Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Histoire électorale de Banyuls sur mer
Histoire électorale de Banyuls sur mer
Publicité
L'Auteur

Claude Razouls-1

Visiteurs
Depuis la création 2 431
Archives
27 août 2017

23 - Législatives des 18 et 25 novembre 1962

23 - Législatives des 18 et 25 novembre 1962

  

À l'Assemblée nationale, une motion de censure à propos justement du mode d'élection du président de la République (les 5 et 6 octobre) a contraint le gouvernement POMPIDOU à démissionner (par 280 voix: PCF + SFIO + Radicaux + MRP + Indépendants, contre 200 voix: UNR + divers MRP et Indépendants). L'Assemblée est alors dissoute.

La campagne qui s'ouvre oppose très clairement les "vrais gaullistes" à tous les autres. L'hypothèque algérienne étant levée, les partis espèrent leur revanche lors des législatives.

DE GAULLE, visé personnellement, ne peut que s'engager à soutenir les candidats qui se réclament de lui, et ont naturellement appelé à voter OUI au référendum d'octobre. Le discours du 7 novembre permettra à de GAULLE de rappeler le rôle néfaste des partis de 1940 à 1962 (1).

André MALRAUX a lancé le mouvement de soutien pour la Ve République, label des candidats gaullistes "officiels" plus une cinquantaine de MRP et Indépendants (les Républicains Indépendants de Valery GISCARD D'ESTAING).

L'opposition ne constitue pas un bloc aussi homogène:

- le PCF présente ses candidats dans toutes les circonscriptions au premier tour, mais des accords de désistements sont envisagés pour le second avec les socialistes.

- un cartel des NON, allant parfois jusqu'à l'unité de candidature, associe la SFIO, les radicaux de Maurice FAURE, . . . jusqu'aux Indépendants de Paul REYNAUD et Bertrand MOTTE.

 

Dans la 1ère circonscription Perpignan-Céret quatre candidats se présentent :

1 - Pour le PCF: Joseph ALBERT, suppléant Joseph POMARÈDE.

2 - Pour l'URDS: Paul ALDUY (député sortant) et son suppléant Henri   GUITARD.

3 - Pour les Indépendants: Henri FALANDRI, suppléant Jean HONTARÈDE (Front national uni).

4 - Pour l'UNR: Aimé FA, suppléant Serge ALEXIS.

 

Le PCF appelle les électeurs de gauche à ne pas voter pour ALDUY, le traitant de "politicien itinérant" et de "nomade"(in  "L'indépendant", nov 1962).

Les rapatriés d'Algérie, le MRP, les Indépendants, et des socialistes, soutiennent la candidature de Paul ALDUY  ("L'Indépendant", nov 1962).

FALANDRI appelle les Français rapatriés, les nationaux déçus et l'UDCA, ainsi que les anciens combattants, à voter pour lui.

 

Résultats (1er tour) :

                      Banyuls                               Circonscription            Métropole

Inscrits:    2528 (+ 104 /1958)                     79.504                  27.535.019

Abst.          :                                     993 (39,28%)                            (38,06%)           (31,25%)

Votants:     1535 (60,72%)                          (61,94%)                  (68,75%)

Blancs:          65 (  4,23%)                           (  4,60%)                  (  7,0 %)

S.Expr.:     1470 (58,15%)                           (59,09%)                  (65,58%)

 

ALBERT:     406 (27,61% S.E)                   (29,07% S.E)           

ALDUY:      558 (37,95% --)                      (39,92% -- )

FA:               448 (30,47% --)                      (24,95 % --)             

FALANDRI:  58 ( 3,94% -- )                     (  6,03% -- )             

 

Métropole: PCF: 21,78% S.E; PSU: 2,4% S.E; PS (SFIO): 12,6% S.E; Radicaux: 7,5% S.E; MRP: 8,9% S.E; Modérés-CNI: 9,6% S.E; RI (gaullistes): 4,4% S.E; UNR: 31,90% S.E; Indépendants: 0,90% S.E.

 

Remarques :

 

Les abstentions sont très élevées et supérieures à Banyuls par rapport au département, et surtout au pays. C'est aussi la troisième élection en un an, et le problème algérien est réglé, sauf en ce qui concerne les rapatriés (dont les harkis qui semblent scandaleusement passés "par profits et pertes").

Le PCF progresse par rapport à 1958 (+98), récupérant soit de nouveaux inscrits, soit des voix du PSU, mais plus vraisemblablement son électorat potentiel (la candidature de Joseph ALBERT, connu à Banyuls dont il est originaire, a dû aussi jouer son rôle). Au plan national, la progression est également nette (+3% S.E), l'hémorragie de 1958 est stoppée.

Le Parti Socialiste, ou plus exactement l'URDS "tendance ALDUY" progresse (+110) à Banyuls, mais moins que dans le reste de la circonscription (avec Perpignan, et les débuts du Moulin à Vent). Il bénéficie de quelques voix radicales du fait de l'absence de Gaston PAMS dans la compétition. Il est clair que les radicaux se sont . . . volatilisés (sans doute vers l'abstention) faute de candidat.

 

Dans le pays, le Parti Socialiste (SFIO) subit un nouveau recul (-3,1% S.E./ 1958) correspondant à l'apparition du PSU (2,4%). Mais il est probable qu'il n'y a pas simple transfert. Les scores de Paul ALDUY en pourcentage entre Banyuls, la circonscription et la métropole, montrent bien la nature politique hétéroclite de ses électeurs.

Les gaullistes de l'UNR font à Banyuls un score équivalent à celui du pays, mais non dans la circonscription du fait du "poids électoral" de Perpignan. Leur progrès à Banyuls est spectaculaire par rapport à 1958 (+266), mais ils ne retrouvent pas les voix du précédent référendum (-470). Ils n'ont donc "fixé" qu'une fraction des électeurs gaullistes, peut-être en raison de la présence d'ALDUY, mais plus vraisemblablement du fait de leur candidat un peu faible (encore qu'en pourcentage, il atteint celui de la métropole).

  Les progrès de l'UNR, par rapport à 1958, sont d'importance et marquent, avec un certain retard, la véritable implantation du mouvement gaulliste en France.

        

  Pour le second tour, les trois candidats: ALBERT, ALDUY et FA restent en piste. Le candidat du PCF lance un appel à tous les républicains, et P. ALDUY à barrer la route au péril communiste.

 

Résultats (2 ème tour) :

                        Banyuls                             Circonscription       

Inscrits            2528

Abst.               :                                         780 (30,85%)           (30,70%)

Votants:        1748 (69,15%)                     (69,30%)

Blancs:              40 ( 2,29%)                     ( 3,24%)

S.Expr.:        1708 (67,56%)                     (67,05%)

 

ALBERT:       475  (27,81% S.E)             (30,86% S.E)

ALDUY:         691 (40,45% --)                 (43,57% --)

FA    :             542  (31,73% --)                (25,56% --)

 

Remarques :

 

Les abstentions bien que réduites sont encore élevées, traduisant bien le peu d'enthousiasme de10 à15% des électeurs. La mobilisation des abstentionnistes du premier tour a profité aux 3 candidats, mais inégalement : +69 pour le PCF, +153 pour ALDUY, et + 94 pour FA.

La carte politique de Banyuls a changé, où, pour la première fois la droite s'est comptée, rassemblée (fût-ce sur l'étiquette UNR).

Les trois formations PCF, gauche non communiste, et droite, se partagent à peu près également l'électorat, avec un léger avantage à la SFIO, aux socialistes démocrates et radicaux.

Dans le département, se sont déroulées des "triangulaires" du fait de la situation particulière du Parti Socialiste et de ses leaders, plus URDS que réellement SFIO (Arthur CONTE et Paul ALDUY).

Si ALDUY est élu dans la 1 ère circonscription, André TOURNÉ retrouve son siège dans la 2 ème au détriment d'Arthur CONTE (faute d'assiduité dans sa circonscription ?).

Dans le pays, il en va très différemment puisque l'UNR + les RI + des MRP "gaullistes", obtiennent la majorité absolue des sièges avec respectivement 233 élus (+68) et 20 élus (R.I) (2).

Le PCF a 41 élus (+31), et le PSU 3 élus.

Le cartel des NON : Parti Socialiste (SFIO) : 66 élus (+25 ), les Radicaux et RGR : 42 élus (+1) , le CNI : 28 élus (-78).

Le MRP a 38 élus (-18).

Il est évident que les gaullistes (UNR) ont "aspiré" l'électorat modéré, Indépendant et MRP. Seuls des accords de désistement réciproque à gauche entre le PCF, la SFIO et les Radicaux leur ont évité une déroute plus complète. La leçon est claire: seule une tactique d'union de la gauche est rentable en sièges.

Le scrutin majoritaire impose nécessairement la formule: "au premier tour on a ses préférences, au deuxième on élimine".

Les électeurs modérés qui avaient longtemps voté en faveur des thèses de l'Algérie française ont maintenant rallié définitivement la politique économique de DE GAULLE (sinon ses positions dans le domaine de la politique étrangère et européenne).

L'extrême droite fait également les frais du scrutin comme Jean-Marie LE PEN qui est battu. Mais d'autres leaders le sont aussi comme Michel DEBRÉ, Paul REYNAUD et MENDÈS FRANCE.

Le second gouvernement POMPIDOU (3) est formé avec une quasi-totalité de ministres UNR, sauf trois: Valery GISCARD D'ESTAING (Finances), MARCELLIN (Santé) et PISANI (Agriculture) (4).

 

Notes annexes :

(1, 2, 3) Cf. Alain PEYREFITTE (1994, op. cit.).

(4)  Cf. Edgard PISANI: Persiste et signe. Edit. Odile Jacob (1992).

 

Page précédente

Page suivante

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité