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Histoire électorale de Banyuls sur mer
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Claude Razouls-1

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27 août 2017

13 - Municipales des 26 avril et 3 mai 1953

13 - Municipales des 26 avril et 3 mai 1953

        

Pour la première fois dans l'histoire politique banyulencque trois listes sont en concurrence.

            Le maire sortant Vincent AZÉMA a 74 ans. L'affaire de la coopérative "La Banyulencque" qui remonte à l'année 1943, et a mis au prise les deux anciens présidents de la cave ( V. AZÉMA et J. BRUGUÉ ), s'éclaircit, mais peut avoir influencé des électeurs au delà de leurs appartenances politiques.

 

1 - Liste d'Union Socialiste et Républicaine :

            La liste AZÉMA est la même que celle de 1947 à l'exception de 5 qui font leur entrée ( M. FERRER, P. FIGUÈRES, R. SOLANE, J. REIG et E. BARREDA).

 

2 - Liste d'Union Républicaine et Sociale :

            La tête de liste est le Docteur André PARCÉ qui ne s'est encore jamais présenté. Il est jeune, possède d'incontestables qualités oratoires associées à une prestance qui en impose. Il se présente comme Radical-socialiste, comme 12 de ses colistiers. Les autres sont sympathisants, 1 sans étiquette, 2 se présentent comme sympathisants communistes, et 1 SFIO (?). Si 15 candidats se présentent pour la première fois, 6 étaient déjà sur la liste de Jean BRUGUÉ en 1945. Pierre AROLES et Léon CIBIAL étaient conseillers en 1935 sur la liste AZÉMA.

 

3 - La liste d'Union des Gauches :

            Elle  comporte 11 communistes (dont seulement 4 étaient candidats en 1947 et 2 en 1945 : P. DADIES et M. DESCARREGA), 3 sympathisants communistes, 4 socialistes SFIO ou sympathisants (dont Elysé BARRIÈRE, directeur du Crédit agricole, et Roger DAVID ), 3 sans étiquette. Au total 17 sur 21 se présentent pour la première fois. Leur profession de foi critique la politique gouvernementale et politise outre mesure le débat, allant jusqu'à faire référence au Mouvement mondial de la Paix !

             

            La  profession de foi du maire sortant est plus prosaïque, se contentant d'un catalogue d'actions strictement municipales (comme le déplacement des candélabres de la plage, la déviation du ravin du val-Pompo , l'habillement des sapeurs pompiers : vestes en cuir, bottes, etc.). 

           

            La liste PARCÉ critique les partis dans un exposé doctrinal, déclare se situer au dessus de tout esprit partisan, et avec le seul souci d'une administration municipale au dessus  de toute autre préoccupation. Son programme est attractif avec quelques points forts : création d'un casino municipal, une route internationale par le col de Banyuls, un port-abri, des habitations communales d'ordre collectif, sans oublier le groupe scolaire et le logement des maîtres, les bains-douches et. . .un hospice maternité (sic), sans oublier la disparition du cloaque de la Basse (1).

            Et d'évoquer (déjà!) l'amélioration de la nationale 114 vers Cerbère et Perpignan.

            V. AZÉMA, apostrophant le Dr. PARCÉ (président du XIII catalan), il lui indique qu'il est l'arbitre de la partie et non l'un des joueurs, et que les bulletins ne s'analysent pas, mais se comptent (2).

 

Résultats (1er tour) :

 

Inscrits            : 2204 ( +112 depuis les municipales de 1947)

Abst.               :   343 (15,56%)

Votants           : 1861 (84,44%)

Blancs             :       9 (  0,48%)

S.Exprimés     : 1852 (84,03%)

Majorité absolue : 927          

 

            Aucun candidat n'est élu au premier tour.

            Le Dr PARCÉ arrive en tête avec 915 voix, AZÉMA totalise 762 voix et BARRIERE 399 voix.

            De la liste AZÉMA, outre le maire sortant, seuls Michel GINESTE (arrivé second derrière le Dr PARCÉ), Jules CANAL, François MESTRES et Pierre FIGUÈRES sont encore dans la course.

            La liste d'Union des gauches se retire purement et simplement.

 

Résultats ( 2 ème tour) :

 

Inscrits            : 2204

Abst.               :   326 (14,71%)

Votants           : 1878 (85,29%)

Blancs             :       9 (  0,48%)

S.Exprimés     : 1869 (84,80%)

 

Remarques :

La participation s'est accrue (+17 voix). Les votes blancs et nuls sont demeurés inchangés

            Des 16 candidats de la liste PARCÉ en bonne position au premier tour , 13 sont élus auxquels vient s'ajouter Jean SAGOLS (+197 voix) (3), tandis que P. COSTESÈQUE, M. GRATACOS et R. BARRIS n'ont pas assez progressé. Au total cette liste dispose de 14 élus.

            La liste AZÉMA a 7 élus mais perd son maire qui ne progresse pas suffisamment (+117 voix, soit la 33 ème position) et il lui manque . . . 38 voix. Le panachage n'a pas joué en sa faveur puisque les gains de ses colistiers sont en moyenne de +195 (écarts extrêmes : +168 à +210).

            La liste du "PCF", bien que plus "ouverte" qu'en 1947, recueille en moyenne 354 voix (écarts : 407 à 297) au premier tour, et pour les seuls communistes : 344 voix. Par rapport aux législatives de 1951 le PC perd des voix (-150) et si l'on considère le seul score de son leader DADIES : - 147 voix. Par rapport aux municipales de 1947 le PC perd en moyenne -150 voix.

            Le Parti socialiste SFIO (dans la mesure où il s'incarne dans son leader AZÉMA) obtient une moyenne de liste de 673 voix au 1er tour (écarts extrêmes : 857 et 627), et voit tous ses candidats sans exception dépasser assez largement le score des législatives, confirmant que les électeurs ont moins tenu compte de l'étiquette que des hommes.

            Au second tour, ces derniers ont bénéficié d'un report de 195 voix en moyenne de la liste d'Union des Gauches (soit 55%). Si l'on suppose que les 45% se sont abstenus (159), ce sont 176 abstentionnistes du 1er tour qui sont venus au second, soit un chassé-croisé de 7 à 8 % des inscrits.

            Le Parti Radical a, au 1er tour, une moyenne de 724 voix (écarts extrêmes : 857 et 681), ce qui est tout à fait inhabituel puisqu'il disposait aux législatives de 1951 de 249 voix, et en 1946 de 308 voix. Il a donc bénéficié des 252 voix de "droite", plus sans doute une grande partie des nouveaux votants, ou d'électeurs. . . ex- PCF et anti-AZÉMA.

 

Le 10 mai 1953 le Conseil municipal est réuni en vue de l'élection du maire et des adjoints sous la présidence de Léon ROCARIES doyen d'âge.

Un seul candidat maire : André PARCÉ = 14 voix (élu). (S.E = 21; blancs ou nuls = 7)

1 er adjoint : Léon ROCARIES = 14 voix (élu); Jules CANAL = 7 voix.

2 ème adjoint : Fernand VIDAL = 14 voix (élu); Jules CANAL = 7 voix.

Le Conseil émet le vœu d'une création de deux adjoints supplémentaires. Les élections complémentaires au sein du Conseil municipal ont lieu le 24 juin:

            3 ème adjoint : Jules CANAL = 19 voix.

         4 ème adjoint : Abel PAGÈS = 19 voix.

 

Conclusions :

           

Les élections municipales révèlent, du fait du panachage entre les listes, des difficultés d'interprétation des chiffres. Elles confirment cependant la fidélité politique des noyaux de base, le poids numérique de chaque parti, les différences portant sur les sympathies dont jouissent les candidats, plus le coefficient de "voisinage politique".

            L'absence de liste strictement de droite au 1er tour a conduit cet électorat à voter à près de 100% pour le Dr PARCÉ qui rassure les propriétaires banyulencs.

            Une remarque concernant le très faible nombre des votes blancs ou nuls, alors que le panachage des bulletins est une opération délicate si l'on veut éviter toute erreur. Ceci ne peut s'expliquer que si les bulletins sont soigneusement préparés à la maison et dans le cadre familial au sens large.

           

Sur le plan national, les élections municipales marquent le recul spectaculaire du RPF qui passe de 26% de sièges en 1947 à 10,6%.

            Plusieurs raisons à cela: tout d'abord ce type d'élection ne favorise pas le débat politique au niveau des institutions toujours très critiquées par les gaullistes; ensuite grâce au Plan MARSHALL (4) relayé par le plan MONNET (5) l'économie française se relève lentement; enfin le risque d'une nouvelle guerre mondiale s'estompe (la guerre de Corée est terminée, l'Allemagne est définitivement coupée en deux (RFA à l'Ouest et RDA à l'Est).

            Les Français finissent par s'habituer aux crises ministérielles à répétition, puisqu'on revoit souvent en fait les mêmes (par exemple Edgar FAURE). Mais surtout la droite modérée revient au pouvoir (Gouvernements PINAY en 1952 (6), Joseph LANIEL en 1953-54) et récupère une partie des voix gaullistes.

            Le 6 mai, de GAULLE rend leur liberté aux élus RPF, qui prennent le sigle de Républicains Sociaux, et se retire définitivement (croît-il ou veut-il faire croire) à Colombey-les-Deux-Eglises.

 

Notes annexes :

(1) Documents à la disposition de l'auteur

(2) Référence au laboratoire d'analyse du Docteur PARCÉ à Perpignan (souvenir d'un banyulenc à l'auteur sur le déroulement de cette campagne).

(3) Jean SAGOLS m'a bien informé sur l'histoire de cette période de la vie banyulencque. C'est avec tristesse que j'ai appris son décès, le 30 janvier 2003, loin de son cher Banyuls, à l'Île de la Réunion. Son souvenir demeure inaltérable pour moi, comme sans doute pour tous ceux avec lesquels il discutait en ville avec tant de gentillesse.

(4) Documents à la disposition de l'auteur

(5) Cf. Jean MONNET: Mémoires. Edit. Fayard (1976).

(6) Cf. Christiane RIMBAUD: Pinay. Edit. Perrin (1990); "L'Indépendant" du 21/12/1991.

 

Remarque complémentaire :

            Le 17 décembre 1953 s'ouvre à Versailles le Congrès afin d'élire le successeur de Vincent AURIOL à la présidence de la République. Huit candidats sont en présence: Marcel CACHIN pour le PCF, Edmond NAEGELEN pour la SFIO, Yvon DELBOS pour le parti Radical, Jacques MÉDECIN apparenté radical, Georges BIDAULT pour le MRP, Joseph LANIEL, Indépendant,  FOURCADE, Indépendant, KALB pour les gaullistes de l'URAS.

            Après 7 tours de scrutin sans résultat, les gaullistes souhaitent la candidature du général KOENIG (vainqueur de Bir Hakeim, compagnon de la Libération), ce que de GAULLE désapprouvera refusant toute caution aux institutions de la IV ème République.

            Lassés du spectacle affligeant que donne ce Congrès interminable à la satisfaction des gaullistes qui voit le "système se discréditer, on cherche toujours un candidat d'union.

            Au treisième tour, René COTY (Indépendant) est élu le 23 décembre par 477 voix contre son principal concurrent E. NARGELEN (329 voix); pour de non candidats: Louis JACQUINOT (autre Indépendant) 21 voix et divers 44 voix.

 

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