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Histoire électorale de Banyuls sur mer
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Claude Razouls-1

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27 août 2017

50 - Législatives des 5 et 12 juin 1988

50 - Législatives des 5 et 12 juin 1988

 

Au cours du premier gouvernement dit de cohabitation de 1986 à 1988, CHIRAC alors Premier ministre, a fait rétablir le scrutin majoritaire d'arrondissement (23/5/86). Les ordonnances sur le redécoupage aboutissent pour le département à la création de quatre circonscriptions (Perpignan 1: la ville, Perpignan 2 qui s'étend vers les Corbières, Perpignan 3 vers Prades, et Argelès-Céret).

Afin de mettre en harmonie les options du président de la République (réélu le 10 mai) et une majorité parlementaire (dite majorité présidentielle), MITTERRAND dissout l'Assemblée nationale.

Michel ROCARD, nouveau Premier ministre (1), conformément au "programme" de F. MITTERRAND ("La lettre aux Français"), cherche à constituer un gouvernement d'ouverture en direction des Centristes qui font toujours partie de l'UDF (comme Michel DURAFOUR)

Un accord sur un programme n'étant pas intervenu avec le Centre Démocrate (Pierre MÉHAIGNERIE), seuls certains hommes acceptent d'entrer dans le gouvernement (comme Lionel STOLÉRU).

L'ouverture est cependant dans l'air du temps. Quelques apolitiques entrent dans ce gouvernement comme Bernard KOUCHNER, Léon SCHWARZENBERG (2), et un industriel Roger FAUROUX.

 

Dans la circonscription d'Argelès-Céret six candidats se présentent :

1- Pour le PCF: Ghislain COUSTEAU, candidat de rassemblement des forces de gauche, Jacques MAJESTER étant son remplaçant.

2- Pour la majorité présidentielle: Henri SICRE (maire de Céret, Conseiller général et régional) et son suppléant René OLIVE (Cons. général de Thuir).

3- Pour l'URC (UDF-RPR): Jean XATARD et Jacques MANYA.

4- Pour le Front National (liste Entente Populaire et Nationale: LE PEN): Michel DE CACQUERAY-VALMENIER et son suppléant Denis PUITG.

5- Ecologie: Docteur Francis DÉPREZ et Marie CAVAILLÉ, son suppléant.

6- Candidat Royaliste d'Action Française: Georges MOLY et  Marie-Noëlle BAILBÉ-MOLY.

 

Résultats (1er tour) :

                              Banyuls                       Circonscription              Métropole

Inscrits:         3737 (+ 96 / 1986)               67.082                          37.945.582

Abst.:            1204   (32,22%)                   (32,07%)                      (34,26%)

Votants:        2533   (67,78%)                   (67,93%)                      (65,74%)

Blancs:               43   (  1,70%)                   (  1,91%)                      (  2,05%)

S.Expr.:        2490   (66,63%)                   (66,63%)                      (64,39%)

 

SICRE:                 992 (39,84% S.E)          (41,21% S.E)              

COUSTEAU:      220 (8,84% --)               (12,35 % --)                

XATARD:            838 (33,65% --)            (25,63% --)                 

CACQUERAY:    281 (11,29% --)           (13,80% --)                 

DEPREZ:             132 (  5,30% --)             (  6,03% -- )                

MOLY:                  27 (  1,08% --)             (  0,99% -- )

 

Métropole: PCF: 10,99% S.E.; PS: 38,77% S.E.; MRG: 1,11% S.E.; Ecologistes: 0,35% S.E. (mais 4,81 % S.E. dans les circonscriptions où ils sont présents); RPR: 19,18% S.E.; UDF: 18,49% S.E.; Divers droite: 2,85% S.E.; FN: 8,98% S.E .

Remarques :

Les abstentions sont élevées et leurs causes mal définies: absence de dynamique à gauche, vote du mois précédent, tentative d'ouverture de ROCARD qui rassure l'électorat modéré, désillusion après la double expérience de 1981 et 1986.

Le candidat de la majorité présidentielle (on ne dit plus du Parti Socialiste) ne fait pas le score de MITTERRAND du mois précédent au 1er tour (-31) ce qui est habituel, mais s'en approche. Il progresse par rapport au 1er tour de 1986 (+202), alors que les abstentions sont ici plus fortes (+502 ).

Le candidat UDF-RPR recule très nettement (-232/1986), traduisant peut-être la désunion qui règne entre les leaders (CHIRAC-BARRE-GISCARD-MEHAIGNERIE-LÉOTARD). Cela est d'ailleurs plus sensible à Banyuls et dans les circonscriptions rurales du département, qu'au niveau national (38% contre 33,7% à Banyuls et 30% pour le département).

Le FN recule (-108 /1986), mais demeure encore devant le PCF.

Le PCF régresse encore par rapport à 1986 (-132), mais petit signe encourageant, c'est légèrement mieux que le résultat de leur candidat aux présidentielles (+25). Si les positions du PCF en 1978 sur une renégociation du Programme commun avaient pu paraître exagérées, celles prises depuis l'entrée en vigueur du plan économique de rigueur (sous MAUROY puis FABIUS) étaient plus conformes à la défense des intérêts des salariés. Il n'est pas évident que l'électorat communiste, déçu par les déclarations de Georges MARCHAIS (bilan globalement positif dans les pays de l'Est, propos sur la guerre en Afghanistan, affaires SOLJENITSINE et SAKHAROV), ait profité au PS. À Banyuls, le PCF perd de 1981 à 1988: 198 électeurs, alors que pour la même période le candidat du PS n'en gagne que 109, avec un accroissement des inscrits de +481.

L'écologiste fait 132 voix dont on ignore l'origine, mais qui ne sont sûrement pas dues à la présence du . . .  Laboratoire Arago, dont l'électorat est plus diversifié que d'aucuns le prétendent. L'absence de candidats style Lutte Ouvrière, Ligue Communiste Révolutionnaire et Catalanistes pourraient expliquer ce score en partie, sans doute fortement renforcé par les déçus du PCF, comme du PS. Et puis l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine est intervenue.

Une curiosité à la veille de la célébration du bicentenaire de la Révolution française, le candidat royaliste fait 1% des S.E. Ce n'est pas une surprise puisque à l'occasion des présidentielles de 1974 il avait déjà fait . . . 4 voix, il progresse  avec 27 voix (soit de 575% !)

 

Le deuxième tour s'annonce plus serré que prévu, puisque tout se jouera sur les motivations des abstentionnistes qui devraient diminuer.

Comme toujours, sauf le mois précédent, on peut supposer que la discipline de vote s'appliquera à gauche comme à droite (soit 1212 contre 1146). 

 

Résultats (2 ème tour) :

                        Banyuls                      Circonscription                     Métropole

Inscrits:         3737                                    67.049                           29.398.047

Abst.:               953 (25,50%)                    (26,62%)                       (29,78%)

Votants:        2784   (74,50%)                  (73,38%)                       (70,22%)

Blancs:                59  (  2,12%)                  (  3,57%)                       (  3,43%)

S.Expr.:        2725   (72,92%)                  (70,76%)                       (67,90%)

Sicre:            1421   (52,15%)                  (58,03%)                      

Xatard:          1304   (47,85%)                  (41,97%)                      

 

Métropole: Majorité présidentielle: 49,05% S.E.; opposition: 46,80% S.E.

 

Remarques :

Les abstentions régressent (251 votants de plus), le pourcentage est plus faible à Banyuls que pour la circonscription et le pays. Les votes blancs augmentent de +16. C'est donc 235 voix de plus qu'au tour précédent qui se répartissent sur les deux candidats (3).

Le PS progresse de +429 voix (reports: PCF + PS + Ecol = 1344 ), soit un apport de 77 voix des abstentions du 1 er tour, mais sans doute un peu plus car tous les écologistes n'ont pas voté à 100% pour SICRE.

L'URC Jean XATARD (UDF+RPR) gagne + 466 voix (reports: URC + FN + Roy = 1146) soit un gain de 158 voix des abstentionnistes du 1er tour (4).

Apparemment un plus fort pourcentage de ces abstentionnistes du 1er tour s'est porté sur le candidat de l'URC (67,2%), contre 32,8% pour SICRE.

 

Conclusion :

Dans notre circonscription H. SICRE devient député pour la première fois (c'est aussi le premier député-maire dans l'histoire de Céret (5). Pierre ESTÈVE (PS) dans la 2 ème circonscription élimine d'un seul coup deux députés sortants (André TOURNÉ du PCF et Pierre SERGENT du FN). Dans la 3 ème Renée SOUM est battue par Jacques FARRAN (UDF): 51,52% (4), la primaire au 1er tour avec François BEFFARA (maire de Millas) également du PS portait en germe cet échec. Dans la 1ère circonscription Claude BARATE (RPR) bat Louis CASEILLES (PS) avec 53,18%.

 

La nouvelle Assemblée comprend: 27 PCF (- 8), 276 PS + MRG + divers G (+ 62), 130 UDF (- 2), 128 RPR (- 30), 1 FN (- 31), 6 non inscrits.

Au total la majorité présidentielle (MITTERRAND) n'obtient pas la majorité absolue puisque le PCF n'estime pas en faire partie. L'ancienne majorité UDF-RPR de 1986 perd la majorité.

Le FN n'a plus que . . . une élue (Mme Yann PIAT dans le Var), qui sera ultérieurement exclue de son Parti pour avoir voté la loi ROCARD sur le Revenu minimum d'insertion (RMI) ce qui est tout à son honneur (6), mais les femmes ont-elles la même conception politique que les hommes?

 

Notes annexes :

(1) Le  "Los Angeles Times" titrera le 11 mai 1988: "MITTERRAND replaces Loser CHIRAC with Socialist Maverick". Ce qui signifie en clair que le "perdant" Chirac (avec le sens fort que donnent les américains à ce mot) est remplacé par un socialiste qui agit indépendamment de tout parti politique. [ In Webster's new world Dictionary of the American language]

(2) cancérologue décédé le 14/10/2003, ministre délégué à la Santé auprès de Claude EVIN, partisan du dépistage systématique du SIDA chez les femmes enceintes et des malades devant être opérés, ainsi que de la distribution de drogues de substitution. Il sera démissionné après une semaine comme le fut en d'autres temps un autre homme de caractère Jean-Jacques SERVAN-SCHREIBER. (Cf. in "Le Monde" du16/10/2003). 

(3) Un examen des registres d'émargements révèle que 158 inscrits ne sont venus qu'au 1er tour et 387 qu'au second. Parmi les inscrits, 287 ne se sont déplacés à aucun des deux tours des Présidentielles d'avril-mai et des législatives), soit 7,7% des inscrits peuvent être considérés comme des abstentionnistes chroniques.

519 (+ ou - 11) inscrits se sont abstenus aux 2 tours, soit une imprécision portant sur 22 inscrits.

La somme PS + PCF   = 1212, l'accroissement est de + 209.

La somme URC + FN = 1119, -      -       -       -     -   + 185

Reste à reporter les nouveaux votants plus les écologistes et royalistes (= 546), moins  les 158 qui ne sont pas revenus = 388

(4) Qui sera arrêté comme commanditaire d'un assassinat lors des législatives de 1993.

(5) Mis en examen pour escroquerie au préjudice de la Chambre de commerce de Perpignan dont il est le président.

(6) Et sera assassinée ultérieurement, sans doute par la mafia toulonnaise. Hommage soit rendu à son honnêteté intellectuelle.

 

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