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Histoire électorale de Banyuls sur mer
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Claude Razouls-1

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27 août 2017

57 - Législatives des 21 et 28 mars 1993

57 - Législatives des 21 et 28  mars 1993

           

La 4 ème circonscription  comprend outre le canton de la Côte-Vermeille, ceux d'Argelès, d'Elne, de Thuir, de Céret, d' Arles-sur-Tech et de Prats-de-Mollo.

Les élections de 1988 s'étaient traduites par la victoire de H. SICRE (maire de Céret), socialiste "mitterrandien" par 58%, contre 42% pour J. XATARD (UDF-RPR), avec 26,62% d'abstentions et 3,57% de votes blancs et nuls. Il convient de rappeler que ces élections suivaient la réélection de MITTERRAND aux présidentielles (56%) et la nomination de ROCARD comme Premier ministre. Mais la politique d'ouverture au centre et le "big-bang" lancé par son ancien Premier ministre en charge du PS ont indisposé le Président (1). Par ailleurs le candidat (UDF-RPR) ne possédait pas une grande notoriété. Il semble donc à première vue que la position du député sortant soit assez confortable.

On a observé que chaque type d'élection a sa spécificité et l'on ne peut donc comparer que des législatives entre elles pour lesquelles le poids des partis, la politique gouvernementale, enfin l'ambiance générale créée par la télévision, l'inertie du système, sont  plus importants que les candidats eux-mêmes. Il est aisé de trouver des exemples d'illustres inconnus dans leur parti à droite comme à gauche,  comme dans leur circonscription, qui  furent battus de très peu ou élus  grâce à la vague nationale  du moment (Jacques GODFRAIN en1968, Renée SOUM en 1981).

 

L'électorat de la circonscription  est relativement hétérogène dans les sept cantons qui la constituent:

1/ Par le nombre des inscrits qui est par ordre décroissant (Régionales 1992): Argelès (14.436), Céret (14.005), Elne (11.184), Thuir (11.174), Côte Vermeille (11.090), Arles-s-Tech (5.698), Prats-de-Mollo (2.524). Ces inégalités nécessitent de calculer sur l'ensemble des inscrits de la circonscription  et non à partir des données cantonales, soit 70.111 électeurs.

2/ Par le pourcentage de voix obtenu par rapport aux exprimés qui décroît pour les partis comme suit:

PCF : Prats (20,29), Elne  (14,01), Céret (11,16), Arles (10,84), Thuir (10,45), Côte (9,19), Argelès (8,81). Moy = 10,98%

PS-MRG : Argelès (27,39), Thuir (24,33), Céret (20,58), Prats (18,78), Arles (16,84), Côte (16,27), Elne (16,12). Moy = 20,89%

Ecol : Côte (14,85), Elne (13,52), Thuir (13,28), Céret (13,18), Arles (12,37), Argelès (11,78), Prats (9,13). Moy = 13,01%

UDR-RPR : Arles (31,73), Côte (30,91), Prats (29,65), Céret (25,01), Thuir (21,55), Argelès (21,19), Elne (20,86). Moy = 24,65%

Div D : Thuir (8,84), Prats (8,78), Céret (8,48), Côte (7,78), Elne (6,93), Arles (6,87), Argelès (4,50). Moy = 6,38%

FN : Elne (24,43), Argelès (23,35), Thuir (18,10), Côte (18,08), Céret (17,71), Arles (16,20), Prats (6,45). Moy = 19,53%

Catalanistes : Prats (6,92), Arles (5,14), Elne (4,14), Céret (4,10), Thuir (3,45), Côte (3,22), Argelès (3,0). Moy = 3,80 % [dont 1,3% de gauche et 2,5% de droite]

 

Ce type d'élection régionale paraît être le plus apte pour servir de base à une prévision des législatives. Sur l'ensemble des 70111 inscrits, on constate 20586 abstentions (29,36%) et 2832 votes blancs et nuls (5,72% des votants ou 4,04% des Inscrits), soit 46693 exprimés.

 Il est à souligner que ces élections étaient couplées avec les cantonales, du moins pour Argelès, Prats-de-Mollo, la Côte Vermeille et Thuir, ce qui s'est traduit par un taux d'abstention moins élevé par rapport à  Céret et Elne.          

Ainsi pour les trois cantons de Thuir, Argelès, Côte Vermeille, les abstentions ont été de 27,67; E-t_= 0,47 ; Cv =  ±1,7% . Votes blancs / votants : 5,61%; E-t _= 0,06; Cv = ±1,06%. Pour les cantons de Céret et d'Elne, les abstentions ont été de 31,99; Cv = 4,4%. Votes blancs et nuls / votants: 5,45%.

 

Les voix  obtenues par les partis ont été:

PCF = 5125  (10,98%); PS = 9754  (20,89%); Ecolo = 6076  (13,01%); Catal. Ara = 613  (1,3%); Catal. Unit = 1165  (2,5%); Div.D (Chasse-Pêche) = 2467  (5,28%); Div. Droites (Pieds noirs) = 514  (1,1%); UDR-RPR = 11508 (24,65%); FN = 9121 (19,53%).

Au total  si l'on considère  les 2/3 des votes écologistes comme "de gauche" on obtient pour celle-ci: 18930 (40,54%). Pour la droite UDR-RPR (y compris: Chasseurs +Pieds-noirs+ Catal.Unit ): 15654 (33,53%),  et 9121 (19,53%) pour le FN.

Au deuxième tour, la droite  peut être majoritaire avec l'apport d'une partie des voix du FN seulement (à peine plus de 1/3, ce qui est tout à fait réaliste si l'on se réfère aux données des cantonales). Une triangulaire avec maintien du candidat du FN ne paraît donc pas fatale au candidat de droite.

Ce simple rappel d'une élection de type comparable, plus politique que personnalisée, et ne datant que de l'année précédente, montre la situation critique du député sortant. Dans la première simulation de la carte de France des législatives ("Le Point" N°1062/23-29 janvier 1993) la circonscription est donnée comme perdue par H. SICRE, comme d'ailleurs pour P. ESTÈVE , tous les deux PS.

Reste cependant à savoir quels seront les candidats qui pourront se maintenir au second tour compte tenu de la "barre" des 12,5% des inscrits, soit: 8.764 voix minimales ! Dans ces conditions le nombre des candidats et les investitures pèsent d'un "poids" non négligeable.

À la mi-janvier certains candidats sont connus.

Les écologistes des deux tendances (Génération Ecologie et Verts) présenteront un candidat unique. Cette condition indispensable devrait leur assurer le plein des voix cumulées des deux mouvements.

L'UDR et le RPR soutiennent officiellement Jean-Claude MADRÉNAS le maire de Bages (président départemental du CDS). Jean RÈDE (maire de Banyuls) qui vient d'être réélu sous l'étiquette RPR au Conseil général, et n'a pas caché sa volonté d'être candidat ("L'Indépendant" du 14/11/92), n'a pas obtenu l'investiture de son parti (ce qui traduit, entre autre, le mode de répartition des circonscriptions entre UDF et RPR sur le plan national, et son incidence dans le département. Cf. "L'Indépendant" du 15/1/93). Il est vrai que le RPR, déjà soupçonné de tendances hégémoniques, ne pouvait présenter des candidats dans les quatre circonscriptions! Le problème est de savoir si les répartitions ont été les meilleures, notamment dans la 4 ème dans laquelle la personnalité du maire de Bages est moins connue que celle du maire de Banyuls.

J. RÈDE confirme sa candidature lors d'une réunion à la salle Novelty ("L'Indépendant" et "Midi Libre" des 12/1/93 et 13/1/93) comme candidat gaulliste d'opposition nationale, mais en " congé de parti " (15), imposant ainsi une primaire non sans risque. En effet, si l'on estime le nombre des voix UDF-RPR à 12000 (1er tour), la règle des 12,5% impose pour le mieux placé de faire au moins 8764 voix, ce qui ne laisse plus pour le second que la différence, soit 3236 voix. Un tel écart  apparaît  difficile à imaginer surtout pour un candidat disposant d'une investiture commune.

Un autre candidat "gaulliste" (un pur trouve toujours un plus pur qui l'épure !), un inconnu, sinon qu'il est le fils du célèbre aviateur de chasse de la France Libre Pierre CLOSTERMANN (il est vrai connu des seuls presque sexagénaires) (2), fait son apparition sous nos cieux, mais on peut se demander ce que ce parachuté  vient faire dans ce " Grand cirque". On apprend ainsi qu'il est le candidat officiel du . . . CNI, avec le soutien du RPR (parisien) et de . .  Pierre MESSMER et Michel DROIT ! Son ambition déclarée étant une implantation forte du RPR dans notre département. Résultat prévisible ≈ 250 voix et encore . . . Il est vrai qu'avec l'investiture du CNI on pourrait lui ajouter encore 250 voix (total: 500).

Le PCF présente son "permanent" Roland MONELLS (Secrétaire fédéral) qui a été élu conseiller régional l'année précédente.

Si l'on examine  le bilan  des abstentions pour toutes les législatives de 1945 à 1989  (Cf. chapitre Synthèse) la moyenne (pour les 1er tours ou à 1 seul tour) est de 25,76; mais si l'on excepte les législatives exceptionnelles on obtient: 29,14%.

La moyenne des votes blancs  et nuls est de 2345. Un peu plus élevée au 1er tour qu'au second.

 

Hypothèses des voix obtenues au 1er tour pour les principales formations en se fondant sur les % des régionales:

 

1/ Abstentions à 25% et Nuls à 3% des votants : Exprimés = 51.006

PCF = 5600; PS = 10655; Ecolo = 6636; Div.D = 3.259; UDR-RPR = 12573 (RÈDE: 8382; MADRÉNAS: 4191); FN = 9962

Barre 12,5% : 8764 -----> 2 ème tour: PS et FN

 

2/ Abstentions à 29% et Nuls à 3% : Exprimés = 48286

PCF = 5302; PS = 10070; Ecolo = 6282; Div.D = 3081; UDR-RPR = 11902 (RÈDE: 7934; MADRÉNAS: 3968); FN = 9430

Barre --------> 2 ème tour: PS et FN

 

3/ Abstentions à 32% et Nuls à 3% : Exprimés = 46246

PCF = 5078; PS = 9661; Ecolo = 6016; Div.D = 2950; UDR-RPR = 11399 (RÈDE: 7599; MADRÉNAS: 3800); FN = 9.032

Barre --------> 2 ème tour: PS et FN

 

4/ Abstentions à 33% et Nuls à 3% : Exprimés = 45.565

PCF = 5500; Catal. G = 650; Catal. U = 1200; Div. D = 2500; UDR-RPR = 11500; FN = 9500. D'où PS = 8215.

  Avec une répartition au mieux 2/3 pour RÈDE: 7666 voix et MADRÉNAS: 3.834 voix.

Barre --------> 2 ème tour: FN et PS

 

5/ Abstentions à 34% et Nuls à 3% : Exprimés = 44.885

PCF = 5.000; Mouv. Cit.= 1000; Catal. = 1.500; Ecolo = 6500; CNI = 1500; UDF-RPR = 11500; FN = 9300. Reste 8585 voix pour le PS, ce qui paraît encore raisonnable

Barre --------> 2 ème tour: FN et PS

 

Retenons ces deux dernières hypothèses comme les plus probables. Dans cette hypothèse, tous les candidats sont en dessous de la barre *.

* L'article L62 du code électoral (disposition de la loi du 29/12/1966 ) stipule:

1/ Si un seul candidat obtient 12,5% des inscrits, le second candidat peut se maintenir.

2/ Si aucun candidat n'obtient 12,5% des inscrits, les deux candidats les mieux placés peuvent se maintenir, mais doivent conserver le même suppléant.

3/  Si l'un de ces deux candidats ne souhaite pas se maintenir, c'est alors le 3ème mieux placé qui peut prendre sa place.    

 

Si l'on estime que les abstentions concernent moins les électeurs de droite que de gauche (ceux du PS principalement et Divers), on obtiendrait après réajustement:

PCF = 5500-5100 (11,5%); Mouv. Citoyens = 400-250 (0,7); Ecolo = 6500-6100 (13,6%); Catal = 1500-1000 (2,7); UDR-RPR = 12000-11500 (25,4%) [RÈDE: ≈ 6.500; MADRÉNAS: ≈ 4.500]; CNI = 400-250 (0,9); FN = 9500-9100 (20,1 %). Reste:  voix comprenant celles du PS et Divers droites (Chasse-Pêche et Pieds-noirs = 2981), soit  10446 - 2.981 = 8615 voix pour le PS (18,6).

Barre  ---------> 2 ème tour: FN  et PS

 

Même si la répartition des voix  entre RÈDE et MADRÉNAS n'est pas dans la proportion 2/3 et 1/3, il apparaît difficile pour RÈDE de devancer le FN et même d'atteindre la barre fatidique des 8764 voix, même avec l'hypothèse haute de 12000 voix UDR-RPR et seulement 3500 voix pour MADRÉNAS, soit 8500 voix pour RÈDE.

Le problème qui apparaît avec un taux d'abstention à 34% est de déterminer lequel des deux candidats SICRE et RÈDE sera devant l'autre.

On est en droit de penser que l'écart entre le PS et le candidat écologiste sera  faible, mais en faveur du premier. L'érosion certaine de l'électorat sympathisant du PS sur le plan national  et les difficultés économiques du département, notamment en ce qui concerne le chômage des jeunes, laisse supposer un score à la baisse. La limite inférieure pour SICRE paraît devoir se situer (au pire) vers 8500

La limite supérieure pour RÈDE ne semble pas devoir dépasser (au mieux)  8500 voix.

Dans ces conditions le second tour devrait voir s'opposer FN et PS.

 

Toute "triangulaire" étant exclue, puisque seuls les deux mieux placés au 1er tour pourront se maintenir au second, la victoire de SICRE paraît assurée dans tous les cas de figure.

                         

La campagne électorale :

Elle débute réellement dans la circonscription  fin janvier avec la mise au point (sur les " i ": "L'Indépendant" du 27/1) de Jean MADRÉNAS candidat de l'UPF (UDF-RPR) et une présentation de tous les candidats de cette formation  ("L'Indépendant", 3/2). Le suppléant est E. CHILLON, maire de Montesquieu (commerçant).

  À Perpignan, J. CHIRAC, venu soutenir les candidats, fustigera "les candidatures sauvages" de J.-P. ALDUY et de J. RÈDE, jugeant que les ambitions personnelles ne doivent pas prévaloir sur les accords conclus nationalement entre l'UDF et le RPR ("L'Indépendant", 6/2). Dans son discours sera abordé le problème de l'indemnisation des rapatriés et des harkis, ainsi que le malaise agricole face à la PAC et des accords du GATT entre Bruxelles et les USA, vis-à-vis desquels le RPR ne se sent pas lié.

L'après-midi,  à la sortie d'une réunion d'anciens combattants avec  Narcisse PLANAS à la mairie d' Elne, MADRÉNAS est victime d'un grave attentat, sa voiture ayant été piégée par une bombe (très sophistiquée) (3). Maire de Bages et en cours de son second mandat, MADRÉNAS, 47 ans, ingénieur à l'EDF, père de deux enfants, avait déjà été victime dans la nuit du 18/12 à son domicile d'une bastonnade par deux individus en cagoule, ce qui avait nécessité une hospitalisation. Cette précédente affaire, sans mobile apparent, n'était toujours pas éclaircie.

Au cours d'un meeting du FN  à Perpignan, J.-M. LE PEN souligne le climat de violence qui règne en France et rappelle l'attentat dont fut victime de la même manière l'un de ses candidats (F. DUPRAT) en 1978, ainsi que les douze explosions de Nice ces derniers temps. Jean-Claude MARTINEZ prend la succession de P. SERGENT (décédé récemment) " dans un département où la magouille le dispute à la corruption . . . il est temps de faire souffler un vent nouveau". Le FN se maintiendra partout où il le pourra au second tour, " sauf si certains hommes bénéficient de notre estime, ou pour éliminer certains personnages corrompus ou néfastes".

B. LALONDE se demande si tous ces attentats  le long du littoral méditerranéen ne sont pas les premiers signes d'une présence mafieuse.

Au plan national, le début de campagne ne se présente pas sous les meilleures auspices pour le PS avec diverses affaires, soit économiques comme le transfert de la société Hoover de Dijon en Ecosse (ce qui en dit long sur "l'Europe sociale"), soit politiques avec la prescription des poursuites possibles en Haute cour de FABIUS, HERVÉ et DUFOIX (prescription évidente dès l'origine du point de vue strictement juridique), et le prêt sans intérêt  accordé par Roger-Patrice PELAT à P. BÉRÉGOVOY ("Le Canard enchaîné" le 3/2, et "Libération" le 6/2).

La semaine avait d'ailleurs mal débuté avec un sondage indiquant les écologistes au niveau du PS, puis par un article paru dans "France-soir" du 2/2 portant en manchette "Chômage la déferlante. Les licenciements prévus en 1993: la carte qui fait frémir". Texte qui répond à la défense des " acquis sociaux " qui semble être le seul programme du PS. La polémique engagée sur ce terrain par le PS contre la victoire probable de l'UPF conduit les leaders de droite à préciser leurs intentions dans ce domaine. Le programme de l'UPF, fortement influencé par BALLADUR, est d'une prudence extrême dans ses propositions et dans les effets annoncés à court terme (c'est-à-dire avant les présidentielles de 95).

Dans notre circonscription, où la liste des candidats n'est peut-être  pas encore close, nous en sommes ("L'Indépendant", 11/2) à neuf avec l'apparition d'un "catalaniste" de l'Esquerra Republicana (Jordi VERA) et  Jean-Pierre TAVERNIER soutenu par le Parti des travailleurs.

 

Mais c'est naturellement l'affaire MADRÉNAS qui fait l'objet de toutes les discussions sur le front de mer, les hypothèses allant bon train, tout un chacun se découvre une vocation de "Navarro" (4).  Outre celle qui semble recueillir le plus d'adeptes, amplement développée par la presse locale reprenant les propres déclarations de MADRÉNAS (l'aspect politico-financier et d'intimidation du candidat pour le faire renoncer à se présenter), il en est une autre qui n'est pas évoquée concernant une forte saisie de drogue il y a quelques mois, justement dans la région de Bages (à laquelle "L'Indépendant" ne fait pas allusion). Les calculs ont bien montré que ce candidat avait bien peu de chances (c'est le cas de le dire) de l'emporter du fait de l'existence de primaire; alors à qui profite le crime?, et le maintien de MADRÉNAS est-il encore concevable malgré les  affirmations de l'intéressé?

La conférence de presse ("L'Indépendant, 18/2) tenue depuis son lit d'hôpital par MADRÉNAS, sévèrement protégé par la police, ne laisse aucune ambiguïté sur les soupçons du candidat visant le milieu politique et des affaires sur la Côte Vermeille. Ces déclarations seront amplement répercutées par la presse nationale ("Libération", 18/2). Mais sans  apporter, du moins publiquement, d'éléments concrets.

Dans cette direction sera évoqué les cas de la société (SIADE PO) promoteur de Port-Méry (projets d'aménagement de Paulilles) et la vente de la maison de retraite de Port-Vendres à une société anglaise: Holding Sandur Holidays ("El Punt",19/2).

Ces informations locales seront bientôt amplement relayées par la presse nationale ("Le Journal du Dimanche", 21/2; "Le Monde", 24/2 (5).

 

Le maire de Banyuls ne pouvait pas ne pas  réagir aux propos réitérés de MADRÉNAS, ce qu'il fera dans "l'Indépendant" du 18/2, puis lors d'une conférence de presse tenue au Conseil général ("L'Indépendant", 24/2; "Midi Libre", 24/2) dans laquelle il déclare être victime de terrorisme intellectuel. Il parle de la possibilité pour certains d'avoir cherché à brouiller les pistes et de détourner l'attention du véritable motif de cet attentat. Un ultimatum est lancé par RÈDE à MADRÉNAS avant le 1er mars. Ultimatum d'ailleurs refusé, car sans objet d'après ce dernier.

Naturellement comme en pareil cas, lettres anonymes et vraies-fausses informations circulent, jusqu'à évoquer de "mystérieuses réunions de loge maçonnique du côté de Gérone", rappelant un tract anonyme intitulé "L'Honneur des Catalans"  largement répandu (au moins à Banyuls et Sorède, N. de l'a). Sans doute d' ex-proches déçus du maire de Banyuls.

 

À la date du 1er mars la lumière sur "l'affaire MADRÉNAS " semble ne plus devoir venir que de l'enquête judiciaire en cours. Elle ne peut pas ne pas avoir de conséquences sur les résultats du 1er tour. Quelles peuvent-elles être:

1- Une certaine suspicion vis-à-vis de RÈDE (notamment par l'évocation dans la presse  de certaines personnes de son entourage politique, membre du RPR et ancien du SAC)

2- Le discrédit lancé par la victime MADRÉNAS sur de prétendu politico-affairisme de droite sur la Côte Vermeille, mais MADRÉNAS se montre "irresponsable" dans ses affirmations. Le manque de clarté de sa part et le fait qu'il ne peut pas ne pas connaître la cause de son attentat revient souvent dans les conversations (6). Les plaintes en diffamation du maire de Port-Vendres, comme de J.-C. MÉRY contre les "médias" (qui n'ont fait que reprendre les déclarations de MADRÉNAS et les activités tous azimuts des services de police judiciaire et fiscale), ne sont pas de nature à renforcer sa candidature.

En conclusion: un écart moins important que prévu initialement entre RÈDE et MADRÉNAS, un léger accroissement en faveur de CLOSTERMANN (malgré son article démagogique paru dans "L'Indépendant" du 20/2), enfin peut-être quelques abstentions supplémentaires (renforcées par les querelles BARATE-ALDUY père, et d'une manière plus générale les trop nombreuses "primaires" à droite.

Ainsi les calculs précédents paraissent devoir être légèrement modifiés, mais non fondamentalement malgré les événements survenus depuis la fin janvier.

 

Les candidats définitivement déclarés sont au nombre de onze :

 

1- Pour l'Alliance des Français pour le progrès: Henri SICRE, maire de Céret, conseiller général et député sortant, avec comme suppléant René OLIVE, maire de Thuir et conseiller général. [n'ayons pas peur des mots, en fait le PS ! N. de l'a.]

2- Pour l'ERC (Esquerra Republicana de Catalunya): Jordi VERA, suppléant Univers BERTRANA.

3- Pour l'Entente des Ecologistes (Les Verts & Génération Ecologie): le docteur Michel PARRAT et sa suppléante Edwige PIA.

4- Pour  l'Union pour la France (UDF-RPR): Jean MADRÉNAS, maire de Bages et son suppléant Edouard CHILLON, maire de Montesquieu des Alberes.

5- Jean RÈDE, maire de Banyuls, Vice-Président du Conseil général et son suppléant Christian GALY, viticulteur à Bages, membre de la Chambre d'Agriculture et du C.D.J..A.

6- Pour le CNI: Jacques CLOSTERMANN, pilote à Air-Inter et son suppléant Jean-Michel BARLET, conseiller municipal de Céret.

7- Soutenu par le Parti des Travailleurs: Jean-Pierre TAVERNIER, maire adjoint d'Oms, et sa suppléante Emma DIAZ DE BEGAR.

8- Pour l'Union Nationale Ecologistes (Parti Pour la Défense des Animaux et le Mouvement Universaliste): Madeleine VERDIER, vendeuse, responsable d'associations, et sa suppléante Alice SAUVE, retraitée

9- Pour le PCF: Roland MONELLS, Secrétaire fédéral, conseiller régional, et son suppléant Jacques MAJESTER, cadre PTT.

10- Pour la LCR: Bernard CHOLET, Militant syndical SNCF et son suppléant Antoine BERNABEU, Agent commercial, ex-militant du PCF.

11- Pour le FN: Gérard MONTERRAT, ingénieur agronome, horticulteur à Elne, conseiller régional.

 

La campagne, au demeurant fort calme (enfin !), consiste principalement en séries d'articles dans "L'Indépendant" et en tournées des marchés. Peu de public lors des réunions, comme par exemple à Banyuls où la venue de R. MONELLS à la salle Novelty n'avait attiré qu'un auditeur . . . moi ! Pas beaucoup plus à Céret pour le candidat de l'entente des écologistes M. PARRAT ("L'Indépendant, 13/3).  Davantage de public pour RÈDE lors d'un repas à base des traditionnelles "boles de picoulats" le 14 mars sous un chapiteau (environ 700 personnes venant des diverses communes du canton et d'ailleurs). Peu de tracts dans les boîtes aux lettres.

On notera que  la presse nationale évoquera le cas MADRÉNAS, qui figurera en couverture de "L'Express" (4/3) et du "Point" (N°1069, 13-19/3), et lui donnera (après simulation) autant de chance d'être élu qu'à SICRE.

 

Résultats (1er tour):

                          Banyuls                   Circonscription                      Métropole

Inscrits:           3853 (-33/92)            71376 (+1265/92)         37795633

Abst:                 965 (25%)                22105 (30,96%)                    30,69%

Votants:          2888 (75%)                49271 (69,04 -)                     69,30  -

Nuls:                 112 (  3,9%)               3085 (  6,26-)                         5,29  -

Exprimés:       2776 (72,05%)            46186 (64,71-)                      65,64 -

 

VERA:                 28 (  1,0 %)                753 (  1,63 -)                        

CHOLET:            13 (  0,5  -)                 350 (  0,76 -)                        

TAVERNIER:     18 (  0,7 - )                 558 ( 1,21 -)                         

MONELLS:         67 (  6,0 - )               4860 (10,52 - )                       

SICRE:              471 (17,0 -)             11062 (23,95 -)                     

PARRAT:          144 (  5,2 -)                3061 (  6,63 -)                         

VERDIER:          54 (  1,9 -)                1299 (  2,81 -)                           

RÈDE:             1424 (  51,3 -)               5952 (12,89 -)                         

MADRENAS:     186 (13,1 -)              6180 (13,38 -)                      

CLOSTERMANN: 72 (2,6 -)               4441 (9,62 -)                           

MONTERRAT:                                     199 (7,2 -)     7670 (16,61 -)                       

 

Métropole: Régionalistes: 0,06% S.E.; Extr-G: 2,38% S.E. (LCR: 1,69%); PCF: 9,14% S.E.; Les Verts: 7,8% S.E.; PS + MRG: 19,24% S.E.; Divers Ecol.: 2,56% S.E.; Divers Droite: 4,34%; UPF: 39,62% [RPR: 19,69%;  UDF: 18,84%]; FN: 12,69% S.E

 

Remarques:

1- Les abstentions sont naturellement inférieures à Banyuls, par rapport à la circonscription et à la métropole, du fait de la présence du maire de la commune dans la compétition. Elles sont du même ordre que lors des régionales de 1992 dans la circonscription (+1,6%).

Le nombre des inscrits à Banyuls est en légère diminution du fait d'une révision des listes et des radiations qui s'ensuivirent (-33/1992). On remarque que les abstentions sont supérieures à celles des cantonales (1er tour) de +147 électeurs, et des régionales de +93 électeurs.

Les votes blancs et nuls sont légèrement supérieurs à ceux de 1992 (+0,28% pour la circonscription). A Banyuls ils se situent entre les cantonales et les régionales (85,112,124)

Les bulletins exprimés sont sensiblement identiques dans la circonscription entre les deux élections, bien que légèrement inférieurs pour ces législatives (-507/ 92 ou -1,9%), alors que le nombre des inscrits s'est accrû de +1265. La barre des 12,5% sera donc de 8922.

Observons que l'on se situait dans la situation prévisionnelle indiquée ci-dessus.

 

2- Le député sortant H. SICRE améliore le score du PS par rapport aux régionales (+1308 voix / 92), mais perd néanmoins 7359 voix par rapport aux législatives de 1988 (-17,26%). Avec 23,95%/Exprimés l'érosion est moindre que pour le PS au plan national, ce qui lui permet de dépasser la barre des 12,5% de 2140 voix.

Nous estimions à 8615 voix son score, soit une erreur de 2447 voix que l'on retrouve sans doute presque en totalité dans le "déficit" des écologistes. Il est ainsi devant le FN qui ne réalise pas non plus son score des Régionales. La conjonction de ces deux "déficits" explique son classement en tête.

A Banyuls, il fait mieux que lors des cantonales et régionales (400,412,471) mais est naturellement loin de retrouver son score du 1er tour de 1988 (-521 voix).

On constate une perte de plus de la moitié de l'électorat socialiste en 5 ans d'exercice du pouvoir! La personne du député n'est cependant pas directement en cause, ce qui explique qu'il réalise un meilleur pourcentage que son parti. 

 

3- Les écologistes (pris au sens large) sont en net recul dans la circonscription par rapport aux régionales de 92 (-1696 voix, soit -3,52%). Ils font un score inférieur à celui de la métropole (-0,92%). Ils sont cependant en progrès par rapport aux législatives de 1988 (+1666 voix), passant de 6,02% à 9,44% (+3,42%) dans l'ensemble de la circonscription.

Nos prévisions ne sont pas respectées de -1940 voix,  laissant supposer un vote pour le candidat du PS, au moins en partie.

A Banyuls leur score, faible en 1988 (132 voix), progressait aux Cantonales (426 voix) et aux Régionales (515 voix), pour s'effondrer à ces Législatives (198 voix). La campagne du candidat  de "l'Entente" n'a pas été à la hauteur des circonstances (non-présence manifeste sur le terrain, action faible, sinon nulle, des membres locaux de son mouvement, etc.).

 

4- Le PCF perd des voix par rapport aux cantonales de 92 (-661 voix, -1,83%) et aux Régionales (-265 voix, -0,45%). Mais contrairement aux élections précédentes les deux nouveaux candidats d'extrême gauche font 908 voix.

Par rapport à la métropole, son score est de peu supérieur  (+1,38%). Il est légèrement inférieur à nos prévisions de près de ≈ 1000 voix dans la circonscription.

A Banyuls il régresse par rapport à 1988 (-53 voix). Cette érosion lente et continuelle d'élection en élection, alors que le nombre des inscrits s'accroît, paraît inexorable.

 

5- MADRÉNAS ne peut réaliser les 39,62% obtenu par l'UPF au plan national  (-26,24%) du fait des deux candidats "sauvages" qui obtiennent 22,51%. Sans leur présence, il aurait pu prétendre à un total de 16573 voix, le plaçant largement en tête des candidats. Son élection étant assurée au second tour! Mais comme chacun sait la discipline politique n'est pas la vertu la mieux partagée dans ce département . . . sans distinction d'étiquette depuis (déjà) les Législatives de 1936! où un communiste dissident s'était présenté.

Nos prévisions (début janvier, bien avant l'attentat) ne lui accordaient guère plus de 5000 voix, d'où une erreur de -1180 voix (mais le nombre des inscrits est en augmentation par rapport à 1992). Son accident et son courage personnel ont juste équilibré son potentiel dû à son investiture UPF, par rapport à ses déclarations intempestives et à une certaine suspicion. A Banyuls il est largement derrière RÈDE,  ne ralliant guère que les opposants UDF à la candidature de ce dernier. La comparaison avec les Cantonales est significative à ce sujet (220 voix à VILA et 186 à MADRÉNAS).

 

6- RÈDE  en congé de parti du RPR, mais soutenu par de nombreux militants, fait un score honorable: 51,3% dans sa commune (mais mieux que le docteur André PARCÉ en 1956, maire de Banyuls, avec 44,04%) et 12,89% dans l'ensemble de la circonscription. Malgré une campagne précoce et active, il apparaît la seconde victime (politique s'entend) des événements dramatiques évoqués ci-dessus et rapportés par l'ensemble d'une presse locale et nationale hostile à son égard, et dans certains cas à la limite de la décence (et c'est un euphémisme !), mais il est vrai exploitant des propos (scandaleux à mon sens N. de l'a) de son concurrent MADRÉNAS.

Si RÈDE pouvait espérer être en tête des candidats de l'opposition dans des conditions normales de campagne, il ne paraît pas assuré (et depuis décembre) qu'il aurait pu dépasser le score du Front National. La partie était cependant à coup sûr jouable. Une primaire hautement souhaitée par le candidat aurait pu être accordée par les instances nationales RPR-UDF. Mais celles-ci ne pouvaient entériner trop d'exceptions à la règle de candidature commune, plus que souhaitée par l'électorat de droite.

Son score à Banyuls est bien supérieur à celui du candidat unique de l'URC (RPR-UDF) en 1988: + 586 voix; il ne retrouve pas cependant toutes ses voix des Cantonales: - 202, en raison sans doute à des abstentionnistes.

 

7- Qu'est venu faire l'honorable CLOSTERMANN dans ce jeu de quilles? Son résultat étonne quelque peu. Qui connaît le CNI ici? et comment prétendre revendiquer en même temps un label de RPR militant et être intronisé par les instances parisiennes dans cette circonscription ("L'Indépendant", 24/3 & 25/3)? Parti de 500 à 1000 voix en début de campagne (militaires à la retraite, commerçants ou entrepreneurs, et archéo-gaullistes?), on ne peut expliquer un total de 4441 voix que par l'effet de déflagration de la bombe (stricto sensu ), et plus indirectement de l'accolade de C. PASQUA lors de son meeting à Perpignan, et son exploitation par l'intéressé lui-même ("L'Indépendant, 4 et 5/3). Il a sans doute bénéficié également d'une partie du vote des diverses droites quelque peu désorientées et estimées à 3000 voix .

À Banyuls la discipline RPR n'a pas joué en sa faveur, et il réalise le pourcentage qu'il aurait en partie fait sur l'ensemble de la circonscription si RÈDE avait pu disputer des primaires avec le seul label RPR.

 

En somme le RPR jouait placé sur trois candidats potentiels: l'investi officiel MADRÉNAS, le "en congé de parti" RÈDE et le "sous-marin" CLOSTERMANN. Situation cocasse mais non originale dans notre département, où des exemples peuvent être cités à gauche dans le passé (comme le cas de la défaite de SOUM en 1988 grâce à la présence d'un concurrent du même parti!) (7). Il est facile de calculer qu'un seul de ces trois candidats aurait obtenu un score de 16 573 voix assurant à coup sûr son élection au second tour. Dans ces conditions, il ne fallait pas être devin pour pronostiquer leur auto-élimination compte tenu de la barre des 12,5% (8922 voix) pour pouvoir se maintenir au second tour.

Que se serait-il passé sans la sinistre mésaventure advenue à MADRÉNAS ?

Si l'on envisage un déroulement de campagne "normal", on peut faire les hypothèses raisonnables suivantes: CLOSTERMANN ≤  2000 voix, MADRÉNAS ≈ 6000 voix, RÈDE ≈ 8500.

Compte tenu du relatif "mauvais" score du FN, RÈDE se retrouvait second derrière SICRE, et avait dans ces conditions toutes les chances de l'emporter au second tour! Qui oserait prétendre que la partie n'était pas jouable fin janvier. C'est du moins ce dont J. Rède était convaincu.

 

8- Le Front National ne réalise pas le score prévu initialement, et perd par rapport aux Régionales -1451 voix (-2,92%) sur l'ensemble de la circonscription, où l'on observe cependant un pourcentage supérieur à celui de la métropole (+3,92%). Ceci est traditionnel dans de nombreuses villes méditerranéennes (conjonction d'une insécurité grandissante et de la présence d'ex pieds-noirs). Il progresse en voix dans le canton de la Côte Vermeille: +195 (+3,85%) par rapport aux Cantonales, mais en perd beaucoup dans le même canton par rapport aux Régionales  -534 (-6,11%). La nature des deux scrutins explique cette divergence: la personnalisation locale l'emportant sur le réflexe de parti. Un peu moins de la moitié de l'électorat du FN est disciplinée dans le canton.

Contrairement à nos prévisions, le FN ne passe pas la barre des 12,5% à 1252 voix près. Tout laisse supposer que certains de ces électeurs ont voté "plus utile" en se portant directement sur l'un des candidats de droite (sans doute RÈDE). Il n'a échappé non plus  à personne que le candidat du FN n'était pas un foudre de guerre ("L'Indépendant", 17/3), et a mené une campagne "pépère" qui contraste avec le style de son leader national. Il aurait pu offrir quelques roses de sa production aux électrices sur les marchés. Ses écrits n'étaient pas non plus d'une très grande originalité.

À Banyuls, il progresse modestement par rapport aux Cantonales (+55) mais est l'un des très rares candidats à reculer par rapport aux Législatives de 1988 (-82 voix). Il est encore plus en recul par rapport aux Régionales (-242 voix).

 

Les prévisions initiales réalisées trois mois avant l'élection (sans avoir connaissance du nombre réel des inscrits) montrent une estimation très correcte au niveau des bulletins exprimés: ≈ 46 000 , et une répartition des voix entre les candidats avec  une erreur moyenne de 1812 voix, soit de 2,5% par rapport aux inscrits, et 3,92% par rapport aux exprimés. En ce qui concerne le total des droites (FN exclu) il est à - 2224 voix près.

Les écarts par rapport aux prévisions sont dans l'ordre décroissant: CLOSTERMANN: -4000, SICRE: - 2447, Écologistes: -1940, MADRÉNAS: -1680, FN: -1630, RÈDE: - 548, PCF: - 440. Les autres candidats ne sont pas pris en compte.

Il est probable que ces écarts mesurent les effets de la campagne sur les plans national (écologistes) et local (candidats de droite et FN), alors que SICRE subit une érosion normale.

Le second tour qui voit s'opposer SICRE au FN. Le premier ne peut mathématiquement perdre son siège du fait d'un apport des autres candidats de gauche, d'une grande partie des écologistes et de la droite modérée (même sans enthousiasme) plus quelques abstentionnistes du 1er tour (≈ 22 500). Le FN progressera sensiblement en retrouvant les voix des régionales et d'une partie de la droite (plus de 1/3) soit ≈ 16 000.  Il y aurait donc ≈ 38500 bulletins exprimés soit 54%; 36% d'abstentions et ≈ 10% blancs et nuls. D'où SICRE ≈ 58,45% et MONTERRAT ≈ 41,55%.

Dans leurs remerciements aux électeurs, les divers candidats éliminés au 1er tour appellent soit à voter pour SICRE (Entente des écologistes, PCF, B. CHOLET), soit ne recommandent rien comme  Lutte ouvrière et la LCR, dont J.-P. TAVERNIER, le CNI), soit conseillent de se rendre malgré tout (. . . malgré les candidats restants) aux urnes (Unitat Catalana, J. MADRÉNAS) (8), soit resteront silencieux comme RÈDE et CLOSTERMANN) (bien que son suppléant appelle nettement à voter contre SICRE , donc pour. . . , il est vrai qu'il est conseiller municipal de Céret ("L'Indépendant", 29/3) ce qui ne constitue cependant pas une excuse.

 

Au plan national, la déroute du PS, baptisé avant les élections Alliance des Français pour le progrès (tout un symbole) n'est une surprise pour personne. Ni le chef du parti L. FABIUS, ni le Premier ministre P. BÉRÉGOVOY, quelque peu discrédités ne sont en mesure de conduire une campagne dynamique et d'ailleurs sans perspective d'avenir (d'autant que MITTERRAND est dévalué dans les sondages … et fataliste devant les événements). Toujours le même slogan: votez pour nous puisque les autres sont pires!  Ainsi la droite gagne par défaut, même si elle ne gagne pas réellement en voix. Ses leaders se montrent toutefois prudents et se retiennent (difficilement) de tout triomphalisme précoce, se souvenant sans doute de la cruelle déconvenue de 1967 (puisque après un 1er tour très favorable, le chant de victoire entamé trop tôt,  s'était terminé  au second par une avance d'un seul siège, grâce à celui de Wallis et Futuna!). Mais cette fois ci rien à craindre, la seule question étant de savoir si la future majorité emportera 450 ou 500 sièges, et quels seront les "éléphants" du PS qui rejoindront le cimetière du même nom.

 

Résultats (2 ème tour):

                               Banyuls                          Circonscription           Métropole

Inscrits:             3851                                               71370                         32.961.307

Abst:                 1312 (34,06%)                    21251 (29,78%)         (32,24 % )     

Votants:             2539 (65,93 -)                     50119 (70,22  -)         (67,75   - )     

Nuls:                   297 (11,7   -)                       6267 (12,50  -)         (  9,04   - )       

S. Expr:             2242 (58,22 -)                     43852 (61,44  -)         (61,09   - )

 

SICRE:              1282 (57,18-) (4)     25125 (57,29 -)              

MONTERRAT:                                               960 (42,82-)           18727 (42,71 -)                

 

Métropole: PS : 31,24 %; FN : 5,78 %

 

Remarques :

1- Les abstentions  sont cette fois supérieures à Banyuls par rapport à la circonscription du fait de l'élimination de son maire au second tour (+9,06%). Aux 763 inscrits qui ne se sont déplacés à aucun des deux tours, il convient d'ajouter 542 électeurs qui ne sont pas revenus, alors que 199 abstentionnistes du 1er tour se sont déplacés pour voter.

Comme il est traditionnel les abstentions sont globalement inférieures au second tour par rapport au premier si l'on considère l'ensemble de la circonscription (-1,18%), et cela malgré la caractéristique des candidats en présence (PS-FN). Mais elles sont supérieures pour la métropole de +1,55%. 

Il y a en fait moins d'abstentions que dans nos prévisions initiales (-6,22%) pour la circonscription. Il sera intéressant de mesurer l'ampleur du "chassé-croisé" des abstentionnistes entre les deux tours (Cela nécessite néanmoins un examen des cahiers d'émargements (9).

Le calcul  des %  obtenus pour les deux candidats n'est cependant pas affecté et demeure tout à fait correct. Mais il n'en demeure pas moins que l'estimation du nombre des bulletins exprimés reste dans ce domaine l'élément essentiel de toute bonne prévision électorale. 

 

Les votes blancs ou nuls sont en forte augmentation (cela était prévisible) de +7,8% à Banyuls, + 6,24% pour la circonscription et + 3,75% en Métropole.

Un examen de ces bulletins à Banyuls révèle dans la majorité des cas des enveloppes vides, avec des papiers blancs ou des bulletins déchirés, un mélange des bulletins des deux candidats, de très rares bulletins au nom de RÈDE (10),  et très exceptionnellement des bulletins avec commentaires (comme par exemple l'un écrit en catalan signé "La Fina de l'Eularia" (11), un autre avec la mention sur un bulletin de SICRE: Alliance des Français pour le progrès remplacé par: Parti Socialiste, enfin un bulletin très élaboré, avec caricature grossière et commentaire du même ordre concernant l'un des candidats du 1er tour).

 

2- SICRE progresse de + 811 voix à Banyuls, et de +14 063 dans la circonscription.

Théoriquement il pouvait compter  à Banyuls sur un report de 324 voix (plus difficile d'ajouter à coup sûr  les 100 voix (VERA+TAVERNIER+VERDIER). Si l'on estime à 354 voix les reports, il y aurait 457 abstentionnistes du 1er tour en renfort. On observe que ce ne peut être le cas puisqu'il n'y a eu que 199 abstentionnistes du 1er tour en renfort au second, il prend donc sans doute une grande partie des voix de MADRÈNAS et la presque totalité des voix de "gauche". Si les reports sont presque parfaits, il reste 387 voix à trouver soit: 199 + 186 = 385 (hypothèse vérifiée)

Dans la circonscription, il pouvait compter sur un report de +8281 voix (CHOLET+PCF+Ecolo) et peut-être une partie (VERA+TAVERNIER+VERDIER = 2610 voix), soit un total de ≈ 9600 voix, reste donc 4463 abstentionnistes du 1er tour qui se serait mobilisé en sa faveur (soit 6,25% des inscrits).

  Il est réélu avec - 0,74% des S. Exprimés par rapport à 1988, et une perte de 2411 voix. Notons que le nombre des inscrits est en augmentation dans la circonscription de + 4321 électeurs / 1988.

 

3 - MONTERRAT progresse à Banyuls de +761 voix, et dans la circonscription de +11057 voix. A Banyuls il gagne 45,2% de l'électorat des trois autres candidats de droite si l'on suppose un apport quasi nul d'abstentionnistes du 1er tour; dans cette hypothèse il gagne 66,72% de cet électorat dans la circonscription (ce qui paraît surprenant). il gagne en fait une très grande partie des votants pour RÈDE au 1er tour: 1424 - 542 = 882 voix disponibles au second tour pour MONTERRRAT (si l'on suppose que les 542 votants du 1er tour qui ne sont pas revenus au second étaient principalement des électeurs pour RÈDE) 

Notons qu'à Port-Vendres il progresse de + 625 voix (RÈDE + MADRÉNAS + CLOSTERMANN = 1043) soit 59,92% de cet électorat.  A Elne la progression est de +696  voix (842 pour les 3 autres candidats), soit 82,66%!  A Collioure + 550 (687 pour les 3 autres) soit 80%. À Argelès (où le maire est socialiste) + 961 (1298) soit 74%. Mais à Coustouges + 4 (15) soit 28,6%. Dans de nombreuses communes, il dépasse son concurrent: Saint-André, St Genis-des-Fontaines, Sorède.

Il apparaît, à l'évidence, qu'un très fort pourcentage de l'électorat de la droite modérée n'a pas hésité à se reporter sur le candidat du FN. Ce phénomène ne sera pas sans répercussion lors des prochaines municipales en 1995.

 

  Au plan national  les résultats sont sans surprise: avec 485 députés sur 577 (207 UDF + 242 RPR + 35 Div.D +1 CNI) la droite remporte, grâce au mode de scrutin majoritaire, une victoire historique (12). Le PCF  avec 24 députés (- 3/ 1988)  évite de se retrouver sans groupe parlementaire. Le PS avec 53 députés (- 205/ 1988) dispose du nombre nécessaire pour pouvoir déposer une motion de censure. Le MRG (dont Bernard TAPIE inscrit à cette formation juste avant le scrutin et élu dans une triangulaire grâce au maintien du FN) obtient 6 députés (- 4/ 1988), et  Majorité présidentielle 8 députés (-6 / 1988). 1 Divers.

Ni les écologistes, ni le FN  (-1/ 1988: Mme STIRBOIS à Dreux) n'obtiennent de sièges.

Si BÉRÉGOVOY (13) et FABIUS sont réélus, ROCARD et JOSPIN  sont battus (14). Les causes de cette déroute annoncée depuis des mois sont l'accroissement du chômage (3 millions au 1er avril), l'insécurité grandissante et généralisée, les contraintes de la politique européenne (d'où une déréglementation nationale), des taux d'intérêt trop élevés, une taxation sur le capital insuffisante, la loi d'amnistie,  quelques affaires financières et l'affaire du sang contaminé. Sans compter le déplorable Congrès de Rennes du PS et les deux leaders naturels de la campagne eux-mêmes atteints. Enfin une non-réforme du mode de scrutin (par exemple de type mixte avec une part de proportionnelle). Une accrétion critique explosive comme l'expliquera très bien Claude ALLÈGRE (15). L'ampleur du recul est générale dans toute la France démontrant à l'évidence que c'est une politique globale et un parti, voire la majorité présidentielle, qui sont sanctionnés par l'électorat de gauche (16).

  Cette situation n'est pas sans poser un grave problème existentiel au PS, comme l'avait déjà annoncé ROCARD entre les deux tours avec son détonnant "Big Bang", apprécié diversement par certains (FABIUS). Le PS confond depuis trop longtemps (avant 1981) tendances et nuances. Qu'y a-t-il de commun entre ceux qui ont encore quelques conceptions "marxistes" de l'histoire (CHEVÈNEMENT?) et les tendances social-démocrates de ROCARD et FABIUS, encore compliquées par des envies de présidentielles!  À leur décharge, le "contrôle" des multinationales et des mouvements de capitaux, comme du commerce extérieur ne sont pas aisés. Tant que le salaire d'un  Français égale celui de soixante-dix Asiatiques, il y a peu de solutions pour combiner plein emploi et non-récession. Y a-t-il une alternative (à court terme) entre les deux internationales que sont "libéralisme" et "trotskisme" ? ou une sorte de pasqualo-séguinisme (réminiscence du "gaullisme" ?), ou une réelle social-démocratie à définir clairement ?

La future élection européenne  de 1994 va-t-elle voir se substituer à l'ancien clivage gauche-droite, celui de pro- et anti-maastrichien (il s'agit, naturellement, plus du contenu social et de la préférence communautaire des accords, que du principe de l'union européenne lui-même), c'est du moins la piste de réflexion qu'indique Emmanuel TODD (cf. "Le Nouvel Observateur", N°1482, 1-7/4).  

 

Les écologistes ont été pratiquement tous éliminés dès le 1er tour, à l'exception de deux femmes D. VOYNET (Jura) et C. BARTHET (Haut-Rhin) battues au second tour, avec respectivement 46,13%  et 44,32% des S.E. Ces résultats démontrent toutefois que les reports des voix de gauche se sont bien réalisés en leur faveur.

Leur relatif médiocre résultat au 1er tour (avec tout de même près de 2 millions 756 000 voix) est imputable, sans doute en grande partie, au mode de scrutin qui a conduit des électeurs à voter "utile" (par exemple dans notre circonscription), et au fait d'une organisation moindre sur le terrain. Lors de leur autocritique post-électorale, ils incrimineront le principe du ni-ni (pas de choix entre la gauche et la droite, mais défense par A. WAECHTER d'une ligne autonome), et les critiques discourtoises à l'égard du gouvernement dont B. LALONDE a fait partie, sans parler d'un certain vedettariat de D. VOYNET (sans doute injustement, mais peu en accord avec la sensibilité du militant écolo). L'écologie justifie-t-elle l'existence d'un grand Parti ? Si pour la tendance des "Verts" cette position est défendable, pour d'autres  de la tendance "G.E." (LALONDE), et sans doute une part non négligeable d'ex-électeurs du PS, il n'en est pas de même. Les problèmes de l'environnement, comme d'ailleurs ceux de la sécurité publique ou de la formation professionnelle, relèvent de la politique globale propre à la philosophie politique de chacune des grandes formations. Ainsi nous avançons l'hypothèse que les résultats obtenus par les écologistes seront toujours meilleurs lors d'élections "intermédiaires" (Régionales, Européennes), ou d'affirmation de principe (Présidentielles), que lors d'élections de "gouvernement" (Municipales, Législatives).    

 

Aucune surprise dans le choix du Premier ministre de la seconde cohabitation avec Edouard BALLADUR (RPR proche de CHIRAC), qui dans l'attente de sa nomination par MITTERRAND, avait rédigé dans cette perspective un " Dictionnaire de la réforme" (à ne pas confondre avec la parution à la même époque d'un "Dictionnaire des girouettes", politiques s'entend !) (17). Question à 1 franc: qu'est-ce qui différencie BÉRÉGOVOY de BALLADUR. Réponse: un franc fort et un fort franc enchaîné au mark.

 

Notes annexes:

(1) Cf. "France soir" du 19/2/1993. Sur France 3, MITTERRAND contre l'appel de son ancien Premier ministre.

(2) Pierre  CLOSTERMANN: Le grand cirque. (1948). Feux du ciel. (1951). Edit. Flammarion (3) Dès l'annonce de l'attentat à la radio, Paul GARRIDOU a pressenti l'instigateur de ce crime (comm. à l'auteur).

(4) Série de la télévision qui a rendu célèbre le comédien Roger HANIN (beau-frère de MITTERRAND) alias commissaire Navarro, et dont les épisodes ont souvent une connotation sociologique.

(5) Si sur le fond l'article n'apporte aucun élément nouveau par rapport à la presse locale, il rappelle l'affaire du député FARRAN (qui ne se représente pas). Mais c'est surtout la forme qui surprend de la part de ce journal d'habitude plus réservé dans son mode d'expression.

(6) Au " Café du commerce" on évoque que les propos tenus par MADRÉNAS ne seraient pas étrangers à une simple question d'indemnisation par les Assurances. En effet comme il ne s'agit pas d'un accident du travail, ni d'un attentat terroriste prouvé, qui va payer une invalidation désormais à vie, et sur quel barème ?

(7) Déjà, lors des municipales des 10 et 17 mars 1959 à Perpignan où trois listes, dirigées chacune par un socialiste (SFIO ou dissident), se sont affrontées! et virent la victoire de Paul ALDUY (membre il est vrai du comité constitutionnel en charge de l'élaboration de la Constitution de la Ve République) toujours maire de cette ville à cette date. Cf. Daniel LIGOU: Histoire du socialisme en France (1871-1961). Edit. PUF (1962).

(8) MADRÉNAS déposera un recours "conservatoire" du fait que l'attentat, dont il a été victime, a faussé le déroulement de la campagne. Ce cas, semble-t-il unique, (généralement les mauvais coups, sinon les morts, sont entre les colleurs d'affiches rivaux), n'est pas prévu dans les décisions que peut prendre le Conseil constitutionnel (cf. "L'Indépendant" du 21/4/93)

Après de longues et minutieuses enquêtes "tous azimuts" comme cela a été évoqué, quatre suspects seront arrêtés, les deux hommes qui ont réalisé l'attentat, et le ou les commanditaires supposés, dont l'un n'est autre que Jean XATARD, candidat à la candidature, évincé au profit de MADRÉNAS (Cf. "L'Indépendant" des 16/12/93 et 21/12/93; "Le Monde" du 30/11/93). Les faits semblent confirmer le crime par jalousie d'un rival politique (Il est vrai que dans le contexte de cette fin d'année 1994 plus rien n'étonne sur la moralité de trop nombreux hommes politiques, ou à l'intérieur des partis, sans parler des dépenses des sociétés ou de grandes compagnies en leur faveur qui constituent des délits d'abus sociaux).

(9) Les cahiers d'émargements du second tour sont provisoirement conservés à la Préfecture suite au recours en annulation formulé par MADRÉNAS auprès du Conseil constitutionnel ("L'Indépendant", 21/4/93). Il va de soi que les résultats du 1er tour ne sont pas contestables même si l'attentat a pu fausser quelque peu le déroulement de la campagne mais non fondamentalement le classement des deux candidats arrivés en tête (N. de l'a.). L'écart entre MADRÉNAS et MONTERRAT est de 1490 voix, soit 3,23% des suffrages exprimés ou 2,08% des inscrits, mobilisation peut-être possible mais qui aurait pu également profiter à RÈDE. On notera surtout que le taux d'abstention est comparable à celui de la métropole.

L'examen des cahiers d'émargements (de retour à l'Hôtel de ville en août 93) montre que parmi les abstentionnistes: 763 ne sont venus à aucun des deux tours (soit 19,8%: pourcentage exceptionnellement élevé si on le compare aux 8,72%  constatés en 1981 et que j'ai dénommé "abstentionnisme chronique" ou constant), 542 ne sont venus qu'au 1er tour, et 199 qu'au second.

Une étude de l'INSEE ("Le Monde" du 4/8/1989) sur les participations électorales pour quatre consultations nationales (en 1988 et 1989) confirme nos propres calculs, à savoir qu'il se dégage trois groupes d'électeurs: les abstentionnistes chroniques (moyenne nationale: 8%) qui ne se sont déplacés à aucune de ces élections, ce nombre étant plus élevé dans les villes (11%) qu'en milieu rural (4%). Il est vrai que les révisions des listes électorales sont plus aisées en zone rurale qu'en zone urbaine. Les électeurs les plus assidus (32% des inscrits ont voté à un tour au moins à quatre scrutins. Au total, 60% de l'électorat ont participé à une, deux ou trois des quatre consultations.

Notons que sur le taux de 8,72% pour Banyuls, il s'agit partie d'abstentionnistes volontaires, et en partie (encore difficile à calculer) d'électeurs dont l'inscription ne se justifie plus dans la commune et qui n'ont pas pris la précaution de demander leur radiation. 

Si l'on cumule ces 542 voix à celles obtenues par le FN au second tour on obtient à -78 voix près le score de RÈDE du 1er tour. Il est évident que ces deux catégories d'électeurs sont en forte corrélation.

Il est aussi possible de mesurer la force électorale de la droite modérée: si l'on fait l'hypothèse qu'elle  comprend les 186 voix de MADRÉNAs on obtient un score proche de celui réalisé par VILA lors des Cantonales de mars 92 (220 voix). Mais il est probable que ce nombre soit minoré du fait du taux relativement élevé des abstentionnistes du 1er tour qui constituent une réserve d'électeurs à peu près équivalente. Ce fait devra être pris en compte pour les futures élections municipales pour lesquelles 3 listes donneraient (actuellement) la victoire à RÈDE, alors qu'une liste de large union démocratique conduit à un résultat incertain (fourchette de ± 150 voix).

(10) Lors de la proclamation des résultats à Banyuls, J. RÈDE innove en donnant les pourcentages obtenus pour chacun des candidats par rapport aux inscrits et non aux exprimés!

Le Comité départemental du RPR, présidé par C. BARATE, réintègre dans le parti J. RÈDE. L'argument avancé par A. LOPEZ (délégué cantonal et responsable de la section banulencque du RPR) est le score de 53% fait par le maire dans sa ville (en fait seulement 36,96% par rapport aux Inscrits; 49,30% / Votants et 51,29% / Exprimés) ["L'Indépendant" du 12/10/93]

(11) Talira - Talera

               Tant val Pav com en Pera

                Per enviar beneits a Paris no val la pena de gastar un dineral de papeis i de sous

(12) Résultat pour les diverses composantes de l' UDF: CDS 57 (+10 / 1988); UDF adhérant direct: 26 (+9 / 88); UDF-Rad: 13 (+10 / 88); UDF-PSD: 7 (+5 / 88); UDF-PR: 104 (+44 / 88).

Les précédents historiques à droite sont en 1919 la Chambre dite "bleu horizon" avec 400 députés sur 551, en 1958 avec la Chambre dite "introuvable ou des godillots" avec 388 députés sur 537, et en 1968 avec le parti dit "de la trouille" avec 381 députés sur 487. J-P SOISSON, ministre de l'agriculture du gouvernement BÉRÉGOVOY, est triomphalement élu (63,02%) contre un . . . UDF-PR (parti dont il avait été l'un des cofondateurs sous GISCARD!)

(13) P. BÉRÉGOVOY se suicidera le 1 er mai 1993. Se sentant responsable de l'échec de la gauche (l'homme du franc fort, victime du coût de la réunification allemande et des critères monétaires de la Communauté européenne), et de l'affaire du prêt de M. PELAT liée au délit d'initié de Péchiney, son état dépressif était réel. Peut-être lui aura-t-on fait "couvrir sinon avaler" d'autres anomalies (comme dans les affaires d' ELF-Aquitaine ?). Chahuté lors d'un meeting électoral à Orléans par les ouvriers dont il était issu et répercuté dans les médias, nul doute ne subsiste sur son geste fatal. Cf. P. Favier & M. Martin -Roland: La décennie Mitterrand 4. Les déchirements. Edit. Seuil, 1999 (p.421-426) et "Le Journal du Dimanche" du 4 mai 2003. Ses obsèques donneront malencontreusement l'occasion à F. MITTERRAND d' avoir une expression qui fera polémique en traitant certains journalistes de chiens. Cf. E. Plenel: Un temps de chien. Edit. Stock (1994).

(14) Autres personnalités du PS battus: R. DUMAS (Dordogne), A. LAIGNEL (Indre), L. MERMAZ (Isère), J. AUROUX (Roanne), M. DELBARRE (Dunkerque), H. NALLET (Yonne), C. EVIN (Saint-Nazaire), E. HERVÉ (Rennes), F. BREDIN (Seine-Maritime) J.-J. QUEYRANNE (Rhône), M. VAUZELLE (Bouches-du-Rhône), J. LE GARREC (Nord), B. POIGNANT (Finistère), J.-C. CAMBADÉLIS (Paris 20è), Y. ROUDY (Lisieux), F. LONCLE (Eure), J.-Y. LE DRIAN (Lorient), J.-P. BACHY (Ardennes), C. ESTÈVE (Pyrénées-Orientales), A. BILLARDON (Saône-et-Loire), O. STIRN (Calvados), C. PIERRET (Vosges), G. MITTERRAND (Gironde); pour le MRG J.-M. BAYLET (Tarn-et-Garonne), F. DOUBIN (Orne), M. CRÉPEAU (La Rochelle); pour la majorité présidentielle : K. YAMGNANE (Finistère), J.-N. JEANNENEY (Haute-Saône).  Un véritable tour de France des désaveux! Cf. Jean-Marie COLOMBANI: La gauche survivra-t-elle aux socialistes?

(15) Cf.  Claude ALLÈGRE: Introduction à une Histoire naturelle. (1992). Cf.: Dieu face à la science. (1997). Edit. Fayard (1997).

(16) Le PS avait recueilli  8,9 millions de voix au 1er tour de 1988 contre seulement  4,7 millions à cette élection. Au second tour face à un candidat UDF-RPR il obtenait 53% des voix en 1988 contre moins de 45% cette fois-ci. [Cf. "Le Nouvel Obs", N°1482, 1-7/4]. La coalition UDF-RPR: 9,9 millions au 1er tour de 1988 (RPR: 19,18%, UDF: 18,49%) contre 10 millions au 1er tour de cette élection (RPR: 20,39%, UDF: 19,08%). On observe que l'alliance UDF-RPR n'a pas sensiblement accrû  ses voix de 1988 à 1993.

Le nombre des inscrits n'a progressé qu'un d'un million depuis 1988. 

(17) Par S. COIGNARD & M. RICHARD (op. cit., 1993). Notons que ce genre d'ouvrage, fort instructif, n'est pas fréquent puisque le précédent sous le pseudonyme de Orion remonte à 1948.

 

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