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Histoire électorale de Banyuls sur mer
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Claude Razouls-1

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27 août 2017

53 - Elections des représentants à l'Assemblée des Communautés européennes du 18 juin 1989

53 - Elections des représentants à l'Assemblée des Communautés européennes du 18 juin 1989

           

C'est la troisième élection de ce type après celles de 1979 et 1984.

On a vu antérieurement que la préparation de ces élections avait été dominée presque exclusivement par des considérations de politique intérieure (tenant plus de querelles de partis et d'hommes) que de choix institutionnels, économiques et de politique extérieure sur l'Europe à construire.

En réalité c'est le pragmatisme du "plan MONNET" qui est appliqué: politique économique du "fait accompli"(1), le reste, c'est-à-dire, le supra-national s'imposant de lui-même. En somme la superstructure émanation de l'infrastructure.

 

Depuis 1984 plusieurs éléments d'importance sont intervenus comme l'entrée dans la Communauté européenne de l'Espagne et du Portugal (1/1/1986), et surtout l'Acte unique européen signé le 17/2/1986. Celui-ci modifie les règles de fonctionnement des institutions et donne un statut juridique à la coopération politique européenne. Il précise : << Le marché intérieur comporte un espace sans frontières intérieures dans lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux, est assurée selon les dispositions du présent traité >>. Celui-ci doit entrer en vigueur à la fin de 1992. Il va plus loin qu'une simple union douanière, et constitue le premier pas vers une dissolution "de facto" des souverainetés nationales.

Parmi les quatre institutions européennes (Conseil européen, Parlement, Commission, Cour de Justice et Cour des Comptes) seul, le Parlement est sujet à élection.

Il n'existe pas au sein du Parlement européen de représentation nationale, mais seulement des groupes politiques organisés par affinités de partis entre les députés élus dans les divers pays.

Son rôle est le contrôle de la Commission, laquelle doit veiller à l'intérêt communautaire, contre, éventuellement, les sollicitations des gouvernements nationaux.

Il intervient dans le processus législatif de la Communauté, et dispose de pouvoirs budgétaires.

Il comprend 518 députés, et siège à Strasbourg (sans que cela soit un impératif, un débat est engagé sur le maintien du Parlement dans cette ville ou son transfert à Bruxelles).

La répartition des sièges par pays (uniquement pour l'élection des députés dans chacun d'eux) est de: 81 (France, RFA, G.B., Italie), 60 (Espagne), 25 (Pays-Bas), 24 (Portugal, Belgique, Grèce), 16 (Danemark), 15 (Irlande), 6 (Luxembourg).

Chaque pays organise les élections au suffrage universel direct à un tour à la proportionnelle, le même jour (sauf la G.B. qui a un scrutin uninominal).

A ce sujet,  Daniel COHN-BENDIT (adjoint au Maire de Francfort) estime souhaitable que les groupes politiques du Parlement de Strasbourg présentent des listes européennes (par affinité) en mélangeant les nationalités. Ceci n'est possible qu'en Italie où Maurice DUVERGER (professeur de droit à Paris) se présentera (et sera d'ailleurs élu).

 

Certains souhaitent un mode de scrutin régionalisé (peut-être en redéfinissant des euro-régions).

Durant tout le mois d'avril nous vivrons au rythme des feuilletons sur la Révolution française, des téléfilms américains , et au sein de la droite entre la querelle des anciens et des modernes ("conservateurs" et "rénovateurs") (2). Mais comme le classicisme ne fait pas très "chébran" à l'époque des "crados" (critiques de Jacques-Yves COUSTEAU, désormais deux fois immortel puisque de l'Académie française, et du petit Larousse illustré), ces rénovateurs (à la quarantaine) seront dénommés par leurs amis politiques les douze s... ! (par référence à un film célèbre). On y compte P. SEGUIN, M. NOIR, C. MILLON, A. CARIGNON. 

Une fois de plus la constitution des listes semble une affaire plus importante qu'une discussion au fond des conséquences de l'Acte unique. On objectera que l'on apprend à marcher en marchant, mais pas forcément à nager en se jetant à l'eau, et nul n'ignore qu'une  équipe de rugby ne peut vaincre que si tous les partenaires sont solides et contrôlent correctement leur espace de terrain.

               

Une liste commune est constituée par le RPR et l'UDF (moins le CDS). GISCARD D'ESTAING et Alain JUPPÉ en sont les têtes. ["L'appel de Cochin" lancé par CHIRAC (6/12/1978) est relégué aux oubliettes de l'histoire; il est vrai que l'on est en droit de ne pas considérer la Communauté européenne comme "l'étranger". N. de l'a.]. VGE ambitionne le poste de président de l'Assemblée européenne, jadis occupé par Simone VEIL.

Pour BALLADUR, la reconquête du pouvoir en France passe par une grande confédération comme celle réalisée en cette occasion, ce que ne partage pas C. PASQUA (qui en bon grognard du gaullisme suit son chef). On n'entend plus Michel DEBRÉ qui "pantoufle" désormais à l'Académie française.

 

Les Centristes maintiennent l'idée (sauf LECANUET) de leur propre liste avec S. VEIL en tête (certains auraient préféré le maire de Toulouse Dominique BAUDIS).

L'argumentation est officiellement de "ratisser" plus large, mais en fait cette "ex-composante" de l'UDF considère les "autres composantes" comme trop conservatrices (libérales selon les formules LÉOTARD-MADELIN). Et il y a peut-être encore l'espoir de réaliser ultérieurement un compromis politique avec le gouvernement ROCARD qui comprend déjà d'ex-ministres giscardiens !.

             

Pour le PS, les choses sont simples, la liste sera conduite par Laurent FABIUS (président de l'Assemblée nationale).

Une petite note discordante, la difficulté pour Max GALLO d'obtenir une place d'éligible, et en anecdote la présence du Dr. Léon SCHWARTZENBERG (qui retrouvera ainsi le Dr. BOMBARD, sans doute pour les mêmes raisons). N'ayant pu faire prévaloir leur point de vue au sein du gouvernement, on ne peut que leur souhaiter de se faire mieux entendre à Strasbourg.

 

Pour le FN, le chef inamovible en est naturellement LE PEN.

On attend avec curiosité comment on peut concilier un nationalisme certain, au sein d'une assemblée "volapük" dont les décisions se prennent à la majorité. Sinon qu'elle lui servira de tribune pour défendre une certaine idée de l'Europe. Comment faire renaître Jeanne d'Arc de ses cendres, sinon en lui prêtant une certaine  formule "historique", mais en remplaçant  "Allemagne" par "Europe" (des Douze naturellement) dont il souhaite la victoire, parce que sans elle ce serait le triomphe du bolchevisme (3).

             

Pour le PCF, Philippe HERZOG (49 ans, polytechnicien et économiste) remplace G. MARCHAIS, ce que d'aucuns déplorent lors des prestations télévisées pour son style direct (7). Sa campagne débute par la parution d'un livre : Europe 92 : " Construire autrement et autre chose" (Edit. Messidor/Editions sociales), et des tournées dans les régions (dont la première à Balaruc où sont organisées des tables rondes de discussions fort intéressantes. N. de l'a.).

             

Les Verts seront présents, et sont déjà crédités d'un score enviable (ce qui ne semble pas enthousiasmer les  Verts allemands,  nettement plus radicaux).

             

À quinze jours de l'élection, on apprend que quinze listes ont été déposées, mais seules les sérieuses et bien financées ont droit à un traitement médiatique de faveur. Si l'on s'intéresse à cette élection, il faut déployer une énergie hors du commun afin d'en savoir plus sur chacune. On comprend mieux alors l'usage des phrases chocs pratiquée par les politiciens pour faire passer leurs messages, mais qui ne peuvent ainsi que tendre  à la caricature.

Comment s'étonner dans ces conditions que l'électeur ne soit pas très motivé par la campagne elle-même, bien que pour la troisième élection de ce type les Français soient plus conscients des conséquences possibles de l'ouverture des frontières (Acte unique), surtout dans certaines régions (Sud-ouest, Languedoc-Roussillon, Bretagne) qui subissent les effets de la concurrence (éleveurs), ou pour certaines corporations pour des raisons d'équivalence des diplômes de qualification (infirmières par exemple).

 

La campagne électorale :

Comment réaliser la campagne à la télé, débats entre qui ?, les "grands ne voulant débattre qu'entre eux" (GISCARD - FABIUS), ce que les petits ne trouvent pas très démocratique. Mais un débat entre tous, ne serait-ce pas la foire d'empoigne et un encouragement à l'abstention? Mme VEIL reproche à GISCARD et FABIUS de s'être arrangé pour débattre entre eux dans son dos.

À quinze jours de l'élection, une enquête de la SOFRES pour le quotidien "Le Monde" semble montrer que les Français ont déjà fait leur choix pour une des listes, sans s'intéresser pour autant à leurs querelles internes (constitution et composition des listes) et à leurs programmes dont ils ne connaissent le contenu que dans les grandes lignes!

Dans ces conditions les électeurs ne se passionnent pas pour la campagne menée par les têtes de listes. De plus, si ceux-ci s'agitent pour tenter de mobiliser l'électorat, les troupes locales des divers partis ne se démontrent guère.

Les affiches seront d'abord celles de LE PEN, puis de FABIUS et HERZOG.

On estime l'abstention à 51%.

Les réponses aux diverses questions posées lors de sondages sont par contre sans aucune ambiguïté. Pour 55% contre 27% le choix va vers la construction  d'une confédération dont les décisions devraient être prises à l'unanimité par les seuls chefs d'État. Il n'est donc pas question de dessaisir les gouvernements nationaux de leurs responsabilités. Corrélativement 50% contre 34% ne souhaitent pas l'extension des pouvoirs de l'Assemblée européenne. En somme le contraire du plan Monnet!

Très logiquement l'électorat fait parfaitement la différence entre les attributions qui relèvent d'une confédération (défense, politique étrangère, recherche scientifique, libre circulation des personnes, monnaie), et celles qui doivent encore demeurer du domaine national (impôts, emploi, éducation). Mais le principe de subsidiarité est-il soluble dans la construction européenne?

 

L'acquisition d'une citoyenneté européenne ne recueille que 26% et l'idée de s'expatrier dans un des pays de la Communauté, même pour de meilleures conditions de vie, ne recueille pas la majorité (les Français souhaitent encore vivre à l'ombre de leur clocher, correspondant en somme à la célèbre affiche de la "force tranquille" qui joua un rôle certain dans l'élection de MITTERRAND).

 

Il est évident que l'agitation des têtes de liste, répercutée par les médias, notamment la presse, un peu la radio et moins la télé, suscite un intérêt plus fort que lors des élections européennes de 1979 et 1984 (ce qui pourrait faire baisser le taux d'abstention en dessous des 50%), mais aussi des inquiétudes en ce qui concerne les problèmes de la vie quotidienne (consommation, taux du crédit, emploi, éducation, coût des charges, fiscalité).

Dans l'ensemble des discours, on entend davantage de vœux pieux sur l'Europe que d'esquisses de réponses aux vrais problèmes.

 

Comment par exemple harmoniser les relations entre les syndicats et le patronat alors qu'elles sont totalement différentes d'un pays à l'autre (cogestion en Allemagne, nulles en Angleterre, conflictuelles en France). Comment rétribuer les qualifications alors que les diplômes ne sont pas équivalents. Comment indemniser le chômage, lutter contre le "travail au noir" qui fleurit dans certains pays (Italie).

Pas trouvé trace non plus dans les discours des impôts européens, ni du problème de la TVA (sujets qui semblent des tabous).

On est en droit de s'interroger sur le fait que l'on évoque aussi tardivement les questions sociales alors que jusqu'ici on a eu autant de socialistes ou de sociaux-démocrates qui ont présidé le Conseil des ministres de l'Europe, comme le fera MITTERRAND à partir du 1er juillet et pour six mois. Dans ces conditions il n'est pas étonnant que FABIUS ne "décolle" guère dans les intentions de vote (26% le 9 juin).

 

La préparation de l'élection européenne est une nouvelle fois dominée par des préoccupations (sinon des règlements de comptes) de politique intérieure. Toute l'agitation créée autour du fait de savoir si les chefs de l'opposition (GISCARD, CHIRAC) sont encore crédibles après leurs échecs aux présidentielles, et quelles sont les nuances de programme politique entre CDS, RPR et libéraux de l'UDF,  détourne l'attention des véritables enjeux posés par le lent cheminement vers le marché unique qui doit être réalisé pour le 1er janvier 1993: une unification européenne quasi irréversible.

 

A cette date, la stratégie élaborée par Jean MONNET dans le courant de 1950 (qui contourne les négociations intergouvernementales sur des principes généraux pour une construction d'ensemble, mais par des réalisations concrètes limitées et successives) aura atteint son but ultime.

Quelles en furent les étapes: Plan SCHUMAN en 1950 sur la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier); CEE (communauté économique européenne ou marché commun) : traité de Rome en 1957, appliqué le 1/1/1958 par 6 états : Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Allemagne, France, Italie.

Le but est de fixer des politiques communes pour l'agriculture, le commerce, l'énergie, les transports, et d'établir un tarif extérieur commun afin de développer la préférence communautaire. Le marché commun agricole ou Europe verte sera créé en 1962. Baisse des droits de douane industriels progressifs à partir de 1959, avec leur abolition en 1968.

EURATOM (Communauté européenne de l'énergie atomique) entré en vigueur en 1958 qui a favorisé la construction des centrales nucléaires dans les différents pays de la Communauté.

Fonds européen de développement qui facilite les concours financiers des États de la Communauté aux États associés (Afrique, etc.). Fonds sociaux qui ont pour but de promouvoir l'emploi et la réadaptation professionnelle, aide aux régions et aux secteurs industriels en déclin.

En 1972 adhésion de la Grande-Bretagne, du Danemark et de l'Irlande (la Norvège rejettera l'adhésion lors d'un référendum), puis de la Grèce en 1981, et de l'Espagne et du Portugal en 1986.

Dans le courant de l'année 1985, l'ancien ministre "socialiste" de l'économie et des finances Jacques DELORS (nouveau président de la communauté européenne), en bon disciple de J. MONNET, convainc le Parlement européen, mais surtout les chefs de gouvernement, de réaliser un ensemble économique unique.

Un accord historique a lieu entre les dix: une révision du traité de Rome et le marché sans frontières. Il se concrétise par la ratification par les Parlements nationaux (février 1986) de l'Acte unique. Il comprend 279 propositions de réalisations, plus ou moins échelonnées dans le temps (jusqu'au 31 décembre 1992), afin de permettre aux États membres de modifier en conséquence leurs propres législations.

Mais le fait le plus important déjà décidé, est l'abandon de la règle de l'unanimité sur la plupart des dossiers débattus au sein du Conseil des ministres (représentant les gouvernements des Etats membres de la Communauté. Une majorité dite qualifiée est théoriquement désormais suffisante. Mais le consensus demeurera la règle, chaque État membre veillant jalousement à ses prérogatives.

La majorité qualifiée requiert 54 voix, les pays disposant de: France, Italie, G.B. et RFA: 10; Espagne: 8 ; Grèce: 5 ; Belgique: 5 ; Irlande, Danemark: 3  Luxembourg: 2 ; Pays-Bas et Portugal: 5.

Si une proposition n'émane pas de la Commission, un vote favorable nécessite au moins 8 membres.

L'Europe des Patries, chère à certains, ne sera pas la voie choisie (elle avait la préférence de DE GAULLE, comme du PCF, ou encore actuellement de Mme THATCHER). Le processus d'intégration est-il irréversible? et quels en seront les conséquences autres qu'économiques  (relations internationales, défense, culture, monnaie commune, social).

 

Liste SIMONE VEIL . Le Centre pour l'Europe :

Conduite par Simone VEIL, ancienne tête de liste en 1984 de la liste d'Union de l'Opposition (UDF & RPR) où elle avait recueilli 702 voix à Banyuls (en tête avec 36,87% SE), elle joue cette fois la "rénovation du centre", soutenue en cela par le CDS (avec P. MÉHAIGNERIE).

Soucieuse de la coexistence entre des communautés culturelles différentes. Elle jouit du prestige d'avoir été Présidente de l'Assemblée de Strasbourg en 1979 (mais qui s'en souvient ?) après avoir mené la liste UDF à l'époque.

Elle a l'inconvénient d'apparaître comme un facteur de division pour l'opposition (mais pour certains d'ouverture éventuelle vers le rocardisme) et de passer pour technocratique. Au cours d'un déjeuner-débat à Lyon elle reçoit le soutien de R. BARRE et à l'hôtel de ville de Lyon les compliments élogieux des deux "rénovateurs": C. MILLON et M. NOIR (nouveau maire de Lyon) tous les deux coprésidents du comité de soutien de la liste GISCARD.

Si dans cette liste aucun candidat de la région Languedoc-Roussillon n'est en position d'éligible, on note la présence de Jean-Paul ALDUY (fils du sénateur-maire de Perpignan (fonctionnaire, ancien conseiller technique du leader CDS) en 74 ème position. En 2 ème de liste Jean-Louis BORLOO (maire de Valenciennes) qui cherche dans une interview à "rénover" le langage politique ("Le Monde" du 25 mai ). On y trouve aussi le cinéaste Claude LELOUCH (qui fait pendant à Claude AUTANT-LARA sur la liste LE PEN) et même (juste retour des choses) un transfuge du RPR (J.-L. BOURLANGES), auteur d'un livre : Droite, année zéro).

 

Liste  Europe et Patries avec Jean-Marie LE PEN :  

Campagne d'affichage très active dès le 15 mai dont l'une joue les provocations -nouveau style politique pour mobiliser l'attention des électeurs, mais d'un goût plus que douteux comme l'affaire du "détail de l'histoire" à propos de l'assassinat de plus de cinq millions de juifs-[ Certes la guerre a fait au total plus de 35 millions de morts, mais l'on ne doit jamais confondre quantitatif et qualitatif. N. de l'a.]

Quelques problèmes peuvent être évoqués concernant l'ordre des préséances sur cette liste, puisque les préférences semblent avoir porté davantage sur l'apport financier des candidats que sur leur mérite ou les scores réalisés (par exemple Pierre SERGENT, alias Y08 dans les documents de l'OAS, ne sera qu'en 13 ème position, alors que mieux placé il aurait pu être le seul député des P.O. à l'Assemblée européenne). [ voir "Minute" semaine du 24-30 mai.]

À l'heure de vérité sur A2, LE PEN précise que l'Union de l'Europe doit progresser à pas mesurés sans mettre en péril la culture française ni la sécurité, celle-ci nécessitant une défense militaire commune (une sorte de Communauté européenne de défense.  L'abandon de souveraineté dans ce domaine est nécessaire car il y a un risque de découplage entre les USA et l'Europe).

Il rappelle qu'il a fallu un millénaire pour faire la France. Vis-à-vis des autres candidats, il se dit "contre une Europe bureaucratique à vocation socialiste et mondialiste que préconisent les internationalistes de tout poil, qui vont de GISCARD D'ESTAING à FABIUS. Décidément en verve il sortira "une grenade" (une pastèque) pour illustrer sa pensée concernant son concurrent écologiste, en précisant que si elle est verte à l'extérieur, elle est rouge à l'intérieur (la présence du leader autonomiste corse SIMEONI sur la liste des Verts a-t-elle suggéré à LE PEN le choix du fruit ?   Autre signe d'humour noir, le propos concernant la mort du président du FLNKS, Jean-Marie TJIBAOU, autre terroriste devenu un "homme de paix ... éternelle". Mais c'est dans le roman fiction politique que LE PEN se sera surpassé dans "son interprétation" des évènements d'Ouvéa (juin 1988) ... en rappelant la machination du Rainbow-Warrior.

LE PEN-thotal, sérum de vérité (écrira le chef du FN sur le livre d'or de l'émission), tandis que pour Louis LE PENSEC porte-parole du gouvernement c'était davantage "l'heure du délire".

La candidature (5 ème de liste) de Yvan BLOT, ancien député RPR (Pas-de-Calais) souligne les difficultés que rencontre le RPR (qui se réclamait à l'origine de la tradition gaulliste) pour définir une politique cohérente entre planificateurs, populistes et nationalistes d'un côté (tendance M. DEBRÉ, P. SÉGUIN) et les libéraux (tendance GISCARD, LÉOTARD) de l'autre.

Autre candidat éligible (9 ème position) le cinéaste Claude AUTANT-LARA qui justifie sa présence pour défendre le cinéma français et lutter contre le cosmopolitisme.

La chance de LE PEN est une fois encore (dans ce type d'élection qui lui est plus favorable) de bénéficier entre autres des divisions de la droite: listes VEIL-GISCARD ("la non-droite" dixit LE PEN) qui se disputent l'électorat centriste.

 

Liste Lutte Ouvrière :

Conduite par Arlette LAGUILLER. Pour elle la "riche Europe" compte 44 millions de pauvres et certains, comme Laurent FABIUS, se posent en "dames patronnesses" en proposant une charte des droits sociaux fondamentaux.

Elle n'a pu, comme en 1979, constituer une liste unique avec la LCR de A. KRIVINE (qui avait alors recueilli 624.000 voix).

Tous les candidats sont des salariés avec une égale proportion entre les femmes et les hommes. Les deux tiers sont des militants syndicaux.

 

Liste Chasse Pêche  Tradition. Liste européenne pour la liberté de chasse  et de pêche :

Conduite par M. GOUSTAT, président de la Fédération des chasseurs de Dordogne.

Le second M. BRUNET est Vice-Président de la Fédération pêche du Conseil national de la pêche. Tandis que M. RAYNAUD est président des Sociétés taurines.

À Port-Barcarès, lors du 54 ème congrès de l'Association Nationale des chasseurs de Gibier d'eau, la campagne en vue des européennes est lancée. A l'occasion de la venue d'un représentant du ministre de l'environnement (B. LALONDE), le texte concernant la directive communautaire de 1979 sur les oiseaux migrateurs (adoptée à l'unanimité sous présidence française) a fait l'unanimité des chasseurs (qui pour une fois ont pris pour cible un gibier ministériel).

Leur but est de veiller au Parlement européen à la sauvegarde des milieux naturels [cela ne s'invente pas. N. de l'a.], défendre les intérêts des chasseurs et des pêcheurs, leurs traditions, maintenir les dates d'ouverture et de clôture en vigueur.

L'avertissement est clair: Europe: Oui. Abus de pouvoir et centralisation technocratique: Non.

Comment expliquer la constitution d'une telle liste "corporatiste", sinon par la déception envers les partis qui n'ont pas voulu prendre en compte leurs problèmes ?

Ils s'estiment les premiers défenseurs de l'environnement par leur enracinement dans la culture rurale, leur gestion réaliste de la nature et les moyens financiers investis (repeuplement, aménagement, achat des terres à l'abandon, etc.).

Partisans d'une collaboration à la commission de l'environnement avec les verts (qualifiés toutefois de ... "marchands de chansons"). Avec 5 millions "d'adhérents" et un budget de 6 millions de Frs ils espèrent dépasser les 5%. La campagne est confiée au publiciste Jacques SÉGUÉLA (l'homme de l'affiche la "force tranquille" qui fit les beaux jours de MITTERRAND).

 

Liste : Les Verts - Europe Ecologie . Pour une Europe des régions et des peuples solidaires :

Conduite par Antoine WAECHTER. Il s'exprime à l'heure de Vérité sur A2 le 31 mai comme tous les autres candidats (ou presque).

Il souligne que sa liste n'est pas un simple syndicat de défense passéiste de l'environnement. Prendre en compte ce facteur implique d'avoir une vision globale de la société, de la logique productiviste de l'économie.

Prise de position assez ferme concernant l'arrêt des expériences nucléaires à Mururoa, la disparition de la force de frappe (dans le cadre toutefois de négociations sur la dénucléarisation.  [N .de l'a.: on est rassuré, ce n'est pas demain la veille ! ]. Quant aux centrales nucléaires: elles demeurent des lieux à risque (... comme aurait dit Mr de LA PALICE si ces choses là avaient existé de son temps).

         Où se situent les Verts dans le kaléidoscope politique. A les en croire: "en désaccord à peu près équidistant " entre les conceptions de l'Europe libérale (de la droite) et sociale - démocrate (de la gauche).

Ils seraient donc eux aussi... au centre (ce ne sont que les troisièmes). Quelle figure géométrique peut bien admettre trois centres? ou le polycentrisme s'apparenterait-il au polythéisme, mais dans ce cas où situer TONTON au dessus de tout cela !.

Réaffirmation de la solidarité avec les Verts des autres pays européens (Nouvelle internationale verte), mais si les objectifs sont les mêmes, certains sont plus radicaux que d'autres (comme les Allemands) les différences ne reposeraient que sur l'impatience d'appliquer des principes.

Abordant les problèmes de l'environnement, le programme autoroutier doit retenir toute notre attention du fait de "la forte mortalité animale qu'il entraîne" (une idée à transmettre à la liste... des Amis des Bêtes, présentée par B.B. alias Brigitte BARDOT … pour les plus jeunes)

Comme il s'agit de débattre de la construction européenne, il est apparu tout à fait naturel d'interroger le candidat pour savoir s'il approuvait la décision de MITTERRAND (lors de la réunion des pays francophones à Dakar) d'annuler les dettes des pays les plus pauvres. La réponse allait de soi puisque de toute façon ils ne pourront jamais rembourser! Comme l'aurait dit Omar BONGO (Président du Gabon ) "si j'avais su j'aurais emprunté davantage". La réponse de WAECHTER fut  qu'il faut faire en sorte que la dette n'étrangle pas ces pays. [Il a oublié de donner la recette. N. de l'a.] Pour lui "la grande menace de l'avenir ne vient pas de l'Est, mais du Sud. C'est le déséquilibre Nord-Sud qui crée la crise écologique actuelle.

Autre question capitale sur l'éventualité d'une participation des Verts au gouvernement en France:  "D'abord créer une force au Parlement, ensuite signer un contrat de gouvernement afin de ne pas vendre son âme. Nous ne serons pas des "ministres caution". [Suivez son regard... vers un certain Brice LALONDE. N. de l'a.]

Notons en 3 ème position Max SIMEONI (leader de l'Union du Peuple Corse). Il critique le mode de scrutin à la proportionnelle dont les candidats éligibles sont désignés par les états-majors des partis à Paris, ce qui entraînera une sous-représentation des régions. [La querelle entre Jacobins et Girondins n'est donc pas achevée après 200 ans. N. de l'a.]

 

Liste des amis des Bêtes. Protection des animaux et de leur environnement

Présentée le 31 mai sous le patronage de Brigitte BARDOT (actrice bien connue de la génération des quinquagénaires).

Partisan d'un contrôle drastique des expériences animales, le programme insiste sur l'acceptation des chats et des chiens dans les maisons de retraites, l'arrêt des corridas [peu de chances d'obtenir des voix dans le Sud-Ouest. N. de l'a.], l'interdiction de la chasse à courre et l'emprisonnement des animaux dans les cirques et les zoos.

La liste est conduite par Mme Arlette ALESSANDRI (présidente de la fondation "Assistance aux animaux").

Regroupement de plusieurs associations protectrices des animaux, totalement apolitique, elle propose notamment, outre la création d'un comité d'éthique pour lutter contre la vivisection, la mise en place de programmes d'éducation humanitaire dans les écoles.

 

Liste de rassemblement présentée par le Parti communiste français :

Conduite par Philippe HERZOG (économiste et polytechnicien). Appel à la "résistance nationale afin de lutter contre les débâcles économiques qui s'annoncent".

Peu lui importe de rester "orthodoxe" aux yeux de ceux qui se prétendent "rénovateurs" (ceux hors du PCF, pas ceux de la droite) et qui gomment le problème fondamental qui demeure celui du rôle des multinationales dans l'espace économique européen.

Pour G. MARCHAIS, le résultat des municipales démontre que le PCF est la force qui monte malgré les efforts organisés entre la droite et les dirigeants socialistes pour l'affaiblir.

Cependant pour les "reconstructeurs", Claude POPEREN estime qu'il y a un nouveau recul et dénonce "la méthode Coué". Pour lui le solde est négatif dans les villes, en voix et en élus.

Notons que les listes du PCF conduites par G. MARCHAIS en 1979 et 1984 avaient obtenu respectivement 20,5%  puis 11,2%.

Condamnation très ferme de la sanglante répression en Chine suite à l'occupation de la place Tiananmen à Pékin par les étudiants le 4 juin.

P. HERZOG, membre du bureau politique et professeur d'économie à l'Université de Nanterre, était naturellement tout désigné pour conduire la liste du PCF.

La construction européenne doit aller à l'opposé de celle souhaitée et déjà mise en œuvre par le capital. Celui-ci ne peut qu'aller vers une spéculation financière à la puissance 12.

D'où la nécessité d'une harmonisation fiscale, une modulation des taux d'imposition en fonction de l'utilisation de l'argent. Celui-ci doit aller vers des formes productives et non vers la spéculation.

Le développement régional, de toutes leurs ressources, est une nécessité pour l'emploi, mais aussi parce que l'on ne peut pas apporter quelque chose à la communauté si l'on s'appauvrit.

Il faut développer les échanges avec les pays de l'Est, comme apporter des réponses à l'Afrique ce que ne fait pas la CEE. [Notons que ces échanges sont loin d'être négligeables, la France n'étant parmi les pays européens que le 3 ème client derrière la RFA et l'Italie, et seulement le 6 ème fournisseur de l'URSS. Notre balance commerciale vis-à-vis de ce pays étant au surplus déficitaire avec 11,6 milliards de Frs de ventes contre 16,7 d'importations (dont 73% dû à la facture énergétique).  Il existe par ailleurs des négociations entre la CEE et la Pologne et la Hongrie. N. de l'a. ]

Cette politique n'est pas possible dans le cadre supra national, si les pays aliènent leurs décisions à la Commission de Bruxelles, où règnent les lobbies des multinationales et les affairistes en tout genre.

Une référence au gaullisme  rappelle que de GAULLE avait dit que "la politique de la France ne se fait pas à la corbeille" (Bourse de Paris).

Il faut défendre le développement d'une culture européenne propre, conforme à nos traditions, donner les moyens aux créateurs européens (or la Commission de Bruxelles a donné une directive d'acceptation de 40% d'importation audiovisuelle en provenance des USA).

Le désarmement est une nécessité, d'abord parce que le pouvoir de destruction des armes est un facteur d'insécurité, la dissuasion un concept démodé, ensuite parce que les dépenses militaires créent un déficit budgétaire.

L'emploi dans l'armement, où d'ailleurs on débauche, doit être reconverti dans l'équipement industriel. La recherche doit être démilitarisée alors que la tendance est inverse.

Les plus grandes réussites (Airbus, Ariane, etc...) ont été réalisées grâce à des coopérations européennes bilatérales. Il n'est donc pas vrai d'affirmer que l'Europe ne peut progresser que par une intégration supranationale.

Plus il y aura circulation des marchandises, des capitaux et des hommes, plus il sera nécessaire de protéger les salariés, d'assumer leur formation. On ne peut accepter la déclaration faite par ROCARD au journal Der Spiegel que "construire l'Europe c'est accepter la domination économique de l'Allemagne".

Au 43 ème congrès de la CGT, KRASUCKI (4) critique l'Europe du recul social qui se met en place pour le plus grand profit des multinationales. Discours le plus proche de la liste HERZOG. Sans doute pas un hasard!

C'est aussi une Europe pacifique qui doit se construire dans la souveraineté et l'indépendance totale des pays qui la composent. Elle doit aussi se construire sur le progrès social avec toute l'Europe géographique et une large coopération syndicale européenne.

Comme le programme de P. HERZOG n'est pas contradictoire avec celui de la CGT, mais fortement convergent, G. SÉGUY (ancien secrétaire  général de la CGT) estime que sa candidature ne fait que prolonger son action syndicale.

Pour lui, la présence d'André SAINJON (ancien secrétaire général de la fédération de la métallurgie) sur la liste FABIUS est une idée saugrenue, quand on sait que le pouvoir persécute des travailleurs chez Renault.

 

Majorité de Progrès pour l'Europe. Liste soutenue par le Parti Socialiste, Le mouvement des Radicaux de Gauche, L'Association des Démocrates et SOS Environnement

L'appel  des 1000 pour l'Europe du progrès ("Le Monde" 2 juin) comprend peu d'ouvriers et de salariés smicards. La liste conduite par L. FABIUS est pleine d'enseignements sur la composition sociologique de l'électorat fabiusien. [N. de l'a.: on y trouve une infirmière !].

Soutenu par M. ROCARD lors d'une réunion publique à Nantes,  Laurent FABIUS en retour, s'engage à soutenir une candidature ROCARD lors des Présidentielles (en ... France !). Il s'engage à défendre une "Europe sociale" [ce qui est le moins pour un "socialiste", mais par quelle procédure ?  N. de l'a.]. Pour le renforcement des pouvoirs du Parlement européen [dont nul ne peut savoir à l'avance la composition politique. N. de l'a.]. Un amendement au manifeste européen du PS liant la libre circulation des capitaux (le 1er juillet 1990) à des conditions préalables d'harmonisation fiscale et sociale a été rejeté sous prétexte que les conditions figureraient dans le texte, et qu'il faut faire confiance au gouvernement pour les défendre.

La composition de la liste est jugée contestable par certains socialistes (comme P. MAUROY) du fait de la mauvaise représentation des régions (le Languedoc-Roussillon ne sera plus représenté compte tenu de la place de non-éligible offerte à G. SUTRA, qui l'a d'ailleurs refusée). Il conviendrait  ultérieurement de regrouper des régions.

Le MRG n'obtient qu'une place d'éligible (10 ème) alors qu'il en réclamait 2 (et menace de constituer sa propre liste). [D'où son titre en petit caractère dans l'intitulé de la liste! ]. Pour L. FABIUS, l'environnement doit être intégré dans le projet socialiste (qu'est devenu le moratoire concernant la construction des centrales nucléaires décidé par ce même PS, avant 1981 il est vrai, comme les ventes d'armes à l'étranger et les expériences nucléaires, sans parler du reste. On ne peut parler d'irresponsabilité ou d'inexpérience pour des hommes politiques dont certains sont des présidents de région, dans les instances européennes, dans des Conseils généraux et maires de grande ville. N. de l'a : c'est se moquer de l'électorat socialiste]. Il n'est pas étonnant que le candidat craigne une forte abstention . [Il est inutile de voter blanc puisque ce mode d'expression n'est pas pris en compte. N. de l'a.]

Dans une conférence de presse (qui devrait engager la liste du PS), F. MITTERRAND réaffirme l'engagement de la France  lors de la construction du grand marché de 1993: il ne devra pas devenir un "vaste marché de fraude" par une libération sans précautions des mouvements de capitaux [par  quelles mesures? et prises par qui ? N. de l'a.]

Cinq priorités sont définies: l'union économique et monétaire, l'Europe sociale, l'Europe culturelle (principalement audiovisuelle), l'environnement et l'Europe des citoyens. FABIUS précise aussi que la CEE devra s'ouvrir vers l'Europe de l'Est tout en veillant à faire progresser les droits de l'homme et les libertés. Il n'en demeure pas moins qu'aux "bonnes intentions" s'impose "la méthode ROCARD" faite de réalisme face à la logique capitaliste, des lois du marché, et dont la gestion reçoit le satisfecit du président du patronat (15/5). Cela ne laisse pas d'être inquiétant dans l'avenir, même si pour P. HERZOG, c'est moins pire qu'avec les hommes de la droite. [Mais à quel langage se référer puisque l'on peut en décrypter quatre au PS: celui de MITTERRAND, du Parti, du Premier ministre et de FABIUS ? N. de l'a.]

L'argument décisif de la candidature du Président de l'Assemblée nationale (fonction qui n'empêche pas le cumul de député à l'Assemblée européenne) peut apparaître surprenant: "On parle partout de l'Europe, sauf à l'Assemblée nationale". La construction européenne est une nécessité en face des milliards d'hommes de la Chine, de l'Indochine, etc.

         Au cours du débat sur A2 (8 juin), L. FABIUS insistera sur la différence entre sa liste et les autres, par le fait qu'elle exprime la politique européenne de MITTERRAND et de ROCARD (qui ont obtenu le soutien de la majorité des Français aux précédentes élections), alors que d'autres ont voté une motion de censure (UDF et RPR) pour la condamner. Ses réponses à LE PEN sur les problèmes de l'immigration incontrôlée ont révélé une certaine gêne de sa part.

Il réaffirme qu'il fut en 1985 le Premier ministre au côté de F. MITTERRAND lors de la signature de l'Acte unique, et pour négocier l'entrée de l'Espagne et du Portugal dans la CEE. C'est bien MITTERRAND qui a le plus fait progresser l'Europe.

Vis-à-vis des écologistes, leurs solutions ne peuvent être séparées d'une vision politique globale. La dimension écologique doit être de plus en plus prise en compte par les partis. Au parlement de Strasbourg il existe seulement deux grandes forces: les socialistes et sociaux-démocrates d'une part, et les conservateurs d'autre part. Voter utile c'est élire des députés qui, dans les grands groupes, pourront peser sur les décisions. Cela explique la présence à ses côtés d'un écologiste comme Alain BOMBARD. Le combat contre la croissance que mènent les Verts joue contre l'emploi.

L. FABIUS s'est prononcé pour une véritable stratégie européenne de réduction du temps de travail, et  souligne que son action, comme celle du PS historiquement, est la lutte contre les risques sociaux et les inégalités, la lutte contre les risques industriels induits par le capitalisme sauvage à l'Ouest ou par la bureaucratie à l'Est [Programme en réalité plus social-démocrate que socialiste. N. de l'a.]

 

Liste L'UNION UDF-RPR pour Représenter et Défendre la France dans une Europe Unie:

Conduite par Valery GISCARD D'ESTAING. Il précise sa pensée à l'heure de vérité sur Antenne 2 le 29 mai (voir "le Monde" 31 mai). Pour lui la liste centriste conduite par Mme VEIL ne se justifie pas sur le fond, et au surplus la tête de liste lui avait été proposée. L'union de l'opposition est fondamentale si l'on ne souhaite pas voir se pérenniser le pouvoir socialiste (!). La division c'est l'assurance-vie du socialisme. Ce que l'académicien Jean D'ORMESSON résumera plus crûment à France-Inter au cours de l'émission "Vendredi soir" du 2 juin : "Mme VEIL fout le bordel alors que l'unité de l'opposition était reconstituée entre l'UDF et le RPR".

Il insiste sur une nécessaire politique européenne face à l'immigration (notion de frontière européenne à définir), le vote des résidents et l'identité nationale (suivez... son regard vers les électeurs d'une liste concurrente).

Les radicaux "valoisiens" (André ROSSI, André ROSSINOT, Etienne DAILLY, Jacqueline THOME-PATENOTRE) font paraître un grand placard publicitaire de soutien ("Le Monde" 2 juin). Dans les P.-O., oui, ils existent (Sauveur FERNANDEZ, Marcel ZIDANI).

La proportion entre les diverses composantes sont les suivantes pour les 40 premiers: PR: 9 ( V. GISCARD D'ESTAING, F. LÉOTARD, A. MADELIN, C. MALHURET), RPR: 17 (A. JUPPÉ, M. BARZACH, M. ALLIOT-MARIE, D. UKEIWE), Rad : 3 (Y. GALLAND), PSD: 1 (C. BAUR), CNI: 1 (Y. BRIANT), CDS: 1 (M. REYMANN), les autres ou presque sont sur une autre liste ! Club perspectives et réalités: 1 (A. LAMASSOURE), UDF: 4 (R. HERSANT, M. PINTON et... CHARLES DE GAULLE (le petit- fils). Sans étiquette: 3 (J. LACAZE, ancien chef d'état-major des armées; F. GUILLAUME, ancien Président de la FNSEA, ancien ministre de l'agriculture; Alain POMPIDOU... le fils).

Sur A2 au cours du débat (8 juin), GISCARD très à l'aise dans son argumentation en trois points, a défendu le principe d'une liste d'union en s'adressant à Mme VEIL (mais n'a pas repris devant elle le fait qu'il lui aurait proposé d'être tête de liste), ce qui correspond aux aspirations des électeurs de l'opposition.

 

Liste Europe Rénovateurs :

Conduite par Claude LLABRES (coordinateur national du mouvement). Ces "nouveaux communistes" s'inspirent de la démarche du Parti communiste italien. Un rapprochement entre la CEE et le COMECON est préconisé. On note comme candidat non MRC: Vincent LABEYRIE (professeur d'écologie à l'Université de Pau), Gérard TARTAGNAC (du MODEF), Raphaël GARCIA (membre de la commission exécutive de la CGT métallurgie), Mme Chantal DIEUZEDE (animatrice de la maison des chômeurs), Christian DELACHERIE (cadre à la direction de la SNCF, ancien membre du cabinet ministériel de C. FITERMAN), Josiane ROUZIERES (membre de l'exécutif de la nouvelle gauche, adjoint au maire de Fleury-sur-Orne, PS), Alain RIGOUT (fils de Marcel l'ancien ministre). M. Maurice KRIEGEL-VALRIMONT (communiste et ancien résistant bien connu) comme M. Jean-Pierre VIGIER (ex-membre du comité central du PCF) président le comité de soutien. Partisans de l'accroissement des prérogatives du Parlement européen et de la suppression de la Commission, ils souhaitent la transformation du Conseil des ministres de la CEE en exécutif. Sur les 81 candidats, on trouve 41 femmes.

 

Liste " Initiatives pour une démocratie européenne (IDE) " :

Conduite par Franck BIANCHERI (28 ans, Sciences-Po). Mouvement transnational (3 pays: France, Pays-Bas, Espagne) avec la moyenne d'âge la plus basse (27 ans).

L'Europe est jusqu'à maintenant une prothèse des états, mise en forme par des fonctionnaires, serviteurs des États. C'est pourquoi il faut en finir avec les partis émanés de chacun des pays.

L'avenir est à l'Europe et c'est aux citoyens eux-mêmes de l'organiser, et non de le confier aux personnalités à clivage politique national (d'où leur absence sur cette liste). Il faut développer des structures communautaires plus démocratiques.

Pour un vrai gouvernement responsable devant le parlement, alors que la Commission n'est que nommée par les gouvernements nationaux.

Création de partis européens, d'associations transnationales.

Faciliter la libre circulation (autoroute gratuite en France et en Espagne). Il n'est pas normal de payer plus cher un trajet aérien à l'intérieur de la CEE qu'entre Munich et New York.

Le clivage n'est pas entre la Gauche et la Droite (par exemple: le PS en matière de défense est plus à droite que la droite allemande), il est  entre ceux qui veulent une Europe démocratiquement organisée et ceux qui ne la veulent pas.

Finances: 2 millions de Frs (cotisations, dons, vente de cartes IDE au coût de 5 ÉCUS soit 35 Frs).

 

Liste  l'Alliance . Un nouveau souffle pour l'Europe :

Conduite par un chirurgien de Montpellier M. le Pr. JOYEUX.

Composée de socio-professionnels et de mères de famille. La famille est le thème principal de sa préoccupation en proposant un soutien financier équivalant au SMIC au père ou mère d'un enfant.

 

Liste  Génération Europe :

Conduite par Gérard TOUATI, chef d'entreprise. Elle propose 5 objectifs: construire l'Europe des régions, des chances, des libertés, des croissances, des espaces.

 

Liste R.F.L. Rassemblement pour une France libre :

Elle est conduite par Jacques CHEMINADE (énarque, secrétaire général du P.O.E.) qui s'était présenté en 1984 sous l'appellation du Parti ouvrier européen (et qui avait obtenu... 0 voix à Banyuls). Démocrate républicain se référant à COLBERT, JAURÈS, plus la tradition scientiste américaine. Comme de GAULLE et JAURÈS, il s'estime être un homme seul [ce qu'avait bien confirmé les résultats de 1984, mais il devrait progresser le 18 juin en gagnant 3 ou 4 voix. N. de l'a.]. Partisan d'un autre langage pour l'Europe [je ne parle pas du Volapük. N. de l'a.], mais pour une Europe autour d'un projet. Très critique sur l'Acte unique décidé en catimini et qui ouvre l'Europe à la drogue.

Contre le socialisme des coups de Bourse favorisés par FABIUS. LE PEN n'est qu'un bouffon qui n'aime que les émigrés riches appartenant à la secte MOON [allusion à des membres de sa liste. N. de l'a.].

Pour une Europe de l'Atlantique à l'Oural (dans le sens déjà évoqué par de GAULLE), mais pas l'inverse. La CEE empêche de produire plus, ce qui pourrait  être exporté à l'Est et vers les pays du tiers monde.

Financé exclusivement par les 6000 abonnés au journal Nouvelle Solidarité. [Il devrait donc faire au moins 6000 voix dans la métropole. N. de l'a.]. Composé de socio-professionnels qui s'opposent à l'Europe des cartels financiers.

 

Résultats du 18 juin :

              

                                         Banyuls                        Département               Métropole

Inscrits:                   3738   (+373 /1984 )                255.891                  38.155.516

Abst.:                     1850   (49,5%)                         (50,77%)                 (51,11% )

Votants:                 1888   (50,5%)                         (49,23%)                 (48,88% )

Blancs:                        48   (  2,54%)                       (  2,75%)                 (  2,89% )

S.Expr.:                  1840   (49,22%)                       (47,88%)                 (47,46% )

UDF - RPR:              502  (27,28% SE)                 (22,57% SE)           (28,86% SE)

Centre (S. Veil):         109  (  5,92% SE)                 (  5,31% SE)           (  8,4%   SE)

F.N.:                          313  (17,0%   SE)                 (18,67% SE)           (11,73% SE)

PS (Fabius):               477  (25,92% SE)                 (23,58% SE)           (23,6%   SE)

Ecologistes:                165  (  8,97% SE)                 (  9,12% SE)           (10,59% SE)

PCF (Herzog):           145  (  7,88% SE)                 (10,82% SE)           (  7,72% SE)

Rénov.:                          6  (  0,33% SE)                 (  0,33% SE)           (  0,41% SE)

MPPT:                           5  (  0,27% SE)                 (  0,55% SE)           (  0,60% SE)

L.O.:                            11  (  0,60% SE)                 (  1,01% SE)           (  1,42% SE)

Chasseurs:                   67  (  3,64% SE)                 (  5,49% SE)           (  4,13% SE)

Prot. animaux:               14 (  0,76% SE)                (  0,98% SE)           (  1,03% SE)

Joyeux:                         19 (  1,03% SE)                (  0,95% SE)           (  0,75% SE)

Touati:                             5 (  0,27% SE)                (  0,26% SE)           (  0,32% SE)

Cheminade:                     2 (  0,11% SE)                (  0,13% SE)           (  0,17% SE)

Biancheri:                        0 (  0,16% SE)                (  0,17% SE)

 

Remarques :

1- Les abstentions sont fortes, mais inférieures à Banyuls par rapport au département et à la métropole. Elles sont cependant en augmentation comparées à celles des deux élections européennes de 1979 et 1984. Afin de les limiter, les bureaux de vote sont restés ouverts jusqu'à 22 heures, apparemment sans grand effet.

         L'interprétation sera diversement commentée: lassitude des électeurs après cinq élections en un an, sentiment d'impuissance des citoyens face à une politique qui se fait sans eux et à des problèmes concrets qui demeurent (emploi, chômage, insécurité). Perte de confiance envers les grandes formations politiques (comme tendrait à le prouver le total obtenu par les petites listes et les écologistes: 19, 59%, sans compter un pourcentage non négligeable des voix du FN de l'ordre de 5 à 6%). Très faible mobilisation, sinon nulle, des élus locaux en faveur de leur candidat (les municipales sont passées). Enfin les médias trop polarisés sur certains aspects anecdotiques au détriment des problèmes de fond. A leur décharge, les candidats eux-mêmes s'y sont prêtés ou sont restés dans de banales généralités en se gardant de s'aventurer dans le comment. [langue de bois commande! N. de l'a.]

         La campagne a été par trop monopolisée par les têtes de liste, alors qu'elle aurait pu être "démultipliée" par 81, ce dont se plaindra par exemple le second de la liste VEIL qui estimera "avoir" le sentiment d'être un légume (interview dans "Le Monde" du 25 mai de J-L BORLOO). Il sera surprenant d'entendre S. VEIL, interrogée à la radio sur les "états d'âme" de son colistier, répondre qu'elle seule doit avoir le monopole de la parole !

         Le nombre des bulletins blancs et nuls est en diminution (ce mode d'expression n'étant pas pris en considération explique l'abstentionnisme, ce problème sera abordé par de très rares commentateurs).

            2- La liste UDF-RPR arrive en tête et fait à -1,58% le score national. C'est naturellement moins que la liste d'union de 1984 (36,87% des SE), même si l'on y ajoute les voix de S. VEIL: 611 contre 702 (soit -91 voix/1984), malgré 373 inscrits de plus qu'en 1984 .

         GISCARD D'ESTAING s'estimera néanmoins très satisfait de son score national (malgré au total une perte de 8 sièges dans la future assemblée). Le bénéfice est donc davantage pour des motivations personnelles et de politique intérieure.

        

         La liste Centriste de S. VEIL n'obtient pas le résultat escompté, le vote "utile" lui ayant été préjudiciable. Notons d'ailleurs la meilleure présentation du bulletin de vote de la liste UDF-RPR, et à l'opposé l'absence de celui de S. VEIL  dans les enveloppes reçues quelques jours avant le scrutin !

         Les sondages fournis le 9 juin par les principaux organismes sont loin d'être exacts puisqu'ils lui donnaient de 11,5 à 12% (soit 3,6% de plus), contre 26 à 27,5% à GISCARD.

         Cette situation place a posteriori les centristes (CDS de P. MÉHAIGNERIE) et les rénovateurs de l'UDF dans une position inconfortable (voir le dessin de PLANTU dans le Monde du 21-06).

        

         3- Le Front national progresse (+81 voix/1984) mais ne retrouve pas son score des Présidentielles de 1988 (437 voix), victime aussi des abstentions. Au plan national, il n'arrive qu'en 3 ème position avec 11,73% (les sondages donnaient le 9 juin de 9,5 à 10%) (5).

         À Perpignan il arrive en tête:  25,31% (mais avec 45,63% d'abstentions). P. SERGENT ne sera cependant pas élu puisque sa liste n'obtient que 10 sièges et qu'il se situait en  position non éligible.

         Le thème des immigrés est évidemment prépondérant dans la motivation du vote comme le montrent bien les résultats obtenus département par département (6).

        

         4- Les Verts-écologie connaissent un succès prévisible. Avec 10,59% en métropole, ils entrent dans la "bande des 4". À Banyuls si leur gain est spectaculaire (+105 voix/ 1984, ou 5,82% en plus), il est moins important qu'au plan national et départemental. Il prend ses gains dans un électorat de sensibilité socialiste déçu et de jeunes électeurs.

         L'écologie ne constitue pas une force politique à Banyuls... malgré la présence d'un grand laboratoire d'écologie installé depuis 107 ans ! Il apparaît aussi clairement que le pourcentage de vote écologique croît  en fonction de la taille des villes et diversement selon les régions

         Par exemple en % des SE : Perpignan 8,24; Montpellier 11,91; Marseille 9,39; Lyon: 10,77. Mais si l'on tient compte du % par rapport aux inscrits, on observe: Banyuls: 4,41%; Perpignan: 3,68; Montpellier: 5,60; Marseille: 3,83; Lyon: 4,81; Paris: 5,21, ce qui démontre que ce courant ne mobilise qu'une fraction convaincue, mais limitée, de l'électorat.

         Pour la première fois, les écologistes français font leur entrée dans l'Assemblée européenne avec 9 élus. Juste récolte pour leur mentor René DUMONT qui estime qu'il ne reste plus qu'une dizaine d'années pour éviter la déchéance de l'humanité (voir interview dans "Paris Match" du 17 août). Quelles sont les raisons d'un tel engouement? sinon une prise en compte insuffisante de la vie quotidienne dans les programmes des partis au pouvoir (8). Avec près de deux millions de voix ils ont presque doublé leur score en un an !

 

         5- Le Parti Socialiste ne réalise pas le score espéré par son leader, ni celui donné par les sondages du 9 juin (26%). Avec 23,61% sur le plan national il régresse par rapport à 1984.

         A Banyuls il perd 24 voix / 1984 (ou 0,34%) malgré un accroissement de 373 inscrits. Ni le soutien du Premier ministre, ni la référence à F. MITTERRAND en cours de campagne n'auront suffi à mobiliser l'électorat de 1988 (-515 voix/ 1er tour des législatives). Ce score est inférieur de peu à celui obtenu par la SFIO le...2 juin 1946 !

         Cet échec traduit sans doute la mauvaise "image de marque socialiste" de Laurent FABIUS, et la persistance des problèmes (sinon des "casseroles") après plusieurs gouvernements socialistes. On pourrait cependant tout aussi bien interpréter les abstentIonnistes socialistes comme des satisfaits qui ne verraient plus la nécessité d'un soutien électoral, compte tenu d'un enjeu non national et d'un gouvernement non directement menacé.

         Si l'on reste dans la logique des municipales le risque d'érosion pourrait se poursuivre. Comme observé pour le PCF, le remplacement des anciens socialistes par les nouvelles générations n'est pas assuré.

        

         6- Le PCF avec HERZOG, nouveau et jeune chef de file, fait moins que G. MARCHAIS en 1984 (-131 voix) malgré 373 inscrits en plus. Il perd par rapport aux législatives de 1988  (-55 voix). Le pourcentage est sensiblement le même qu'au niveau national tandis qu'il est légèrement meilleur au plan départemental où il se place devant les écologistes.

         Les voix perdues ne se retrouvent pas (ou peu) à l'extrême gauche dont le total n'est que de 22 voix.

         Faut-il pour cela en conclure que de "nombreux abstentionnistes" constituent une réserve du PCF comme le soutiendra G. MARCHAIS, et que la démobilisation est le résultat de la "campagne débile menée par les forces politiques du consensus: FABIUS, GISCARD ET VEIL" ("L'Humanité" du 19-6)? L'autocritique (l'une des pierres philosophales du marxisme-léninisme) ne semble pas la vertu cardinale du secrétaire général (du moins vu de l'extérieur).

         Comme dans le cas de la section locale du PS, la cellule du PCF n'a pas apporté de soutien public en faveur de son candidat en relayant ses thèses.

         Y a-t-il eu un effet résultant des évènements de Pékin. Le désaveu par le Parti communiste français de la conduite des dirigeants et de l'armée en Chine, comme son soutien sans réserve à la nouvelle politique de Gorbatchev en URSS, ne paraissent pas toutefois avoir eu de répercussions électorales importantes.

         Comme cela a déjà été observé lors d'élections antérieures, le recul du PCF est plus profond et sans doute amorcé dès 1981, puis accéléré par sa participation trop longue au gouvernement socialiste.

         Pourtant, durant la campagne, le discours de P. HERZOG a été fort clair dans la dénonciation des effets de l'intégration économique résultant de l'Acte unique. Il n'a manifestement pas porté, peut-être à cause d'une forme trop conventionnelle et de propos par trop "misérabilistes" (dixit J. RALITE, ancien ministre du PCF dans le gouvernement MAUROY).

         Le livre de P. HERZOG est bien une critique sans concession du capitalisme des multinationales, et qui ne laisse guère d'option que celle de ... la prise du pouvoir ou la mise au pas celles-ci. Mais est-ce bien raisonnable dans un pays où la paupérisation est relative et le taux de chômage encore insuffisant (si l'on peut dire), et qui conduit plus la jeunesse à la désespérance ou/et auxparadis artificiels, qu'à l'action organisée (sinon en bande de nihilistes, ou à l'individualisme)?

        

         7- Toutes les petites formations d'extrême gauche reculent par rapport à 1984. A. LAGUILLER de -4  voix, le MPTT (-10), les rénovateurs communistes: -11.

         Seul le Parti ouvrier européen de 1984, curieusement intitulé Rassemblement pour une France libre progresse, passant de 0... à 2 voix (mais est-ce réellement une liste de gauche?).

        

         8- Les chasseurs associés aux pêcheurs font un score honnête au plan national, et non négligeable à Banyuls (3,64%).

         Dans certains départements, comme les Landes et la Somme, ils font plus de 14%! et arrivent à égalité avec les écologistes dans les Pyrénées-Atlantiques (plus de 9%), mais ne font (heureusement pour les pigeons véritables pollueurs des monuments), que 0,48%... à Paris.  

 

         9- La liste de la Lutte pour la protection des animaux fait un score qui n'empêchera  pas la Feria de Dax de se dérouler durant l'été.

        

         10- La liste IDE du jeune Patrick BIANCHERI (dont la moyenne d'âge est sans doute la moins élevée) n'obtient aucune voix à Banyuls, et est lanterne rouge dans le pays. Effort mal récompensé de son leader, malgré des propos fort pertinents sur France Inter (10 minutes), qu'il fallait saisir... au vol.

 

Notes annexes :

(1) La spécialisation des activités industrielles et agricoles, décidées au sein de comités techniques hautement qualifiés (quant aux buts fixés) en fonction des lois du marché, ne peut que conduire à "l'irréversibilité" de l'intégration européenne (du moins peut-on le penser). Cette planification  n'est pas sans conséquences multiples dans son application, comme le fait ressortir l'ouvrage de Pierre MIQUEL: Vive la France. Edit. Garamont/Le Liséré (1987).

(2) Lire à ce propos l'ouvrage de Françoise LABORDE et Jean-Luc MANO: Les Mammouths et les jeunes lions. Edit. Belfond (1990), et les débats lors du Congrès du RPR. Cette situation n'est pas propre à la droite comme le révèlera le Congrès du PS à Rennes (totalement surréaliste pour les non-initiés), et les affrontements au sein du Comité Central du PCF préparatoire à son congrès. Même le FN connaîtra des tensions internes sérieuses lors de la crise du Golfe (septembre 1990).

(3) Référence à la  déclaration du Président LAVAL du 24 juin 1942 (voir dans "Midi-soir", quotidien régional. Document personnel de l'auteur).

L'arrivée au pouvoir de GORBATCHEV en URSS, les accords d'Helsinki et la situation économique interne des divers pays socialistes semblent affaiblir l'argument du "péril rouge".

(4) Henri KRASUCKI, secrétaire général de la CGT, militant communiste depuis 1939, engagé dans la Résistance et déporté, décédé le 27 janvier 2003 (Cf. le compte-rendu sur sa vie politico-syndicale dans "Libération" du 28/01/2003).

(5) Cf. Guy BIRENBAUM: Le Front national en politique. Edit. Balland (1992).

(6) Emmanuel TODD (op. cit., 1988) montre que dès 1984 le coefficient de corrélation entre proportion des % de S.E pour le FN, et présence des travailleurs immigrés est de + 0,89. Mais pour l'auteur, si cette mesure définit le message essentiel du FN, il n'en décrit pas la totalité puisque les listes n'obtiennent jamais moins de 5 %,  même là où le nombre d'immigrés est insignifiant.

Nous avons antérieurement signalé la corrélation existant entre la courbe du chômage et celle de l'extrême droite. Ceci expliquerait la diversité de ses électeurs recrutés dans des couches sociales fort différentes.

(7) Cf. Georges MARCHAIS: Démocratie. Edit. Messidor/Editions sociales (1990). Et l'analyse critique par André LAURENS dans "Le Monde" du 3-4 juin 1990.

(8) Cf. Bernard THOMAS: Lettre ouverte aux écolos qui nous pompent l'air. Edit. Albin Michel (1992) et Alain DENVERS: Points choc. Vert. L'environnement dans tous ses états. Edit. Edition°1, Rennes (1990)

 

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