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Histoire électorale de Banyuls sur mer
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Claude Razouls-1

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27 août 2017

9 - Municipales des 19 et 26 octobre 1947

9 - Municipales des 19 et 26 octobre 1947

       

Deux listes sont constituées de 21 noms chacune.

1 - La "liste d'Union Socialiste et Républicaine", menée naturellement par le maire sortant Vincent AZÉMA, élu depuis 1935. Outre le maire, 15 autres colistiers appartiennent au Parti Socialiste ou sont des sympathisants,  plus 5 qui se réclament du parti radical.

2 - La "liste d'union Républicaine et Résistance de Défense des Intérêts de Banyuls", menée par Pierre DADIES, conseiller municipal sortant, plus 11 colistiers appartenant également au PCF, plus 5 sympathisants et 3 sans étiquette.

            La campagne départementale et locale est axée sur l'anti communisme. Mais pour des élections municipales, surtout dans les petites communes, le problème des hommes, leurs réputations, les rapports familiaux priment sur les préoccupations nationales et idéologiques.

         L'action et la connaissance de la "tête de liste" sont les facteurs essentiels, et si "l'étranger" peut être bien admis, il convient pour le postulant au mandat de maire d'être "enfant du pays". Militant politique ou non, il dispose des relations départementales politiques et administratives indispensables.

         Tout le débat municipal se focalise sur le candidat au poste de maire, plus que sur le programme lui-même, puisqu'il est admis que l'on ne peut que défendre la viticulture et améliorer les routes d'accès aux vignes.

 

Résultats  :

Inscrits            : 2092 (+ 99  depuis les municipales de 1945)

Abstentions     :   398 (19,02%)

Votants            : 1694 (80,98%)

Blancs             :     14 (  0,83%)

S.Exprimés      : 1680 (80,31%)

            Majorité  absolue :  841        

 

Remarques :

 

Tous les candidats de la liste socialiste et radicale l'emportent largement dès ce premier tour, dépassant la majorité absolue des suffrages exprimés.

            Le score le plus élevé est réalisé par Isidore PAYRO (viticulteur) avec 1197 voix, le plus faible est celui d' André MAILLOL avec 1118 voix.

Les conseillers sortants améliorent nettement leur résultat, à l'image de leur Maire qui gagne 353 voix par rapport à 1945, mais qui n'arrive qu'en 16 ème position (1149), précédé de peu par François MESTRES, adjoint sortant (1153).

            Paul RAMIO (Radical), adjoint sortant, fait un meilleur score (1187) et se trouve 4 ème de sa liste ( il était déjà 3 ème  en 1945 avec 772 voix).

            La liste conduite par le PCF n'atteint pas, tant s'en faut, la majorité. La moyenne de la liste est de 494 voix, le score le plus élevé est celui de Georges PAULI (522) (2), le plus faible celui de Marius ALABERT (467).

            On observe une faible dispersion autour de la moyenne de cette liste, ce qui confirme la nature très homogène de son électorat et mesure exactement les véritables forces communistes à Banyuls.

            Le PCF local ne retrouve pas, lors de ce type d'élection, les voix que ce parti avait obtenues lors des législatives. Même en considérant le meilleur score, la "perte" est de 122 voix, et de 150 par rapport à la moyenne.

            Le score de la liste AZÉMA dépasse le total obtenu aux législatives par la SFIO, les Radicaux, et le MRP (858 voix), puisque la moyenne de liste est de 1162 voix ( soit plus de 304 voix qui ne peuvent provenir que des abstentionnistes des législatives, plus des votants du PCF !)

            Naturellement, l'absence de liste de droite a profité aux vainqueurs, ce qui traduit le caractère moins politique de ce type d'élection, et le fait que nombre d' électeurs catholiques et conservateurs sont prêts à voter pour des hommes étiquetés politiquement à gauche et laïques.

            Dans quelle mesure, toutefois, les événements survenus dans le courant de l'année 1947 ont-ils contribué à cette unanimité pour la liste AZÉMA? Cette élection reflète parfaitement l'isolement du PCF (lié au départ des ministres communistes du gouvernement RAMADIER le 4 mai) et la substitution de la formule de "troisième force" (associant socialistes et radicaux au MRP) à celle du "tripartisme".

            Le RPF, créé en avril 1947 par De GAULLE (1), est très mal implanté dans le département, et plus encore à Banyuls.

 

            Le 26 octobre a lieu l'élection du maire et des adjoints.

Maire : Vincent AZÉMA = 20 voix (S.E = 21, blancs ou nuls = 1); 1 er adjoint : François MESTRES = 20 voix. 2 ème adjoint : Paul RAMIO = 20 voix.

Notes annexes :

(1) Sur la naissance du RPF, sa doctrine, son succès lors des municipales, on consultera l'ouvrage de J. DEBÛ-BRIDEL (op. cit., 1948). L'avant-guerre, la Résistance, la Libération et les débuts de la IV ème République y sont évoqués.

            Au plan national, il totalise lors des municipales près de 38,3% des S.E. ce qui est tout à fait exceptionnel pour un mouvement politique lancé seulement le 7 avril par le général DE GAULLE lors d'un discours à Strasbourg. Il compte rapidement près de 1 million d'adhérents.

            Fait significatif, ses voix proviennent de tous les partis: 1 200 000 au PCF, 1 100 000 à la SFIO, 3 150 000 au MRP, 2 600 000 aux Radicaux + UDSR, 2 500 000 aux Modérés Indépendants. Il n'est alors pas étonnant que ces résultats se traduisent  géographiquement. Si à Paris le RPF enlève à lui seul la majorité absolue au Conseil municipal (52 sur 90 conseillers), il en est de même dans la banlieue parisienne (la ceinture rouge) où seul le PCF résiste mieux. La province a également suivi: Marseille, Toulon, Alger où les listes sous l'égide du RPF écrasent celles du PCF et des autonomistes du M.N.A, à Lyon (pourtant fief d' Édouard HERRIOT), à Strasbourg, Lille, Le Havre, Rennes, Brest, Grenoble, Bordeaux et une ville ouvrière comme Saint-Étienne.

            A l'évidence, ce succès n'est pas qu'une simple coalition électorale de droite, même s'il apparaît que le MRP fait les frais de ce rassemblement.

            Il en ressort aussi que les élections municipales ne peuvent se réduire uniquement à la désignation d'administrateurs locaux, mais présente une valeur politique plus large.

            Pour le politologue André SIEGFRIED, cette élection traduirait, de la part des votants, une volonté de résistance au communisme et de renforcement de l'autorité gouvernementale.

            On pourrait également y voir les conséquences d'un certain nombre de scandales politico-financiers (une trentaine) entre 1946-47, résumés dans les fiches de propagande du RPF.

(2) Ancien sous-marinier, employé au Laboratoire Arago (3).

(3) Dénommé ainsi par le fondateur et premier directeur de l'actuel Observatoire océanologique de Banyuls Henri de LACAZE-DUTHIERS en l'honneur de François ARAGO (1786-1853), membre de l'Académie des Sciences. Ce dernier, enfant d'Estagel, scientifique de renommée mondiale et politique d'une grande lucidité fut député des Pyrénées-Orientales et de Paris, ministre de la Marine et des Colonies, chef de l'État en 1848. D'où les nombreux lieux publics dans le département et à Paris qui lui sont dédiés.

 

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