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Histoire électorale de Banyuls sur mer
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Claude Razouls-1

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27 août 2017

43 - Législatives des 14 et 21 juin 1981

43 - Législatives des 14 et 21 juin 1981

 

Dans la foulée de l'élection présidentielle les Français sont toujours mobilisés, peut-être plus à gauche qu'à droite où les rancunes entre leaders ne sont pas effacées.

Pierre MAUROY est le nouveau Premier ministre. Tous les ministres appartiennent au PS et au MRG chargé de préparer les élections législatives. Une curiosité  dans cette équipe: la présence de Michel JOBERT (ancien conseiller de Georges POMPIDOU).

La campagne se déroule dans le calme et sur le thème du soutien au nouveau président de la République dans le cadre de ses 110 propositions.

Le PCF insiste sur le rôle qu'il a joué dans l'élection de MITTERRAND au second tour, et la nécessité de sa présence au gouvernement

Dans le département, malgré la désignation à une écrasante majorité de Michel JOMAIN comme candidat du PS par la fédération départementale, c'est finalement Mme Renée SOUM qui sera imposée par la direction nationale (sous le prétexte d'un nécessaire quota de femmes) dans la 1 ère circonscription, ce qui ne sera pas sans créer des remous. Un socialiste dissident (ex-SFIO et ex-PS) sera même contacté par d'anciens camarades pour se présenter contre elle (mais les Kamikazes sont une spécialité japonaise comme chacun sait et non française) (1).

Quelques changements de candidats depuis les précédentes législatives de 1978 : Si SOUM (mitterrandiste) "prend" la place de JOMAIN (rocardien) pour le PS, Patrice BERTRAND (RPR) ne sera pas présenté puisque Paul ALDUY (député sortant, maire de Perpignan, Vice-Président de l'UDF) représentera la majorité sortante avec Jean VILA (maire de Port-Vendres) comme suppléant. Ces derniers seront discrets dans leurs références à l'Union pour la nouvelle majorité (U.N.M)  Pour les catalanistes MAYOL remplace PALAGOS.

  Henri COSTA pour le PCF et Georgette LOPEZ pour le PSU étaient candidats en 1978.

  Le mouvement catalaniste présente l'avocat Miquel MAYOL (Esquera Catalana del Traballadors)

 

Résultats (1 er tour) :

                        Banyuls                        Circonscription                  Métropole

Inscrits:         3256 (+ 52 /1978)               130.314                         35.536.041

Abst.:               978   (30,04%)                  (34,46%)                       (29,13%)

Votants:        2278   (69,96%)                  (65,54%)                       (70,86%)

Blancs:                52  (  2,28%)                  (  2,07%)                       (  1,43%)

S.Expr.:        2226   (68,37%)                  (64,18%)                       (69,85%)

 

SOUM:           883   (39,67% S.E)            (33,68% S.E)               

COSTA:          418   (18,78% -   -)            (23,05% -   -)               

ALDUY:         836   (37,56% -   -)            (40,68% -   -)               

LOPEZ:             53   (  2,38% -   -)            (  1,24% -   -)               

MAYOL:          36   (  1,62% -   -)            (  1,35% -   -)

CONDET:           0

 

Métropole: PCF: 16,12% S.E; PSU: 1,25% S.E; PS + MRG: 38,02% S.E; Ecologistes: 1,09% S.E (mais 3,11 % S.E. dans les circonscriptions où ils sont présents); RPR: 20,91% S.E; UDF: 19,16% S.E; Divers Dte: 2,66% S.E; Extr-Dte: 0,36% S.E .

 

Remarques :

Les abstentions sont élevées pour ce premier tour, bien supérieures à celles de 1978 (+9,72%),  et du mois précédent (+8,14%).

 

Renée SOUM (malgré les critiques sur sa candidature au sein de sa fédération départementale) bénéficie du choc psychologique de l'élection de Mitterrand (+108 voix par rapport à JOMAIN en 1978), et même plus que la somme MITTERRAND + CRÉPEAU (+62). Elle paraît bénéficier des voix des écologistes (Alain BOMBARD n'est-il pas secrétaire d'État à l'Environnement).

Le candidat du PCF perd des voix par rapport à 1978 (-131), mais fait un peu mieux que G. MARCHAIS aux présidentielles (+11 voix). Son noyau de fidèles se condense un peu plus. Son score à Banyuls tend à se confondre avec le pourcentage national

Paul ALDUY, déjà en perte de vitesse en 1978, ne retrouve pas la somme des voix de l'ancienne majorité plus les siennes propres (-174). Son exclusion du PS en 1976 (bien que son cas n'apparaisse pas très différent de celui de Gaston DEFFERRE à Marseille lors des municipales), puis son ralliement à l'UDF (dans la composante social-démocrate) le prive d'une partie de son électorat socialiste modéré (environ 6 à 10%) (2).

Le PSU progresse de . . . 12 voix par rapport à 1978, et de 22 par rapport à son leader aux présidentielles. Les autonomistes catalans (Esguerra Catalana) gagnent . . . 7 voix.

Pour le second tour restent seuls en présence Renée SOUM et Paul ALDUY.

 

Résultats (2 ème tour) :

                          Banyuls                      Circonscription

Inscrits:           3256

Abst.:                744   (22,85%)                 (26,06%)

Votants:          2512  (77,15%)                 (73,94%)

Blancs:                 55  (  2,19%)                 (  2,38%)

S.Expr.:        2457   (75,46%)                 (72,18%)

 

SOUM:          1517 (61,74% S.E)            (58,33% S.E)

ALDUY:          940 (38,26% --)               (41,67% --)

 

Remarques :

Les abstentions ont nettement régressé (-234) à Banyuls comme dans la circonscription.

Comme cela était prévisible les abstentionnistes du 1er tour qui sont venus voter au second se sont à peu près également partagés entre les deux candidats : +104 pour ALDUY et +127 pour SOUM (total: 231, donc 3 votants ont voté blanc. 52 + 3 = 55 nuls). Le compte est mathématiquement bon et suppose que ceux qui avaient voté nul au 1er tour ont recommencé au second, et que SOUM a cumulé toutes les voix du PCF + PSU + Catalanistes + toutes les siennes du 1er tour.

Une telle probabilité à 100% est peu vraisemblable, mais dans cette élection le chassé-croisé des électeurs a dû être extrêmement faible . (3)

ALDUY est loin de faire le score de l'UDR + RPR du 1er tour des présidentielles (1042 - 940 = -102), et plus encore par rapport au 2 ème tour des législatives de 1978 (1168 - 940 = -228).

 

Conclusion :

Renée SOUM est la première femme des Pyrénées-Orientales à devenir député, n'ayant jamais eu aucun mandat électif quelconque et inscrite au Parti socialiste depuis 1973, mais soutenue par la FEN départementale.

Pour la première fois dans l'histoire, le Parti socialiste obtient la majorité absolue avec 269 députés, et 283 avec le MRG sur 491 sièges, grâce au scrutin majoritaire. Le PCF a 44  élus, et les divers gauche 6.

A droite le RPR a 83 élus et l'UDF 61, les divers droite 11.

Le second gouvernement MAUROY est connu le 23 juin (4). Il comprend à la suite d'un accord de gouvernement entre le PS et le PCF, quatre ministres communistes (Anicet LE PORS : Fonction publique, Charles FITERMAN : Transports, Jack RALITE : Santé, Marcel RIGOUT : Formation professionnelle).

Parmi les nombreuses réformes qui seront mises en œuvre, deux intéressent les futures élections.

La première modifie le mode de scrutin municipal où désormais dans les petites communes de 3500 habitants et plus, le panachage ne sera plus possible. Un système mi-majoritaire, mi-proportionnel s'appliquera. Ce mécanisme mis au point par le ministre de l'intérieur Gaston DEFFERRE est discutable. S'il a l'avantage d'introduire des membres d'une opposition à l'intérieur d'un conseil municipal, il a l'inconvénient pour les petites communes de "politiser" les listes, et impose de trouver 27 noms par liste.

 La seconde supprime le scrutin majoritaire d'arrondissement pour les législatives,  et revient à l'ancien mode de scrutin départemental à la proportionnelle (ce qui provoquera le départ de Michel ROCARD du gouvernement en désaccord sur cette réforme, du moins ce sera le motif invoqué).

 

Notes annexes :

 (1) Au cours d'un vote interne de la fédération du PS dont elle est Secrétaire départementale, R. SOUM elle ne recueillera que 106 voix, contre 186 à M. JOMAIN et 106 à J. MARTI. La direction nationale l'imposera et Claude ESTIER viendra la soutenir. Cf. Louis MONICH (op. cit. 1999). Il n'y avait que 7% de femmes élues députés en 1945 et elles ne seront encore que 6% en 1988. 

(2) Pour Paul ALDUY, la mairie de Perpignan prime sur tout autre mandat. L'électorat de Perpignan, plus à droite que le reste du département, dictera sa conduite.

(3) 284 inscrits ne sont venus à aucun des deux tours (de même que lors des élections présidentielles précédentes), soit 8,72% du total des inscrits. 102 ne sont venus qu'au 1er tour et 315 que lors du 2 ème tour. Un calcul plus précis des reports doit donc prendre en compte ces nombres.

            Le total PS + PCF + PSU + Catal. = 1390, soit un gain de +127 sur les 315 votants nouveaux (40,3%). ALDUY accroît son score de +104 sur le nouvel apport des 315 (33,1%). Comme il n'y a qu'un seul candidat UDF-RPR, tout laisse supposer que les 102 votants qui ne sont pas revenus au 2 ème tour sont des voix de gauche qui ont été compensées par celles des 315 abstentionnistes du 1er tour. Dans cette hypothèse ce sont 225 voix qui se sont portées sur SOUM (soit 77%). En gros les 2/3 des nouveaux votants. Le calcul initial, bon mathématiquement, était donc inexact du fait du chassé-croisé des électeurs. L'imprécision porte sur 21 inscrits (nombre identique à celui des présidentielles).

(4) Cf. Thierry PFISTER: A Matignon au temps de la gauche. Edit. Hachette (1985).

 

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