761 du 25/04/2002 et l'analyse des sondages (CSA) in "Le Monde" du 26/04/2002.

Il est à noter que contrairement aux critiques qui sont faites aux sondages, ce sont moins les données qui sont en cause que leur mode d'expression qui n'exprime pas l'intervalle de confiance (écart-type).

(6) Quelle justification pour les maires de lui avoir accordé leur signature ?

A ce propos un maire élu "sans étiquette" n'a pas reçu mandat pour accorder une signature à qui que ce soit. Notamment à Banyuls en faveur de Mme TAUBIRA ! ("L'Indépendant du 13/4/2002). Il est vrai que certains élus du PS ont signé pour BESANCENOT sur les directives des instances nationales  croyant ainsi affaiblir A. LAGUILLER [une réussite pour ces apprentis sorciers! N. de l'a.]

On remarquera que 194 558 voix seulement séparent LE PEN de JOSPIN, alors que Mme TAUBIRA "gèlera" 660 576 voix inutilement sur son nom (dont on peut supposer qu'une grande partie se serait portée sur JOSPIN qui comprenait des ministres MRG dans son gouvernement). Chevènement totalise 1 518 901 voix, il sera, curieusement, le plus critiqué par le PS.

(7) Sur un bref résumé de la carrière politique de P. POUJADE cf. "Le Monde" du 29/8/2003.

(8) Aucune référence à des journaux de cette mouvance lors de la revue de presse du matin à France-inter à 8 h 30.

(9) Le "détail de l'histoire" à propos de la disparition de cinq millions d'hommes et de femmes plus ou moins de confession juive par les nazis, ou encore son célèbre "mot d'esprit" concernant le ministre DURAFOUR … crématoire!

(10) Expression empruntée à A. HITLER, le 29 novembre 1932 au discours de clôture du congrès annuel du NSDAP (Parti Nazi), … "chassez le naturel il revient au galop" disent certains. L'origine de cette déclaration semble contestée, elle paraît pourtant facile à vérifier (N. de l'a.), intoxication ou non ?. Il convient de souligner que les informations glanées sur des sites internet peuvent être plus que douteuses, parfois malintentionnées comme le souligne J. ATTALI (in "Les Juifs, le monde et l'argent", p.567, Edit. Fayard, 2002)

(11) Voir l'article de Denis JEAMBAR "L'Express" N°2651 du 25/4 au 1/5/2002. Silence qui ne sera rompu qu'en 2003 par un article publié dans "Le Monde" (1/02) dans lequel JOSPIN  donne son interprétation fort valable de l'absence de tout candidat de gauche au second tour. Les ressentiments  et ceux du PS iront en priorité vers J.-P. CHEVÈNEMENT. Celui-ci lui répondra dans "Le Monde" du 5/02 que L. JOSPIN n'est pas la victime de l'émiettement de la gauche plurielle, mais le responsable essentiel de celle-ci.

Le "choc" du premier tour donnera l'occasion de divers écrits ou opuscules comme celui de Franck PAVLOFF: Matin brun. Edit. Cheyne (2002).

Sur le comportement de L. JOSPIN précédant et suivant le 1er tour, des points de vue psychologique et politique, on lira avec intérêt le livre de G. FRÊCHE: Les éléphants se trompent énormément. Edit. Balland (2003).

(12) En ce qui concerne les soutiens et les voix de BESANCENOT voir l'article de Marie-France ETCHEGOYEN in "Le Nouvel Observateur" N°1956 du 2-8/5/2002.

(13) P. POUJADE fondateur de l'Union de défense des commerçants et artisans (UDCA) qui lors des législatives de 1956 créa la surprise avec l'entrée de 41 députés à l'Assemblée nationale, suite aux invalidations de onze députés (sous le slogan "sortez les sortants"), dont un certain LE PEN alors le plus jeune député. BIRENBAUM (op. cit., 1992) démontre les profondes différences sociologiques et idéologiques entre le mouvement poujadiste et celui du Front National.

(14) L'abstention a plus fortement diminué en Île-de-France (-12,54%) et à Bordeaux (-11,54%) que partout ailleurs dans la métropole, traduisant bien "l'effet vacances" souligné précédemment.

(15) On observe une coupure entre une France du sud et de l'est, où LE PEN obtient de 18 à 29% (43 départements), et de l'ouest de 9 à 17,88% (44 départements). Avec plus de 5 millions de voix l'Extrême droite a encore progressé et fidélisé un électorat sur la personnalité de J.-M. Le Pen. Cf. Pascal PERRINEAU: Le symptôme Le Pen. Edit. Fayard (1997).

Dans le département l'analyse des communes est tout à fait étonnante: si dans notre canton, Banyuls montre le score le plus faible en faveur de LE PEN, il n'en est pas de même pour Port-Vendres avec un maire tendance socialiste (29,53%), pour Collioure avec un maire et conseiller général PS (21,68%), et même à Cerbère avec un maire tendance socialiste (22,95%). Dans le canton de Prats-de Mollo-La-Preste (ancien fief communiste) on note avec surprise le cas de Coustouges (commune la plus au sud de la France avec 124 inscrits) (37,80%), comme dans le canton d'Arles-sur-Tech celui de Corsavy (172 inscrits) avec 28,57%. 

(16) Qu'est-ce que le développement durable ? peut-être l'espoir de perdurer dans un mois !, ou comme elle l'affirmera, trop rapidement pour certains, la défense du nucléaire.

(17) Elle est la seconde femme, issue d'une famille algérienne après Mlle Sid CARA (déjà sous DE GAULLE en 1962 dans le gouvernement de Michel DEBRÉ),  à entrer dans un gouvernement. Voir "Le Journal du Dimanche" du 12 mai 2002.

Sur la composition complète du nouveau gouvernement voir "Le Monde" du 9 mai 2002.

À propos de la campagne présidentielle on peut se référer à l'ouvrage de Michèle COTTA: Carnets secrets de la Présidentielle mars 2001-mai 2002. Edit.  Plon (2002). Les analyses les plus complètes et la plus lucides sur la défaite de L. JOSPINsont dues à  deux membres éminents du PS: Jean-Christophe CAMBADÉLIS (L'étrange échec. Edit. Les Notes de la Fondation Jean-Jaurès N°33, novembre 2002 et chez Plon, 2002; ouvrage bien documenté mais sans doute par trop réducteur concernant les motivations de J. CHIRAC, encore qu'elles ne semblent pas très éloignées de l'opinion de P. SÉGUIN (op. cit., 2003). L'ouvrage de Georges FRÊCHE (op. cit., 2003), qui pose clairement la nature social-démocrate et non socialiste du PS. Enfin le livre récent de J.-P. CHEVÈNEMENT: Défis républicains. Edit. Fayard (2004).

 

Note complémentaire :

A. DUHAMEL (1) fait remarquer que L. JOSPIN est demeuré Premier ministre cinq années de suite, soit une législature complète au pouvoir, ce qui constitue un cas unique de toute l'histoire politique française. Candidat menaçant  avant la campagne, il n'a pas retrouvé la liberté de ton qui avait été la sienne lors de l'élection présidentielle de 1995 lorsqu'il était arrivé en tête au soir du premier tour. Le réalisme et l'exigence étaient à gauche alors que les promesses étaient à droite. Il n'est pas douteux que les positions sociale-démocrates ont facilité les campagnes des deux partis d'extrême gauche. La modification du calendrier électoral (mathématiquement les législatives auraient du précéder la présidentielle), logique du point de vue constitutionnel, a fait que les partis se sont trompés d'élection (et de ce fait les électeurs) et sont peut-être responsables de la forte abstention.

            La désignation de Jean-Pierre RAFFARIN, inconnu, sinon dans la région du Poitou-Charentes, et la politique conduite par la suite jusqu'en 2004, fait l'objet de l'ouvrage fort documenté de Philippe REINHARD (2). Il est à noter que n'appartenant pas au RPR, il rallie les clubs giscardiens, puis la tendance Démocratie libérale d'Alain MADELIN, enfin s'associera au grand parti de la droite voulu par CHIRAC et mis en place par A. JUPPÉ.

 

Notes annexes :

(1) Cf. Alain DUHAMEL : Le désarroi français. Edit. Plon (2003).

(2) Cf. Philippe REINHARD : Après Chrac. Le bal des prétendants a déjà commencé. Edit. Éditions Générales First (2004).

 

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