5 - Référendum du 5 mai 1946

5 - Référendum du 5 mai 1946

L'Assemblée constituante qui a en charge la rédaction d'une nouvelle constitution est divisée en trois courants politiques : PCF (159 députés), SFIO (146), MRP (152).

Les affrontements entre le MRP et le PCF dominent les débats et conduisent le premier à s'opposer aux communistes et aux socialistes qui refusent d'inscrire dans la constitution le principe de la liberté de l'enseignement et la garantie du droit de propriété.

Par ailleurs le texte constitutionnel voté par 309 voix (PCF + SFIO) contre 249 (MRP + Modérés) prévoit une Assemblée souveraine assistée de deux assemblées consultatives (Conseil économique et social, Conseil de l'Union française). De ce fait l'exécutif est sous la dépendance directe d'une assemblée unique sans contrepoids.

Le général de GAULLE a démissionné de la présidence du gouvernement le 20 janvier 1946 en désaccord avec la "dictature des partis" sur l'exécutif et la réduction des crédits militaires.

La question sur laquelle porte le référendum est simple : "Approuvez-vous la constitution adoptée par l'Assemblée nationale constituante ?".

Si OUI, la Constitution entre en vigueur, sinon une autre Assemblée constituante doit être élue.

Le PCF, la SFIO, la CGT font campagne pour le OUI.

Les Radicaux, l'UDSR, le MRP et les Modérés (Indépendants et paysans) font campagne pour le NON, dénonçant la dictature de la majorité sinon .... du prolétariat.

Curieusement, alors que l'issue du scrutin est incertaine, de GAULLE se tait, escomptant sans doute que l'instabilité qui suivrait l'adoption de ce texte ferait de lui un recours.

Résultats :

                           Banyuls                          Département                       Métropole

Inscrits       : 2058 (+35/ oct 45)                 137.877              24.657.128

Abst.          :   628 (30,56%)                     (25,61%)                 (19,3%)

Votants       : 1430 (69,48%)                     (74,39%)                 (80,6%) 

Blancs        :     18 (  1,26%)                     (  2,18%)                 (  2,58%)

S.Expr.       : 1412 (68,61%)                     (72,77%)                 (78,6%)

Oui             :   996 (70,53% S.E)              (66,1% S.E)             (47% S.E)

NON          :   416 (20,21% --)                 (33,9% --)                (53% --)

Remarques :

Alors que le pays rejette le projet de constitution, les Banyulencs l'approuvent à une faible majorité, comme le canton, et plus que le département.

Résultat attendu puisque la somme PCF + SFIO donnait 1376 voix lors de la Constituante précédente, mais ici 380 voix sont manquantes, dont une partie gagne le camp des Non (+155) et une autre celui des abstentionnistes (+225), alors que 18 voix des votes nuls de l'élection précédente se sont aussi abstenues (total alors "correct"= 243). Mais où situer les 35 nouveaux inscrits ?.

Le problème du chassé-croisé des électeurs d'une élection à l'autre, ou d'un tour sur l'autre, est difficile à résoudre et sera analysé ultérieurement; il est pourtant capital si l'on veut interpréter valablement les reports de voix. La solution réside (en partie) dans l'examen des listes d'émargement.

Tout laisse supposer ici que ces nouveaux inscrits ont tous voté Non (155 + 35 =190). Total correct, mais hypothèse improbable !, qui suppose que les "225 radicaux" d'octobre 1945 ont tous voté NON (hypothèse logique et vraisemblable). Pourtant : 416 - 225 = 191 voix de plus pour le Non !

Remarque complémentaire:

            On observe que ce référendum est le seul dans toute l'histoire de France à donner un résultat négatif, et ne correspond pas à un plébiscite puisque le général de GAULLE ni aucun autre leader n'est en cause. Les mérites et les dangers du texte ont été discutés à l'Assemblée et devant le pays. De tous les partis, le MRP a joué le rôle essentiel.

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