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Histoire électorale de Banyuls sur mer
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Claude Razouls-1

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28 août 2017

111 - Synthèse ( 1945 / 2002 ) - Les Partis politiques à Banyuls

Synthèse ( 1945 / 2002 )

 

10 - Les Partis politiques à Banyuls (tableau 2, figs.12) :

 

            Autant dire que les documents manquent totalement ou sont inaccessibles pour celui qui cherche à reconstituer dans le temps les organisations politiques ou syndicales à Banyuls. Naturellement les témoignages recueillis permettent d'avoir une vision plus ou moins précise selon les époques. Le problème qui se pose est de savoir quel peut être l'impact d'une structure politique locale sur les résultats électoraux. En d'autres termes dans quelle mesure les militants encartés ont-ils une action déterminante sur les résultats par rapport à l'information départementale ou nationale? Il n'est pas aisé de répondre à cette question, sauf à avancer, dans certains cas, des impressions plus que des certitudes. Les résultats électoraux peuvent parfois confirmer ou infirmer les rôles des facteurs évoqués.

            Au lendemain de l'Occupation à Banyuls, le Parti communiste français, sortant de la clandestinité et réintégré dans la vie nationale, constitue l'organisation la mieux structurée et la plus dynamique par recrutement des sympathisants les plus jeunes.

            Le Parti socialiste (SFIO), dont nombre des militants d'avant-guerre ont pris une part active, souvent discrète sinon spectaculaire à la Résistance, sont de nouveau au pouvoir local du fait de la réinstallation dans leurs fonctions des membres des Conseils municipaux élus en 1935.

            Le Parti radical n'est bien représenté qu'à Perpignan, et s'il conserve des adeptes à Banyuls, n'est pas réellement structuré.

            Le Mouvement républicain populaire (les démocrates chrétiens), important sur le plan national, disposant de l'appui du clergé, est très mal implanté dans le département et quasi inexistant à Banyuls.

            Les résultats électoraux des années 1945-1946 traduisent bien la situation politique locale, qui ne se distingue guère de celle du pays. A noter que l'innovation du vote des femmes pour la première fois en France ne modifiera en rien les résultats par rapport aux élections d'avant-guerre, sinon de doubler le nombre des inscrits.

            Les municipales de 1945 montrent que PCF+PS approchent la majorité (S.E.: 49,34 %), mais l'on ne peut dire que les 47,12 % de la liste adverse constituent un bloc homogène. Les Cantonales puis les Constituantes qui suivent permettent de mesurer les forces politiques en présence, comme les "noyaux durs" des partis.

            De 1945 à 1949 trois partis dominent à Banyuls: le PCF (28,7 % des inscrits et 39,35 % des S.E), le Parti socialiste (SFIO) (25,85 % des inscrits et 38,67 % des S.E)., dans une moindre mesure les Radicaux (11,59 % des inscrits et 16,6 % des S.E.) et le MRP (9,79 % des inscrits et 12,76 % des S.E).

            En 1951 les événements historiques internationaux ("guerre froide") et nationaux (grèves, Indochine) se répercutent nettement au niveau des scores des divers partis:

            Le PCF perd des voix (23,3 % des inscrits et 31,49 % des S.E), mais conserve un député: André Tourné.

            La situation au sein de la Fédération départementale du Parti Socialiste SFIO va se clarifier après une longue période de querelle fratricide (depuis les législatives de 1946) qui opposa le vieux leader Louis Noguères à son fringant second Arthur Conte. La loi  sur les apparentements (que d'aucuns considèreront comme iniques), jouant le rôle de primaire, donnera l'avantage aux "dissidents" sur les "orthodoxes" (par 31,55 % S.E. contre 4,84 % à Banyuls, et 15,06 S.E. contre 9,86 % au plan départemental). Au delà des querelles personnelles, il faut y voir de la part de certains élus de la SFIO (sous la conduite d'Arthur Conte) une rupture vis-à-vis de la doctrine de leur Parti par l'adoption de positions plus social-démocrates que d'inspiration marxiste. Occupant ainsi le terrain du centre gauche, les accords politiques avec les Radicaux en seront ainsi facilités, mais ne permettront pas à ces derniers de dominer dans le département, sinon de conserver quelques bastions.

            Ainsi le Parti Radical, affaibli en 1945-46,  va connaître son heure de gloire dans le canton d'Argelès-sur-mer, et à Banyuls, entre 1953 et 1961, du fait des personnalités de Gaston Pams et du Dr. André Parcé (moyenne: 36,77 % des inscrits et 54,47 % des S.E). Triomphant lors des cantonales et municipales, puis aux sénatoriales, les élus radicaux remplacent les élus socialistes.

            Le score socialiste relativement médiocre à Banyuls (moyenne: 16,70 % des inscrits et 24 % de S.E.) est naturellement dû à la force du centre gauche et à la distanciation entre les militants socialistes de Banyuls et les dirigeants de la Fédération départementale.

            Le MRP ne fait que de timides apparitions, et uniquement lors des élections législatives, avec des scores des plus modestes (moyenne: 8,98 % des inscrits et 11,20 % des S.E.).

            Le RPF (gaullistes) fait une intrusion timide à Banyuls (contrairement à l'échelon national) et recrute sa clientèle au MRP comme le montre le calcul lors de la législative de 1951: MRP = 2,55 % des inscrits et 3,44 % des S.E.; RPF = 6,28 % de inscrits et 8,47 % des S.E. (Somme = 8,83 et 11,91, comparable antérieurement au MRP seul)

            Les législatives de 1958 ne reflètent pas à Banyuls (comme pour le département) le séisme national "gaullien".

Le PCF perd des électeurs (13,18 % des inscrits et 16,77 % des S.E.), tandis que Paul Alduy (député SFIO sortant, mais en délicatesse avec les instances nationales de son Parti) se présente sous l'étiquette UDS (Union des démocrates et socialistes) et réalise 24,03 % des inscrits et 30,28 % des S.E., récupérant au second tour des électeurs d'horizons divers, voire "gaullistes", en raison de ses prises de position en faveur du référendum constitutionnel.

De ce fait l'UNR a du mal à s'implanter à Banyuls, situation encore aggravée par les fortes personnalités radicales, mais consensuelles de son maire et de celui d'Argelès-sur-mer.

Les présidentielles de 1965 auront comme conséquence (hormis l'élection de De Gaulle) de bipolariser artificiellement plus nettement qu'auparavant la vie politique française entre la gauche et la droite, mais d'affermir le parti du Président (essentiellement l'UNR). A Banyuls cela conduira à la disparition du Parti radical.

Les résultats de 1967 sont éclairants à cet égard: une partie des socialistes "purs et durs" se reportent sur le candidat du PCF (6,87 % des inscrits et 7,62 % des S.E.), le reste des socialistes demeurant fidèle à la "tendance Alduy" (9,8 % des inscrits et 16,4 % des S.E) qui récupère une fraction des radicaux (14,7 % des inscrits et 17,9 % des S.E.).

Ainsi l'UNR obtient 18,1 % des inscrits et 24,7 % des S.E., qui semblent bien d'anciens votants du Parti radical (ou plus exactement pour des candidats radicaux, mais Jacques Chaban-Delmas ou Michel DEBRÉ, comme Edgar FAURE, n'ont-ils pas appartenu à cette famille politique?); la différence 35,5 - 14,7 = 20,8 % des inscrits et 47,4 - 24,7 = 22,9 % des S.E., d'où un écart minime de -2,7 % des inscrits et -1,8 % des S.E. par rapport aux nombres ci-dessus.

Entre 1958 et 1969 le PCF totalise 16,8 % des inscrits et 26,1 % des S.E., l'UDS (ALDUYl)19,9 % des inscrits et 30,8 % de S.E. et l'UNR-UDR (gaullistes)19,4 % des inscrits et 26,9 % des S.E.

Après les événements de 1968 (crise de mai-juin), mais aussi l'apparition de nouveaux électeurs de l'après-guerre et l'abandon du pouvoir par de GAULLE en 1969, plusieurs éléments interviennent: vote pour des partis d'extrême gauche (Lutte Ouvrière, Ligue communiste révolutionnaire) et le PSU, de l'ordre de 2 à 4 %; déclin du PCF très perceptible à partir de 1978; recentrage à gauche du PS suite à la réunification des divers courants socialistes (Congrès d'Epinay en juin 1971) qui se manifeste lors des présidentielles de 1974, où Mitterrand reçoit un soutien actif de Paul ALDUY, et donc l'apport des voix de l'UGSD (Union de la gauche social-démocrate).

Les voix socialistes qui se portaient aisément sur les candidats du PCF rejoignent le nouveau PS. Ainsi de 1974 à 1981 ce dernier parti obtient 23,8 % des inscrits et 32,6 % des S.E., mais ce score qui rappelle celui des années 1946-49, est obtenu grâce à l'apport d'anciens électeurs du PCF (en faible partie), d'anciens radicaux (en grande partie) et de jeunes électeurs.

L'URDS de Paul ALDUY, devenue l'une des composantes de l'UDF (suite à son refus d'appliquer les règles de l'union de la gauche, notamment pour les municipales, mais que l'on tolérera pour Gaston DEFFERRE !)  va décliner, malgré le renfort des partis libéraux et gaullistes (mais pas tous), jusqu'à la perte de son siège de député en 1981 au bénéfice de la candidate du PS (Mme Renée SOUM).

À droite, Georges POMPIDOU maintient le temps de son mandat de 1969 à 1974 (interrompu par son décès) une unité qui éclatera lors des présidentielles de 1974.

La gauche est majoritaire à Banyuls: 51,05 % des inscrits et 61,09 % des S.E, contre 31,92 % de inscrits et 38,5 % des S.E. pour la droite libérale.

La composante UDF de la majorité domine à Banyuls comme le montre l'élection européenne de 1979 (12,0 % des inscrits et 23,3 % des S.E pour l'UDF, contre 8,1 % des inscrits et 15,6 % des S.E. au RPR).

En 1981, malgré une progression des deux formations de la majorité (34,95 % des inscrits et 42 % des S.E), les présidentielles sont perdues au profit de la gauche (48,28 % des inscrits et 58 % des S.E.), bien que celle-ci fasse moins bien qu'en 1974.

La disparition du leader de l'UDF (Valéry Giscard d'Estaing) de la scène politique va cristalliser l'électorat libéral sur les candidats du RPR (Jacques Chirac) aux diverses élections (municipales, cantonales, et aux législatives de 1986) avec un réel succès. Cette formation considérée comme un rempart à la gauche "socialo-communiste" (comme ils le disent eux-mêmes) perdra de nouveau "l'élection clé" des présidentielles de 1988, bien que majoritaire … arithmétiquement: 41,4 % des inscrits et 52,16 % des S.E., contre 37,98 % des inscrits et 47,84 % des S.E., écologistes inclus dans le calcul de la gauche. La progression du FN (Jean-Marie Le Pen) n'y étant pas étrangère.

Les législatives suivantes sont perdues par la droite malgré un report important des voix du FN et un accroissement du pourcentage des inscrits au second tour (+ 4,95 %).

La période de 1984-1989 se caractérise par des faits politiques originaux et nouveaux qui prennent de plus en plus d'importance : l'apparition d'un mouvement écologiste en progression régulière depuis 1984 (1,84 % à 4,41 % des inscrits) et celle d'un parti d'extrême droite apparu aussi en 1984, mobilisant de 7 à 12 % des inscrits, nombre à première vue tout à fait étonnant pour Banyuls, et qui marque bien l'influence nationale sur le local. Le PCF connaît une chute spectaculaire, ne parvenant à mobiliser que de 4 à 10 % des inscrits, traduisant sans doute le vieillissement d'une génération de militants, voire leur disparition.

En dehors des faits politiques, cette période se caractérise par l'apparition d'une nouvelle génération de votants (G4, la 2 ème de l'après-guerre) née à partir de 1968 (l'âge de la majorité ayant été abaissée depuis 1975 à 18 ans), et un fort accroissement des inscrits ente 1984-1985 dû aussi à une immigration extérieure provenant d'une augmentation des résidences secondaires.

Les résultats, toutes élections confondues (à l'exception des municipales et cantonales), pour les périodes qui s'étendent de 1989 à 1997 puis de 1998 à 2002 permettent de faire les observations suivantes:

1/ L'extrême gauche (L.O. et L.C.R.) apparaît nettement sur la scène politique locale. Elle représente 1,48 % des inscrits et 2,16 % des suffrages exprimés (1989-1997), progressant par la suite avec 3,29 % des inscrits et 5,05 % des suffrages exprimés; les variances sont élevées traduisant les différences selon le type d'élection.

2/ La décroissance du PCF ne fait que confirmer ce qui était déjà amorcé précédemment (5,15 % des inscrits de 1989 à 1997, et 3,41 % des inscrits de 1998 à 2002). La variance est faible traduisant le fait que toutes les élections sont concernées. En suffrages exprimés, les scores suivent la même évolution (7,75 % et 5,74 % respectivement pour les deux phases de la période). Sans doute dû à un transfert de certains électeurs communistes vers l'extrême gauche, cela est probable si l'on se base sur le cumul des voix des deux formations politiques.

3/ Le PS, associé le plus souvent aux radicaux de gauche, ne représente plus que 12,76 % des inscrits (1989-1997) et 14,52 % (1998-2002). En suffrages exprimés on obtient 19,22 % (1989-1997) et 24,04 % (1998-2002). Les variances  y sont aussi plus fortes, traduisant une dispersion de "l'électorat socialiste" selon le type d'élection (1).

L'effet personnalité est observable pour le mouvement radical de gauche en 1994 avec 13,45 % S.E. (effet "Tapie"), et plus modestement en 2002 avec 1,92 % des S.E (effet "Taubira")

4/ Les écologistes de gauche (Les Verts) progressent lentement de 1,39 % des inscrits et 1,93 % des suffrages exprimés (1989-1997) à 2,75 % des inscrits et 4,55 % des S.E. (1998-2002). Les variances sont faibles, traduisant l'existence d'un électorat fidèle.

5/ Les écologistes indépendants, d'importance relative dans la première période (1989-1997) avec 4,21 % des inscrits et 5,84 % des S.E. (avec une variance forte), semblent en régression dans la période 1998-2002 avec 1,02 % des inscrits et 1,62 % des S.E. (avec une variance faible). Il paraît difficile de déterminer la destination des voix de ces électeurs.

6/ Le Mouvement Chasse-Pêche-Nature et Traditions fait une entrée remarquable sur la scène politique. Timide au départ du mouvement avec 2,19 % des inscrits et 3,91 % des S.E (1989-1997), il progresse plus nettement au cours de la période 1998-2002 avec 4,28 % des inscrits et 7,62 % des S.E. Les variances sont faibles, ce qui traduit la fidélisation de cet électorat en réaction aux décisions européennes.

7/ Les centristes, lorsqu'ils sont autonomes, représentent 2,92 % des inscrits et 5,92 % des S.E (1989-1997) et sont en progression dans la période 1998-2002 avec 4,26 % des inscrits et 7,28 % des S.E.

8/ L'association RPR-UDF (ou désormais UMP) obtient des résultats différents selon les deux périodes: forts en 1989-1997 avec 28,49 % des inscrits et 42,93 % des S.E., faibles en 1998-2002 avec 14,47 % des inscrits et 23,47 % des S.E. Les variances sont élevées traduisant une instabilité de son électorat. Cette hétérogénéité est due aux centristes et aux électeurs de la fraction De Villiers-Pasqua. Ainsi le score de J. CHIRAC lors de la présidentielle de 2002 (18,09 % des S.E.) est bien en recul par rapport à celui de 1995 (23,91 % des S.E.)

9/ Le "RPF" (et/ou MPF) de De Villiers-Pasqua, peu présent aux différentes élections, obtient des scores en 1989-1997 de 3,67 % des inscrits et 6,25 % des S.E., en 1998-2002 de 4,31 % des inscrits et 8,58 % des S.E. Les variances sont élevées traduisant l'instabilité de cet électorat selon le type d'élection.

10/ Le FN ne progresse pas depuis ses scores de la période antérieure (1984-1989). On constate qu'il représente 7,93 % des inscrits et 12,1 % des S.E. en 1989-1997, 7,81 % des inscrits et 11,98 % des S.E. en 1998-2002. Les variances sont élevées traduisant une fidélisation relative selon le type d'élection.

11/ L'extrême droite représentée aussi par le MNR de B. MÉGRET, depuis la scission au sein du FN, a obtenu (pour trois élections) 1,09 % des inscrits et 1,88 % des S.E. Comme il ressort de ces nombres la tentative par MÉGRET d'affaiblir LE PEN, et de s'emparer d'une large fraction du FN, a totalement échoué. Ce fait aura une conséquence lors de la présidentielle de 2002.

 

Au total la gauche  qui représentait en 1945-46 à Banyuls 92,67 % des S.E  (pour les seuls trois partis communiste, socialiste et radicaux), avec l'appoint des Verts du MDC et des radicaux de gauche ne représente plus en 2002 que 41,41 % (l'extrême gauche très radicalisée exclue de ce calcul, soit 6,92 %). La droite non socialiste au lendemain de l'Occupation obtenait 10,96 % des S.E, en 2002 25,25 % des S.E; l'extrême droite totalisait 15,54 % des S.E. Les scores des écologistes indépendants (1,27 %) et du mouvement CPNT (6,27 %)  se situent hors des deux grands clivages traditionnels.

 

Note annexe :

Cf. Annie PHILIPPE et Daniel HUBSCHER: Enquête à l'intérieur du Parti Socialiste. Edit. Albin Michel (1991).

G

Tableau 2:  pourcentages (en suffrages exprimés) obtenus par les partis politiques à Banyuls -sur-Mer.

H Fig.12: Evolution des partis à Banyuls de 1945 à 2002.

In graphique 2002: MNTP: lire CPNT

 

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