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Histoire électorale de Banyuls sur mer
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Claude Razouls-1

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27 août 2017

32 - Référendum du 23 avril 1972

32 - Référendum du 23 avril 1972

 

Georges POMPIDOU, président de la République depuis trois ans, soumet par référendum le texte suivant : " Approuvez-vous, dans les perspectives nouvelles qui s'ouvrent à l'Europe, le projet de loi soumis au peuple français par le président de la République, et autorisant la ratification du traité relatif à l'adhésion de la Grande- Bretagne, du Danemark, de l'Irlande et de la Norvège aux communautés européennes ?"

Ce référendum surprise . . . surprend les Français.

 

En effet, jusqu'ici, les problèmes relatifs à la Communauté économique européenne (CEE) et le traité de Rome sont demeurés la seule affaire des politiciens et des technocrates, du grand patronat et de la FNSEA (syndicats agricoles), curieusement peu d'information de la part des syndicats.

On se souvient seulement des discours spectaculaires de DE GAULLE contre l'entrée de l'Angleterre dans le Marché commun. Celle-ci désirant à l'époque une renégociation du Traité de Rome du fait de son inclination pour un marché de libre échange. De plus l'Angleterre est liée par des traités particuliers avec les pays du Commonwealth (notamment sur l'élevage avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande).

A priori ce référendum sur l'avenir de l'Europe occidentale aurait dû permettre  d'expliquer aux Français les problèmes et les conséquences de l'intégration économique  européenne. Mais aussi d'ouvrir un débat sur des aspects plus politiques.

Ces questions seront naturellement éludées et dévoyées vers des questions de politique intérieure typiquement française.

Certains vont voir dans ce référendum l'occasion pour POMPIDOU de gêner l'opposition de gauche qui compte des "intégrationnistes européens" dans ses rangs (alors que des discussions entre socialistes et communistes sur un éventuel programme commun ont lieu), de renforcer la majorité parlementaire en y amarrant plus solidement les Centristes (CDP) et peut-être certains radicaux.

Prudent, POMPIDOU n'engage pas son mandat dans l'opération et justifie son "pseudo-plébiscite" par l'article 11 de la Constitution.

S'il s'agit de réaffirmer sa confiance envers le président de la République la procédure choisie est curieuse. On aurait mieux compris que la question soit posée aux Anglais, Irlandais et Danois. Les seuls qui réagiront seront les Norvégiens qui refusent d'adhérer au Traité de Rome . . . mais ne se considèrent-ils pas comme des européens ?

À question stupide, réponse stupide (1).

 

L'UDR, les R.I, les Centristes (CD et CDP), les Radicaux, l'Alliance républicaine (TIXIER-VIGNANCOUR) se prononcent pour le Oui.

Le Parti socialiste, le PSU, les organisations viticoles du Midi, le CID-UNATI, et Ordre Nouveau (Extrême droite) se prononcent pour l'abstention.

Le PCF, la CGT, et les Gaullistes de gauche, pour le Non.

 

Résultats :

                        Banyuls                             Département                  Métropole

Inscrits:           2857 (+58 / 1969)             176290                         29.071.070

Abst.:              1438   (50,34%)                  (47,52%)                     (39,50%)

Votants:          1419 (49,66 %)                  (52,48%)                     (60,50%)

Blancs:               250 (17,62 %)                  (14,18%)                     (11,78%)

S.Expr.:           1169 (40,92%)                    (45,04%)                     (53,40%)

 

OUI:                  661 (56,54% S.E)            (57,81% S.E )             (67,70% S.E)

NON:                508 (43,45% -   -)            (42,19% -    -)             (32,30% -   -)

 

Remarques :

Pour la première fois dans une élection le taux des abstentions à Banyuls dépasse le seuil des 50%. Et encore serait-il logique de tenir compte des bulletins blancs-nuls (8,75% des inscrits).

On ne peut pas dire que les positions des divers partis pour l'abstention aient été convaincantes puisque le débat n'a en rien concerné la construction européenne.

L'abstention n'a guère de signification politique sinon que l'électorat est plus logique que le poseur de la question et que les partis qui l'ont combattue.

Le Oui l'emporte à Banyuls, mais plus faiblement qu'en métropole (-10%) et correspond presque exactement (à +30  près) aux voix obtenues par POMPIDOU aux Présidentielles de 1969.

Quant au Non il correspond tout aussi exactement aux voix du candidat du PCF (J. DUCLOS) en 1969, à 16 voix près en plus.

 

Conclusion :

Au plan national le Oui l'emporte sur les Non, mais au total c'est 46,6% (abstentions et blancs) +17,2% (de Non) = 63,8% des inscrits qui se désintéressent ou s'opposent à l'élargissement de la CEE, ou tout au moins de la manière dont on lui présente les choses. Certains voudront y voir un avertissement donné à la politique gouvernementale. POMPIDOU en aurait été très affecté (Cf. Thierry DESJARDINS: Un inconnu nommé CHIRAC. Edit. La Table Ronde, 1983)

Une autre conséquence de ce référendum est qu'il aura rendu prudents les futurs présidents de la République dans son utilisation puisqu'il n'en sera plus fait usage jusqu'en. . . 1988 !

 

Note annexe:

(1) Il ne sera plus question ultérieurement d'interroger les Français sur l'acceptation de nouveaux membres dans la Communauté européenne.

 

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